Mana Ito souffle un vent de renouveau sur le gaz


Tahiti, le 18 octobre 2024 - Quatre ans de travaux et 4,4 milliards de francs d’investissements ont permis de voir la société Mana Ito s’implanter à Hitia’a. Depuis vendredi, elle distribue des bouteilles de gaz butane, d’un nouveau genre, et surtout moins chères.
 
Plus légères, moins chères, les bouteilles Mana Gaz arrivent enfin sur le marché. À l’initiative de l’entreprise Mana Ito, qui vient de sortir de terre sous l’impulsion de l’entrepreneur Albert Moux, le butane est conditionné dans des bonbonnes beaucoup moins lourdes et surtout moins chères que ce qui se fait jusqu’à présent sur le marché.
 
C’est le nouvel avantage pour les particuliers. Mais c’est surtout chez les professionnels que la révolution a été annoncée vendredi. Une révolution qui va se mettre en place à mesure que Mana Ito recevra ses derniers moyens de livraison manquants. Ce qui ne saurait être long.
 
Patrick Moux a annoncé la couleur vendredi. Pour les professionnels, fini la cuve en location tous les mois. Avec Mana Gaz, cette cuve sera fournie et installée gratuitement. Autre révolution dans le domaine, toujours pour les entreprises, c’est que le butane sera vendu au prix plafonné de 248 francs le kilo, là où son concurrent le vendait cette semaine encore jusque 408 francs le kilo à Moorea. Enfin, la livraison sera gratuite.
 
La baisse des prix, tant sur les consignes que sur les prix au kilo sera visible dans tous les secteurs. De la cuve de six tonnes à la petite bonbonne de cinq kilos.
 
Dans tous les autres secteurs, Mana Gaz fait baisser les prix avec des innovations sur la fixation ou encore sur le poids de ses bouteilles. En effet, conçues en matériau en composite, les bonbonnes Mana Gaz sont moins lourdes, et ne risquent pas d’exploser si elles sont prises dans un incendie, contrairement aux bouteilles en acier.

Une histoire à 1 franc

Le gaz et la famille Moux, ce n’est pas une première. “J’ai commencé en 1984 chez Polygaz”, rappelait Albert Moux vendredi matin lors de la présentation. “J’étais actionnaire, mais nous avons eu des désaccords et nous avons cédé nos parts pour 1 franc symbolique.”
 
Ce franc, que Nina Moux s’est fait remettre à l’époque, trône aujourd’hui à l’entrée de l’usine de conditionnement du gaz, comme un symbole.
 
“Depuis 2006, on cherchait un terrain”, rappelle Albert Moux. “Le début de l’aventure, c’était en 2020. On l’a trouvé à Hitia’a. On a tout viabilisé. On a fait venir la cuve, construit une route, construit un quai de déchargement. Nous avons tout mis aux normes. Il fallait avoir une énorme envie.”
 
Le site, en plus d’avoir des caractéristiques de sécurité de haut niveau, est aussi soucieux de l’environnement dans son implantation. “On est parti de rien”, souligne Albert Moux. “Et 19 mois après, on sort les premières bouteilles. C’est un exploit.”
 
Prochaine innovation pour Albert Moux et son groupe : l’inauguration de Mana Solar. La ferme solaire est implantée à Mataiea et entrera en service le 28 novembre prochain.

Les tarifs
 
Pour les industries : Mana Gaz met à disposition les cuves de gaz gratuitement. Le prix du gaz au kilo sera de 248 francs. 
Mana 50 kg : Livraison gratuite, mise à disposition gratuite de la consigne, 9 400 francs le produit, soit 180 francs le kilo. 
Mana 15 kg : consigne à 10 000 francs. 3 268 francs le produit. 
Mana 12 kg : consigne à 3 000 francs. 2 476 francs le produit soit 206 francs le kilo. 
Mana 6 kg : consigne à 2 000 francs. 1 238 francs le produit, soit 206 francs le kilo.

Patrick Moux : “C’est le prix qui nous guide”
 
Des prix compétitifs, c’était ça la surprise que vous réserviez lors de cette inauguration ?
“Il y a les prix, et il y a aussi la bouteille. Elle est en composite pour tous, on est les premiers à le faire, et en butane. Les prix sont concurrentiels, mais là où ça va être le plus violent, c’est pour les professionnels. On va leur apporter le butane à la place du propane où il y avait des marges à 60%. On peut faire du business, on peut gagner notre vie… mais 60% de marge, ça fait beaucoup.”
 
Une grande avancée, ce sont les cuves gratuites pour les professionnels.
“Oui, je m’adresse à eux. Demandez à Gaz de Tahiti de vous faire les cuves gratuites. Changez aussi vos détendeurs. Les modifications sont faciles à faire et passez tout en butane.”
 
Gaz de Tahiti vendait des bouteilles propane parce que les prix ne sont pas réglementés ?
“Tout à fait. On oblige à ne pas mettre le butane au-dessus d’un certain prix. Donc, il n’y a plus de marge, ou elles sont réduites.”
 
