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Maina Sage remporte la bataille du Fonds Vert


La ministre de l'Outre-mer, Annick Girardin, présentait ce matin le budget dédié à l’Outre-mer.
La ministre de l'Outre-mer, Annick Girardin, présentait ce matin le budget dédié à l’Outre-mer.
La suppression de l’équivalent fonds vert a fait l’objet d’une opposition forte à l’Assemblée nationale. L’amendement porté par Maina Sage pour rétablir ce budget a été adopté contre l’avis du gouvernement.
 
L’équivalent Fonds Vert est sauvé pour l’année 2018 ! Il y a une dizaine de jours en commission, la ministre des Outre-mer avait pourtant annoncé la suppression du financement de ce fonds destiné à aider les collectivités françaises du Pacifique à s’adapter face aux conséquences du réchauffement climatique. Annick Girardin estimait ce fonds pas satisfaisant et voulait l’élargir à l’ensemble de l’outre-mer français. Le lendemain, elle renvoyait la balle vers un hypothétique fonds européen. Et le surlendemain, le secrétaire d’Etat Sébastien Lecornu annonçait un groupe de travail pour imaginer quelle suite donner à ce fonds vert. Bref, le gouvernement cherchait une explication pour masquer la nécessité de faire des économies budgétaires pour respecter les critères européens, au détriment de ses engagements contre le réchauffement climatique.

Le sujet est revenu dans le débat ce jeudi matin à l’Assemblée nationale, lors de l’examen du budget dédié à l’Outre-mer. La députée polynésienne Maina Sage regrette ce « mauvais signal » qui intervient en pleine semaine de la COP23, présidée par Fidji. Annick Girardin prétextait que la totalité de l’enveloppe n’avait pas été utilisée, elle répond que ce fonds n’est accessible que « depuis la fin du premier semestre » de cette année. Et si cet équivalent fonds vert a été créé, c’est parce que « nous sommes trop autonomes pour avoir accès aux fonds nationaux et européens. Et nous sommes trop Français pour avoir accès au fonds vert international ». Maina Sage dépose alors un amendement pour rétablir le budget pour l’année prochaine. Les interventions des députés sont unanimes. Le Guadeloupéen Olivier Serva voit là « une mauvaise chose ». Le Martiniquais Serge Letchimy rappelle que « les petites îles sont les premières victimes du changement climatique ».

Annick Girardin tente de défendre la position du gouvernement : « La COP 23 doit nous servir pour obtenir ce fonds vert », dont elle n’a pas réussi à préserver le budget.  Puis c’est l’ancienne ministre des Outre-mer, Ericka Bareigts qui apporte son soutien public à l’amendement porté par Maina Sage. Le député calédonien Philippe Dunoyer en fait autant, « avec la plus extrême détermination ». L’ancien ministre Yves Jégo insiste : « En attendant de faire mieux et plus, ne supprimons pas ce qui existe  et qui fonctionne. »  Une députée En Marche tente de défendre la position du gouvernement. Elle est bien seule. Mais ses collègues de la majorité sont nombreux dans l’hémicycle.

Le président de l’Assemblée nationale François de Rugy s’apprête à passer au vote. Un scrutin public est demandé. Contre toute attente, l’amendement est adopté par 46 voix pour et 40 voix contre. Le budget de l’équivalent fonds vert est rétabli au même niveau que l’an dernier. Soulagement et applaudissements traversent la salle.

Après la séance, Moetai Brotherson, également signataire de l’amendement, explique que c’est aussi grâce à la mobilisation des députés de son groupe GDR si l’amendement a été adopté. « Sans nous, ça ne passait pas ». Pour Maina Sage, « c’est l’Outre-mer en général qui sort gagnant ».

« Le transfert de l’aéroport de Tahiti-Faa’a n’est pas à l’ordre du jour »

A l’occasion de la discussion budgétaire sur l’Outre-mer, Moetai Brotherson a pu poser deux questions à la ministre des Outre-Mer. Le député est revenu sur la demande de rétrocession de l’aéroport de Tahiti-Faa’a au Pays, rappelant qu’il s’agissait d’« un levier essentiel de développement » pour la Polynésie et que c’était une promesse de François Hollande, il y a cinq ans. C’est une longue bataille, qui a commencé en 2004 avec une loi qui transférait 150 aérodromes aux collectivités locales. Mais c’est le contraire qui est advenu pour l’aéroport de Tahiti-Faa’a, confié à Egis, filiale de l’Etat. Depuis, la concession a été cassée par la justice. L’appel à candidatures pour trouver un nouveau concessionnaire « sera lancé très prochainement », a déclaré Annick Girardin. Mais elle a ajouté, très clairement, que « le transfert n’est pas à l’ordre du jour ».

La seconde question concernait les visas pour faciliter l’accès des touristes au territoire polynésien. « A titre personnel, je suis pour », a répondu la ministre tout en ajoutant que la décision ne lui appartient pas, et revient aux ministres de l’Intérieur et des Affaires Etrangères.
 

Rédigé par Serge Massau le Jeudi 9 Novembre 2017 à 04:46 | Lu 4674 fois