Mahina : Dix-sept sinistrés ont reçu leurs bons en matériaux pour retaper leurs maisons


MAHINA, le 01/02/2016 - Plus d'un mois et demi après les intempéries qui ont frappé les communes de Mahina, Papeno’o et Tiarei, le président du Pays a remis ce matin les premiers bons en matériaux. Ces bons permettront aux sinistrés de retaper leurs maisons. Près de 50 familles se sont ainsi vues délivrer les précieux sésames après plusieurs semaines d'attente. Aujourd'hui, la balle est dans leur camp pour démarrer leur chantier. L'enveloppe allouée pour ces premiers bons est évaluée à près de 40 millions de francs.

C'est la première étape du Pays dans l'accompagnement des sinistrés de la côte est. Le président du Pays, Édouard Fritch, accompagné du ministre de Logement, Tearii Alpha, ont procédé ce matin à la remise des bons en matériaux aux sinistrés. Des bons qui leur permettront de retaper leurs maisons endommagées lors des intempéries qui ont frappé le fenua en décembre dernier. "On distribue à partir des constats qui ont été faits sur le terrain dès le lendemain des intempéries, confirmés ensuite par un constat commun mairie-OPH et à partir de ce moment-là, des devis en matériaux ont été faits. Ils ont été validés par la commission de recensement", souligne Édouard Fritch.

"On va tourner autour de 16 à 19 familles dans chaque commune, ce qui fera un engagement de l'ordre de 40 millions sur les 200 millions qui ont été prévus pour les réparations des maisons", précise le président de la Polynésie Française.

À Mahina, 17 familles sur 18 ont accepté l'aide du Pays, pour un montant de plus de 9 millions de francs. Sidonie vit dans la vallée de Ahonu, elle n'a toujours pas accepté le bon en matériaux parce qu'elle estime que le montant n'est pas suffisant (lire encadré). Tandis que Pepe, une autre sinistrée de la vallée de Ahonu, voit d'un bon œil la délivrance de ce bon. "J'ai reçu une aide d'1 045 000 francs, et cela me convient parfaitement. Je vais pouvoir reconstruire ma maison. Il y a du bois, tout ce qu'il faut pour ma maison."

Le maire de Mahina connaît très bien le dossier de Sidonie : "Il se trouve aujourd'hui qu'elle conteste le montant qui lui a été proposé parce qu'elle se base sur un devis qu'elle a fait elle-même. Cette dame s'est basée sur l'aide à la reconstruction, alors que des enquêtes ont été réalisées par l'OPH", regrette Damas Teuira. Pour le premier magistrat de la commune, la balle est aujourd'hui entre les mains de Sidonie : "Je ne pense pas que le ministre va remettre en cause les constatations de ces collaborateurs."

Sur Papeno’o, 20 bons ont été remis pour un montant de plus de 11 millions de francs. À Tiarei, 16 familles ont reçu leurs bons pour près de 10 millions de dépenses. Ces familles devraient recevoir leurs matériaux dès demain.

116 autres dossiers devraient faire l'objet d'une attribution d'ici une quinzaine de jours.


La prochaine étape concernera la reconstruction des maisons détruites

La seconde phase de la procédure d'aide du Pays devrait démarrer dans les jours à venir, selon le président du Pays. Elle consistera en "la reconstruction des maisons, ce sont les fameux "fare MTR"". La commission d'attribution s'est réunie pour adopter les différents recensements qui ont été faits par l'OPH et par la commune. "Nous avons pratiquement la liste définitive des noms. Nous sommes en train de regarder les problèmes de permis de construire parce que certaines des maisons peuvent être reconstruites sur place tandis que d'autres non, puisqu'elles sont en zone rouge", précise Édouard Fritch.

Une étape délicate puisque les familles qui vivent en zone rouge sur le plan de prévention des risques (PPR) ne pourront plus reconstruire leurs maisons sur place. "On leur donne la possibilité de construire à côté, dans une zone protégée, ou alors de reconstruire sur un autre terrain familial. Si vraiment il n'y a pas de possibilités pour eux, il est envisagé que le Territoire mette à la disposition de ces familles une assiette foncière pour pouvoir y reconstruire leur logement", ajoute le président du Pays.

Devant les sinistrés, le président Édouard Fritch a développé les risques encourus si des reconstructions se font sur des zones à risques : "C'est quand même la responsabilité du maire qui est sérieusement engagée." Avant de poursuivre : "On ne peut pas aider la reconstruction d'un logement neuf payé sur les deniers publics dans une zone qui est interdite."

De toute façon, aucun permis de construire ne sera délivré pour les travaux qui se feront sur les zones à risques. Et il revient à la commission de compte d'aide aux victimes des calamités (CAVC), regroupant le maire et les différents services administratifs du Pays, de définir la liste des personnes qui sont concernées par une reconstruction totale. D'ailleurs, à Mahina, cette commission se réunira demain après-midi à partir de 14 heures. Dans cette commune, on note trois familles qui seraient aujourd'hui en zone rouge.

Sidonie, Ahonu

"J'ai eu une aide de 818 000 francs mais je n'ai pas encore signé la convention, parce que si on nous accorde une aide à hauteur de 2 millions de francs, j'aimerais bien bénéficier du reste aussi. Avec ces 800 000 francs, il n'y a pas de lumières, de sanitaires, de tuyaux… C'est juste la maison, alors qu'on a eu quatre attestations de sinistres (mon mari et moi ; ma fille, son mari et leurs deux enfants ; et mes deux grands enfants). Le ministre m'a dit d'accepter cette aide et je lui ai dit que je ne pouvais pas.
Je viens d'apprendre que la France ne nous aide pas. Le ministre a bien précisé que cette aide ne venait pas de l'État, mais du Pays. Pourtant, je sais que cette aide vient de l'État français. Je demande donc, au président de la République, s'il m'entend ou me lit, de nous verser directement l'argent, c'est mieux ainsi.
"

Damas Teuira, maire de Mahina

"Cette aide a été déterminée en commission CAVC et le montant qui a été arrêté va de 0 à 2 millions de francs. Aujourd'hui, cette dame a estimé des travaux à 2 millions de francs, donc elle a tapé le plafond et c'est là où les déclarations ne se rejoignent pas avec l'OPH. C'est quand même l'organisme de tutelle qui a opéré au travers d'enquêtes dans les familles. Je pense qu'il y a peut-être de l'exagération dans les montants qui ont été présentés par cette dame, parce qu'elle nous parle également des fosses septiques, ce qui n'est pas prévu. La maison a été endommagée certes, mais cela ne nécessite pas des travaux à hauteur de 2 millions de francs. Je me base sur les déclarations de l'OPH et sur leurs travaux parce que ce sont les seuls habilités à procéder ainsi. La commune les accompagne et vérifie sur le terrain et on complète les constatations de la direction des Affaires sociales (DAS) par le service social de la commune et par l'OPH."


Rédigé par Corinne Tehetia le Lundi 1 Février 2016 à 16:58 | Lu 610 fois