Vous disiez que le système actuel autour du gaz est stalinien.
“Quand on est en position de force, et qu’on oblige à prendre un produit… On vous expliquait, ‘Je vends du butane, je vends du propane, mais je vous oblige à acheter du propane’. Imaginez que dans la téléphonie, on fasse pareil. Qu’on oblige à acheter des téléphones X plutôt que des Y, parce qu’on fait plus de marge. […] Je ne fais que dire des faits, et dire ce qui ne va pas. Les professionnels, bientôt on sera prêt, et si vous avez un souci de gaz, on sera là.”
 
Pendant la présentation, vous parliez de rationnement du gaz par votre concurrent.
“Pourquoi Gaz de Tahiti rationne les bouteilles, je ne comprends pas. Avec Mana Gaz, les Polynésiens auront tous leurs bonbonnes en composite. Et elles ne seront pas rationnées. Tout le monde en aura une.”
 
Pourquoi la commercialisation à Moorea, ne débute-t-elle que l’année prochaine ?
“On a un problème de logistique. Nos camions qui devaient arriver ne sont pas encore là donc on a dû faire avec beaucoup moins de moyens. Malgré ça, on a réussi à livrer sur Tahiti. Je voudrais bien livrer Moorea tout de suite, mais on ne peut pas. Ce n’est pas qu’on ne veut pas, c’est qu’on a un souci de transport.”
 
Trouve-t-on les bouteilles Mana Gaz dans toutes les stations à Tahiti ?
“Il y en aura dans les stations Shell et Total pour l’instant. J’ai envoyé un courrier aux stations Mobil, je n’ai pas encore eu de retour. […] Je demande à Mobil, qui est le même actionnaire que Gaz de Tahiti, d’être raisonnable, de ne pas prendre la population en otage.”
 
Le ministre de l’Économie, Warren Dexter, a annoncé que le Pays sera vigilant pour que cette concurrence ne devienne pas “une concurrence de prédation” pour prendre le monopole à votre tour. Que lui répondez-vous ?
“Il faut que la concurrence soit durable. On se doit de mettre le juste prix. C’est le prix qui nous guide.”
 
Vous êtes moins cher que vos concurrents. Gagnez-vous quand même de l’argent ?
“Oui. Ce n’est pas le Nirvana, mais on est rentable. On fera le point dans un an.”
 
Propos recueillis par Vaite Urarii Pambrun

Sébastien Millot : “Un haut standard de sécurité”
Directeur général de Mana Ito
 
Aujourd’hui, c’est l’aboutissement de quatre ans de projet.
“Oui, quatre ans de travail non-stop avec une équipe très soudée. Désormais, nous sommes un site capable de recevoir des navires de gaz en toute sécurité, capable de stocker du gaz en toute sécurité, capable de remplir tout type de bouteille, dont la fameuse bouteille 12 kg en composite. C’est le début d’une longue aventure dorénavant parce que ces sites-là sont faits pour durer très longtemps. On a formé du personnel de Hitia’a. La partie technique pouvait paraître impressionnante, mais socialement, on a pris des gens de Hitia’a. On a formé ces gars. Ils sont à l’aise sur la chaine de remplissage. C’est une vraie fierté d’avoir réussi à concilier les deux aujourd’hui.”
 
Le site est entièrement sécurisé.
“Oui, on a mis toutes les garanties nécessaires pour assurer la sécurité de l’exploitation. On a une cuve entièrement protégée par un talus sécurisé, mais pas seulement : On a une série de tuyauterie avec des vannes de sécurité automatiques. On a des détections de gaz et des détections de flammes dans tout le site. Le principe, il est simple. Détection, action, mise en sécurité sans action humaine. Les hommes interviennent après, une fois que le site s’est mis en sécurité tout seul. C’est un haut standard de sécurité qu’on a mis en place.”
 
La sécurité aussi pour les particuliers, avec une bouteille qui n’explose pas.
“Cette bouteille de gaz, elle est légère, elle est sympa, elle est design. Et effectivement, c’est une bouteille qui, en cas d’incendie, brûle mais n’explose pas. C’est une évolution par rapport à la bouteille métallique qui n’apporte pas la même sécurité que les bouteilles en composite.”
 
Comment se passe le ravitaillement ? Le gazier est arrivé. À son départ, le remorqueur Auto Nui 2 a heurté un haut-fonds de retour vers Papeete. Il n’est plus en fonction. Cela met-il vos prochaines livraisons en péril ?
“Absolument pas. Le prochain gazier arrivera bien plus tard, en 2025. Nous avons fait en sorte de déranger le moins possible la population. Nous avons une grosse capacité de stockage qui nous permet de tenir plusieurs mois, sans trop d’efforts. La réparation du Aito Nui 2 est un délai qui nous paraît complètement compatible avec la prochaine livraison.”
 
Propos recueillis par Bertrand Prévost


Rédigé par Bertrand PREVOST le Vendredi 18 Octobre 2024 à 18:37 | Lu 11012 fois