LUIS TATO / AFP
Nairobi, Kenya | AFP | jeudi 27/06/2024 - Quelques centaines de personnes se sont réunies dans la capitale kenyane Nairobi pour une nouvelle manifestation clairsemée, au lendemain du retrait du projet de budget qui a fait descendre dans la rue la jeunesse et tourné au bain de sang mardi, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Mercredi, le président William Ruto avait cédé aux demandes des jeunes manifestants et retiré l'impopulaire projet de budget qui prévoyait de nombreuses taxes.
Des policiers, déployés en nombre dans le centre-ville de Nairobi, épicentre des violences de mardi, ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur de petits groupes de manifestants qui ont lancé des pierres. Au moins sept personnes ont été arrêtées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des policiers en tenue anti-émeute ont également bloqué jeudi l'accès aux routes menant au palais présidentiel et au Parlement.
Des manifestations avaient également lieu dans des fiefs de l'opposition de Mombasa (est) et Kisumu (ouest), rassemblant plusieurs centaines de personnes.
Mardi, après deux premières journées de mobilisation sans heurts majeurs pour protester contre de nouvelles taxes prévue par M. Ruto dans son projet de budget 2024-25, d'abord sur le pain puis sur les carburants, la manifestation à Nairobi a dégénéré aux abords du Parlement. Certains bâtiments ont été incendiés et saccagés et la foule durement réprimée.
La police a, selon plusieurs ONG, tiré à balles réelles pour contenir les manifestants qui ont forcé les barrages de sécurité pour pénétrer dans le complexe de l'Assemblée nationale et du Sénat, une attaque inédite dans l'histoire du Kenya indépendant depuis 1963.
Le bilan de la journée est de 22 personnes tuées, dont 19 à Nairobi, et plus de 300 blessées, a indiqué l'organe kényan de protection des droits humains (KNHRC).
- "Effrayant" -
Ces scènes de violences meurtrières ont dissuadé certains de descendre à nouveau dans les rues.
"Cela paraît effrayant dehors", a déclaré Margaret, 26 ans, qui a préféré taire son nom de famille, poursuivant qu'elle ne sortirait pas de chez elle alors qu'elle a participé aux trois précédentes journées d'action. "Les militaires sont sortis en grand nombre", dit-elle.
La mobilisation "est moindre que celle de mardi parce que les gens craignent pour leur vie. Ruto ne se soucie pas de la vie des gens", lâche Cephas, 24 ans, étudiant en journalisme, qui n'a pas non plus donné son nom de famille et a participé aux précédents rassemblements.
Selon des journalistes de l'AFP, la plupart des manifestants présents jeudi étaient des hommes.
Au delà du projet de budget, le mouvement de contestation s'est transformé en une dénonciation plus large de la politique de William Ruto, élu en 2022 avec la promesse de favoriser la redistribution aux classes populaires.
Mercredi, une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, avait appelé à manifester à nouveau jeudi lors d'une marche blanche "pacifique" à la mémoire des victimes.
Quelques heures plus tard, William Ruto, qui avait la veille affirmé vouloir réprimer fermement "la violence et l'anarchie", a finalement annoncé le retrait du projet de budget, et dit vouloir une concertation nationale avec la jeunesse.
Une annonce aussitôt qualifiée d'"opération de com" par Hanifa Adan, et accueillie avec méfiance par nombre de manifestants, comme Lucky, 27 ans, présent dans le centre-ville de Nairobi depuis 09H00 et qui assure ne pas "faire confiance à Ruto", convaincu que "cette loi passera d'une manière ou d'une autre".
- Endettement -
Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé mercredi que les responsabilités soient "clairement" établies après la mort des manifestants.
Le gouvernement justifie les nouvelles taxes par le poids de la dette: "Comment gérer ensemble notre situation d'endettement ?", a interrogé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget. Selon lui, il manque de l'argent en particulier pour financemer des programmes pour les agriculteurs et les enseignants.
La dette publique du Kenya s'élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d'euros), soit environ 70% du PIB. Le budget 2024-25 prévoyait sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses, un record.
