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Maiti Rossoni : “J’ai horreur de la routine !”


TAHITI, le 27 septembre 2023 - Directeur de l’agence Exotic Garden, Maiti Rossoni porte plusieurs projets. Ito Ito par exemple, son application sport/santé lancée en mai 2023, poursuit sa route. Elle fait partie des projets retenus par le concours métropolitain Innovation Outre-mer. Avec sa structure d’événementiel Salt, Maiti Rossoni annonce par ailleurs l’organisation d’une compétition d’ampleur d’e-sport en décembre. Pour lui, la routine est une prison.

Ito ito ? “C’est un concept que j’ai écrit mais que j’ai mis en place avec l’équipe interne d’Exotic Garden”, décrit Maiti Rossoni. Il s’agit d’une application pour lutter contre la sédentarité, pour inciter la population à reprendre une activité physique régulière et notamment la marche, la course ou le vélo. L'application enregistre la distance parcourue et octroie des points en fonction des distances parcourues. Avec ces points, les utilisateurs participent à des “challenges” (tirage au sort). Ito ito est gratuite pour les particuliers. Les entreprises peuvent elles aussi l’utiliser pour lancer des défis internes entre les salariés. L’appli a été dévoilée en mai, elle compte depuis 11 000 utilisateurs. “Nous espérons la déployer dans d’autres territoires d’outre-mer en 2024.”


Ito ito est en finale du concours organisé par Innovation Outre-mer.
Ito ito est en finale du concours organisé par Innovation Outre-mer.
“Qui ne tente rien n’a rien !”

Il y a quelques semaines, de passage à Paris, Maiti Rossoni a présenté l’application au concours Innovation Outre-mer. “J’ai vu passer l’annonce et ai aussitôt rempli le formulaire d’inscription, car qui ne tente rien n’a rien !” Créé à l’initiative de l’incubateur Outre-Mer Network avec le soutien de Bpifrance et en partenariat avec le ministère des Outre-Mer, Innovation Outre-Mer offre des formations et des programmes d’incubation et d’accélération aux entrepreneurs ultramarins à haut potentiel.

Chaque année, l’association lance un grand concours qui récompense les projets innovants les plus prometteurs. Depuis sa création, Innovation Outre-mer a levé 38,5 millions d’euros (4,6 milliards de francs), six fonds d’investissements sont désormais partenaires et plus de 900 projets ont été accompagnés à travers le monde. La 8e édition est en cours. La finale est prévue du 16 au 20 octobre à la Station F à Paris (un campus de startups inauguré en 2017). Le public pourra y découvrir les finalistes. Ce sont des projets à impact positif et à fort potentiel de croissance sur les enjeux environnementaux et sociétaux. Maiti Rossoni défendra Ito ito.

Pendant son DUT.
Pendant son DUT.
En attendant, cet homme, “multicasquettes” comme il se décrit lui-même, poursuit sa route au fenua. Il est le directeur d’Exotic Garden mais aussi de Salt, l’agence d’événementiel qui a, par exemple, organisé le séminaire sur la concurrence ou la journée de la mobilité et qui annonce une compétition d’envergure de e-sport en décembre. Il est producteur de Tua, un média digital mettant en avant les entreprises et les entrepreneurs de demain ainsi que les métiers. Celui-ci valorise les initiatives solidaires, écoresponsables et/ou innovantes. L’idée ? Inspirer les jeunes générations. Chaque année, une cinquantaine de vidéos sont tournées et diffusées. Cette année, plusieurs d’entre elles sont en lien avec le premier forum des métiers du primaire et de l’artisanat qui aura lieu le 19 octobre à Papeete. De plus, Maiti Rossoni est cogérant de Devlab, chargé de développement web et d’applications mobiles.

“Je suis un mélange”

Né en 1991 à Tahiti, d’un père musicien et parisien et d’une mère pâtissière et pa’umutu, Maiti Rossoni l’affirme : “Je suis un mélange”. Il est un mélange de cultures, d’horizons, mais aussi “de toutes ces personnes que j’ai pu rencontrer dans ma vie”.

