Mahana Beach : le jury épingle le "manque d’envergure" du projet français


PAPEETE, 16 juillet 2014 – Le projet de complexe Mahana Beach présenté mercredi par l’agence française AS Architecture Studio n’a de toute évidence pas convaincu le jury chargé de la sélection.

Après la présentation, d'entrée le coup d'estoc est venu mercredi après-midi de Geffry Salmon, ministre du Tourisme : "Si j’avais des regrets à formuler, je dirais qu'il y a un manque d’envergure avec l’absence de casino ou de centre de thalassothérapie. J’ai l’impression que ce projet gagnerait à être densifié pour être plus viable". Puis, un peu plus tard, derechef : "Vous auriez pu recomposer le site en différents lots : on a besoin d’un seuil critique à partir duquel les activités commerciales foisonnent".

Gaston Flosse qui la veille était si enthousiaste n’aura pas pipé mot, mercredi, laissant les membres du jury passer à la question les représentants de l'agence française.

Vu par Architecture Studio, le Mahana Beach est présenté comme "réaliste, équilibré, respectueux, éco-responsable", il se dit étranger au "pastiche", "contemporain, inspiré et enraciné dans la tradition", se pose sur l'emprise domaniale de 34 hectares d'Outumaoro comme "un nouveau quartier de Punaauia", avec son parc urbain, son musée des arts océaniens, sa plage publique, comme "un lieu de mixité sociale".

Le concept se découpe en cinq pôles. Un premier, centré sur une extension de 182 emplacements supplémentaires à la marina Taina, accueille un hôtel, 250 unités en condominiums, 60 appartements et des boutiques. Le second pôle fait le lien, d'abord autour d'un longue plage publique bordée par une nouvelle série de d'appartements en front de mer puis s'oriente vers la montagne, longe un palais des congrès, pour lier l'ensemble à un troisième pôle qualifié de parc urbain culturel, jusqu'au lycée hôtelier. On trouve là un parc aquatique, un centre commercial de luxe, un musée des arts océaniens et un parc de stationnement. L'espace est public, accessible à tous. Le quatrième pôle est sur l'emprise de l'ancien Maeva Beach, plus au calme en retrait il se compose de 164 bungalows. Le cinquième, en amont, loge 31 villas de luxe.

Le projet estime la création de 503 emplois directs pour l’exploitation du complexe. Il table sur la venue de 100000 touristes supplémentaires, à terme. Trop modeste, cette réalité ne convient pas au jury.

L'offre se décline en deux hôtels proposant un total de 595 clés, deux condominiums soit 310 unités et 31 villas de luxe, pour un coût estimé de 72 milliards Fcfp, incluant les travaux de remblai et la réalisation des bâtiments.
En terme de phasage, l’agence française propose au Pays un chantier sur cinq ans à raison d’un investissement de "12 à 18 milliards" l’an en donnant à la collectivité une fonction opérationnelle. Un montage juridique et financier est joint au concept architectural, avec un retour sur investissement de 3,2% par an. Trop faible pour le jury.

La veille, avec panache la holding chinoise Forebase Group proposait de financer pour 110 milliards Fcfp, construire avec le secours d’entreprises locales puis d’exploiter le complexe et promettait d’apporter 250000 touristes par an à l’horizon 2030 ; de créer 3400 emplois durables. Le jury applaudissait.

Jeudi matin, un troisième et dernier projet de complexe doit être présenté aux membres de la commission chargée de définir ce que sera le Tahiti Mahana Beach : celui de l'agence hawaïenne "70 International Group". Le jury se donne ensuite un temps de délibération et annoncera son choix le 22 juillet.


Rédigé par JPV le Mercredi 16 Juillet 2014 à 17:47 | Lu 8655 fois