Mercredi, le président William Ruto avait cédé aux demandes des jeunes manifestants et retiré l'impopulaire projet de budget qui prévoyait de nombreuses taxes.
Des policiers, déployés en nombre dans le centre-ville de Nairobi, épicentre des violences de mardi, ont tiré des balles en caoutchouc et des gaz lacrymogènes sur de petits groupes de manifestants qui ont lancé des pierres. Au moins sept personnes ont été arrêtées, ont constaté des journalistes de l'AFP.
Des policiers en tenue anti-émeute ont également bloqué jeudi l'accès aux routes menant au palais présidentiel et au Parlement.
Des manifestations avaient également lieu dans des fiefs de l'opposition de Mombasa (est) et Kisumu (ouest), rassemblant plusieurs centaines de personnes.
Mardi, après deux premières journées de mobilisation sans heurts majeurs pour protester contre de nouvelles taxes prévue par M. Ruto dans son projet de budget 2024-25, d'abord sur le pain puis sur les carburants, la manifestation à Nairobi a dégénéré aux abords du Parlement. Certains bâtiments ont été incendiés et saccagés et la foule durement réprimée.
La police a, selon plusieurs ONG, tiré à balles réelles pour contenir les manifestants qui ont forcé les barrages de sécurité pour pénétrer dans le complexe de l'Assemblée nationale et du Sénat, une attaque inédite dans l'histoire du Kenya indépendant depuis 1963.
Le bilan de la journée est de 22 personnes tuées, dont 19 à Nairobi, et plus de 300 blessées, a indiqué l'organe kényan de protection des droits humains (KNHRC).
- "Effrayant" -
Ces scènes de violences meurtrières ont dissuadé certains de descendre à nouveau dans les rues.
"Cela paraît effrayant dehors", a déclaré Margaret, 26 ans, qui a préféré taire son nom de famille, poursuivant qu'elle ne sortirait pas de chez elle alors qu'elle a participé aux trois précédentes journées d'action. "Les militaires sont sortis en grand nombre", dit-elle.
La mobilisation "est moindre que celle de mardi parce que les gens craignent pour leur vie. Ruto ne se soucie pas de la vie des gens", lâche Cephas, 24 ans, étudiant en journalisme, qui n'a pas non plus donné son nom de famille et a participé aux précédents rassemblements.
Selon des journalistes de l'AFP, la plupart des manifestants présents jeudi étaient des hommes.
Au delà du projet de budget, le mouvement de contestation s'est transformé en une dénonciation plus large de la politique de William Ruto, élu en 2022 avec la promesse de favoriser la redistribution aux classes populaires.
Mercredi, une figure du mouvement de contestation, la journaliste et militante Hanifa Adan, avait appelé à manifester à nouveau jeudi lors d'une marche blanche "pacifique" à la mémoire des victimes.
Quelques heures plus tard, William Ruto, qui avait la veille affirmé vouloir réprimer fermement "la violence et l'anarchie", a finalement annoncé le retrait du projet de budget, et dit vouloir une concertation nationale avec la jeunesse.
Une annonce aussitôt qualifiée d'"opération de com" par Hanifa Adan, et accueillie avec méfiance par nombre de manifestants, comme Lucky, 27 ans, présent dans le centre-ville de Nairobi depuis 09H00 et qui assure ne pas "faire confiance à Ruto", convaincu que "cette loi passera d'une manière ou d'une autre".
- Endettement -
Le porte-parole du secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres a réclamé mercredi que les responsabilités soient "clairement" établies après la mort des manifestants.
Le gouvernement justifie les nouvelles taxes par le poids de la dette: "Comment gérer ensemble notre situation d'endettement ?", a interrogé William Ruto après avoir capitulé sur le projet de budget. Selon lui, il manque de l'argent en particulier pour financemer des programmes pour les agriculteurs et les enseignants.
La dette publique du Kenya s'élève à environ 10.000 milliards de shillings (71 milliards d'euros), soit environ 70% du PIB. Le budget 2024-25 prévoyait sur 4.000 milliards de shillings (29 milliards d'euros) de dépenses, un record.