Après un bac ES spécialité mathématiques, agrémenté “d’une petite mention assez bien”, Maiti Rossoni prend la direction de Toulouse, en métropole. Il caresse un temps l’espoir de devenir acteur. “Le métier me fascinait, je trouvais ça incroyable de pouvoir changer de vie tout le temps, d’apprendre tous les jours en se plongeant dans des univers différents.” Il fait du théâtre, mais finalement ne se donne pas les moyens de réussir. “Je suis moyen partout, mais je n’excelle en rien, or il fallait être excellent pour réussir dans ce milieu.” Maiti Rossoni a besoin de toucher à tout, il refuse de se donner et se concentrer dans un domaine ou un secteur. “J’aime tout faire, mais à petit dose. J’ai horreur de la routine. Pour moi, c’est une prison.”

Il vit en France de 2009 à 2013. À Toulouse, il suit et obtient un diplôme universitaire de technologie (DUT) en techniques de commercialisation. “J’ai eu une petite mention assez bien, je n’ai pas forcé sur les révisions, je n’aime pas ça. Je n’aime pas me forcer.” Ce qu’il retient de ces deux années, ce sont les matières en marketing : la communication, l’image de marque et le design. Il enchaîne avec une licence de chargé de communication et de relations clients puis un master management. Un cursus “assez standard… Trop standard peut-être.” À la fin de cette première année, il a besoin d’un break et rentre à Tahiti espérant engranger un peu d’expérience de terrain. Il n’est jamais reparti.


Maiti Rossoni a été instituteur remplaçant à Napuka en 2014.
Maiti Rossoni a été instituteur remplaçant à Napuka en 2014.
“Des gens adorables et des enfants attendrissants”

Entre le mois d’août 2013 et le mois de janvier 2014, il occupe le poste de chargé de communication à la Chambre de commerce, d’industrie, des services et des métiers (CCISM). Il a beaucoup appris. “Marc Chapman, directeur général de l’époque, m’a notamment dit : ‘Il ne faut pas s’arrêter à ce qu’il y a d’écrit dans son contrat, sinon on ne réalise pas son potentiel’.” Le contrat terminé, Maiti Rossoni s’octroie quelques semaines de vacances. Il tente ensuite sa chance comme instituteur remplaçant partant pour Napuka après avoir passé plusieurs entretiens. “J’ai rencontré des gens adorables, des enfants attendrissants… Mais je me suis surtout rendu compte de la difficulté de ce métier !” Fin de l’aventure.

Maiti Rossoni intègre finalement l’agence Exotic Garden en 2014. “Je suis passé par tous les jobs : community manager, chef de projets, business developer, codirecteur...” En 2020, en pleine pandémie, il rachète l’agence. “Nous étions en discussions depuis quatre mois quand le Covid a démarré. Je n’ai pas voulu attendre plus malgré le challenge. Je me suis dit que si je réussissais à passer cette épreuve, alors tout serait possible.” Maiti Rossoni vivra deux années difficiles, mais il s’en sortira. À cette période, il dit avoir eu du temps, “ce qui m’a permis de créer le média Tua”. Le terme vient du mot “tuatāpapa” qui veut dire “raconter”. En 2021, il rachète Salt. Et en 2022, il s’associe à Shane Maiau pour dynamiser la société Devlab.

En parallèle, Maiti Rossini trouve le temps d’intervenir dans le jeu télévisé Ohipa Maitai, produit et réalisé par Archipel Production et diffusé sur TNTV. Il a été coach marketing en 2021, puis membre du jury en 2022. Il attend la prochaine saison avec impatience, espérant pouvoir de nouveau s’impliquer. “Grâce à ce jeu, on se rend compte qu’il y a vraiment de belles idées sur le territoire, des gens motivés. L’entrepreneuriat est quelque chose de passionnant, mais aussi de très difficile. Or, parfois, il suffit d’être en contact avec les bonnes personnes, d’avoir les bonnes clés pour progresser très rapidement.” Maiti Rossini parle d’une émission “incroyable” et de rencontres “inoubliables”.

Et ensuite ? Maiti Rossoni aimerait développer son activité à l’international. Il travaille déjà dans le Pacifique, avec l’Australie, la Nouvelle-Calédonie et la Nouvelle-Zélande. Il espère un jour avoir des clients aux États-Unis. Puis, d’autres envies et d’autres projets naîtront si ce n’est pas déjà fait.

Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 27 Septembre 2023 à 15:51 | Lu 1746 fois