Makatea : la mine sinon rien pour Julien Mai


Philip Christensen, directeur de projet pour la société Avenir Makatea.
PAPEETE, vendredi 18 janvier 2013. Volonté de transparence et opération séduction pour la SAS Avenir Makatea. Cette société à capitaux australiens a pour projet de mener une exploration minière avec l’objectif, si le filon est bon, d’une exploitation du phosphate à Makatea et uniquement à Makatea. Cette activité avait été abandonnée par la CFPO (compagnie française des phosphates de l’Océanie) en 1966. Alors que l’enquête d’utilité publique se poursuit jusqu’au 14 février, le directeur de projet, l’australien Philip Christensen, est allé à la rencontre de certains propriétaires terriens, hier jeudi soir à Faa’a. Il a ensuite accueilli la presse locale ce vendredi matin. Certains habitants ou propriétaires de Makatea ne sont, en effet, pas encore convaincus par ce nouvel avenir minier, alors que le passé a laissé les deux tiers du paysage de l’île truffé de trous aux endroits où le phosphate meuble a été ramassé à la pelle durant 60 ans.


En «ra’atira» enthousiaste, le maire Julien Mai, n’hésite pas à raconter une fable
: «je me plais à philosopher l’histoire de cette île» reconnaît-il lui-même, pour introduire «cette opportunité pour mon île», plongée depuis 47 ans dans un «état comateux». Pour Julien Mai, la seule façon de refermer cette histoire minière traumatique est de finir ce qui a été commencé, en extrayant de la roche le phosphate résiduel sur les sites exploités précédemment, jusqu’à une réhabilitation complète. Ce qu'il disait déjà en octobre dernier à Tahiti Infos qui l'avait interrogé sur ces projets miniers. Vaincre le mal par le mal.

L’approche du directeur de projet australien est nettement moins fleurie. Philip Christensen, rappelle surtout qu’il ne s’agit, pour l’heure, que d’une EXPLORATION, qui sera menée, sur deux parcelles précises, juste par des prélèvements sur les parois. Si le phosphate résiduel n’est pas en quantité (ou en qualité) suffisante pour une EXPLOITATION minière, la SAS Avenir Makatea, remballera ses projets et ses investissements. En revanche, si les études sont positives, la société fera la demande d’un permis d’exploiter non seulement le phosphate, mais aussi «les matériaux aptes à la fabrication de granulats». Car pour atteindre le phosphate captif de la roche, il va falloir concasser. Une aubaine supplémentaire pour la société : la Polynésie française est justement en pénurie de ce matériau de construction. La réhabilitation des sites miniers (environ 850 hectares) est également mise en avant, car c’est ainsi que les propriétaires terriens seront rétribués pour avoir mis leurs parcelles à disposition, même si cette réhabilitation est une obligation légale.
Le mode opératoire de cette remise en état reste évasif, puisque les granulats qui auraient pu boucher les trous auront été exploités commercialement. Enfin, reste à identifier les propriétaires terriens de Makatea : ils étaient 1200 à l’origine de la CFPO. Combien sont-ils aujourd’hui avec des titres de propriété valides ? «Si l’exploitation peut se faire, on va bosser pour la reconnaissance des titres de propriétés avec les ayant-droits, car les propriétaires seront partie prenante du projet» conclut Julien Mai.

Julien Mai, maire délégué de Makatea était présent pour cette conférence de presse qui se déroulait dans la salle de réunion duSIVMTG (Syndicat intercommunal à vocation multiple des Tuamotu-Gambier).

REPONSES A TOUT

Décidément soucieuse de répondre à toutes les interrogations et attaques sur ce projet, la SAS Avenir Makatea a édité une plaquette avec les 20 questions les plus fréquentes sur le projet.

Pour ce qui est de la protection de l'environnement
, il est inscrit : "l'environnement est une considération prioritaire à la fois dans l'exploration et l'exploitation du potentiel minier. Avenir Makatea financera des études environnementales indépendantes. Nous serons attentifs aux oiseaux indigènes, aux escargots et aux crabes de cocotier, ainsi qu'à la végétation de l'île. Il ne sera pas fait usage d'explosifs. Nous étudierons également les impacts sur la nappe phréatique. L'étude portera sur la définition d'un contour de surface final. Les résultats de nos études seront rendus publics". La première étude d'impact pour les travaux d'exploration seulement est effectivement consultable avec le dossier dans le cadre de l'enquête d'utilité publique. Elle a été effectuée par la SARL Pae Tai - Pae Uta. La PTPU a insisté sur cette phase préliminaire essentiellement sur les risques de "pestes végétales" avec l'éventuelle introduction d'espèces invasives type miconia ou faux acacias.

La plaquette répond également aux interrogations sur la présence de Manuia Mai
(la femme du maire délégué) comme présidente de la société SAS Avenir Makatea. "La présence de Manuia Mai, en tant que présidente revêt un caractère strictement administratif. Elle assume ce titre honorifique sans détention d'actions et sans rémunération. Avenir Makatea est en mesure d'en apporter les preuves. Cette nomination a pour objectif de permettre à la société d'entreprendre les démarches pour asseoir le projet d'exploration, dans l'attente de l'obtention des autorisations de travail pour les investisseurs australiens".

Rédigé par Mireille Loubet le Vendredi 18 Janvier 2013 à 15:48 | Lu 2883 fois