Emmanuel DUNAND / AFP
Belgrade, Serbie | AFP | jeudi 29/08/2024 - Le président français Emmanuel Macron se rend jeudi en Serbie pour une visite de deux jours au cours de laquelle Paris et Belgrade comptent conclure la vente de douze avions de combat français Rafale à ce pays des Balkans qui conserve des liens amicaux avec la Russie.
Dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, le président serbe Aleksandar Vucic s'est montré optimiste sur la signature de cet "énorme contrat". "La Serbie pourrait devenir un membre du Club Rafale", s'est-il réjoui.
Il avait par le passé laissé entendre que son pays était prêt à débourser trois milliards d'euros.
L'Elysée a confirmé à des journalistes avoir bon "espoir" que les négociations avec le groupe Dassault aboutissent à l'occasion de la visite du président français.
Dans un entretien à la presse serbe mercredi soir, M. Vucic a affirmé que si le financement n'était pas un problème, quelques "garanties" devaient encore être précisées.
La question est sensible: Belgrade, candidate à l'adhésion à l'Union européenne, maintient des relations avec Moscou malgré l'invasion de l'Ukraine, et n'a pas imposé de sanctions à la Russie depuis le début de la guerre en 2022.
Auprès de l'AFP, le président Vucic a plaidé que la quasi-totalité des "avions intercepteurs" serbes et "l'ensemble" des "avions de combat venaient de Russie". "Nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste afin de préparer notre armée", a-t-il déclaré.
La France met aussi cet argument en avant, évoquant une logique "d'arrimage de la Serbie à l'Union européenne". Belgrade peut faire le "choix stratégique" de "coopérer avec un pays européen" pour renouveler sa flotte, espère-t-on à Paris.
Si la France ne prend pas la place "par exemple avec des Rafale" des avions russes utilisés en Serbie, "cette enclave qui est au milieu de l'Union européenne deviendra un point d'entrée pour l'instabilité sur notre continent et pour tous les régimes autoritaires de la Russie à la Chine", a abondé jeudi matin sur France Info Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire chargé de l'Europe. Il sera du voyage en Serbie, tout comme le président-directeur général de Dassault Aviation, Eric Trappier.
- "Consolider l'Etat de droit" -
Pour Vuk Vuksanovic, du Centre for Security Policy, un cercle de réflexion de la capitale serbe, "Vucic cherche une solution pour remplacer ses Migs vieillissants".
"S'il n'en trouve pas, la Croatie voisine, avec ses propres Rafale, aura une supériorité aérienne dans les Balkans occidentaux. Et l'ego de Vucic ne peut pas accepter cela", explique-t-il. "De plus, il pense qu'en achetant ces Rafale, qui sont un produit extrêmement coûteux de l'industrie française de l'armement, il achètera la protection politique et les faveurs du président Macron."
Les deux pays n'ont pas évoqué de contreparties à la transaction.
La France soutient officiellement le processus d'adhésion de la Serbie à l'UE, défendu de longue date par Aleksandar Vucic malgré les préoccupations qui s'expriment au sein de la population.
Dans une lettre parue jeudi matin dans la presse serbe, M. Macron a répété que la Serbie avait "toute sa place" au sein de l'Union européenne.
"Je reviens aujourd’hui en Serbie avec un message simple : l'Union européenne et ses Etats membres ont besoin d'une Serbie forte et démocratique à leurs côtés et la Serbie a besoin d'une Union européenne forte et souveraine pour défendre et promouvoir ses intérêts", écrit le président.
Huit mois après les élections législatives serbes entachées de fraudes selon l'OCDE et le Parlement européen, remportées par le parti présidentiel, l'Elysée estime que ce processus d'adhésion doit pousser Belgrade à "consolider l'État de droit".
Emmanuel Macron doit aussi prôner sur place la "normalisation des relations avec le Kosovo", "partie intégrante" de ce "rapprochement" avec les Vingt-Sept.
Depuis l'indépendance du Kosovo en 2008, que la Serbie n'a jamais reconnue contrairement à de nombreux pays occidentaux, les tentatives d'apaisement et de dialogue ont toutes échoué.
Le président français, qui fait le déplacement malgré la crise politique en France où il doit nommer un nouveau Premier ministre dans les prochains jours, est attendu en fin d'après-midi à Belgrade, pavoisée de drapeaux français, où il s'entretiendra immédiatement avec son homologue.
Une conférence de presse conjointe sera précédée de la signature d'accords. Outre les Rafale, des "discussions préliminaires et exploratoires" sont engagées avec l'électricien français EDF sur le nucléaire civil, et des coopérations nouvelles sont envisagées l'énergie hydroélectrique, le traitement des eaux usées ou encore la santé.
Le lendemain, les deux hommes se rendront à Novi Sad, deuxième ville du pays, pour une étape culturelle, avec la visite de la galerie Matica Srpska, et un échange sur l'intelligence artificielle.
Dans un entretien accordé mercredi à l'AFP, le président serbe Aleksandar Vucic s'est montré optimiste sur la signature de cet "énorme contrat". "La Serbie pourrait devenir un membre du Club Rafale", s'est-il réjoui.
Il avait par le passé laissé entendre que son pays était prêt à débourser trois milliards d'euros.
L'Elysée a confirmé à des journalistes avoir bon "espoir" que les négociations avec le groupe Dassault aboutissent à l'occasion de la visite du président français.
Dans un entretien à la presse serbe mercredi soir, M. Vucic a affirmé que si le financement n'était pas un problème, quelques "garanties" devaient encore être précisées.
La question est sensible: Belgrade, candidate à l'adhésion à l'Union européenne, maintient des relations avec Moscou malgré l'invasion de l'Ukraine, et n'a pas imposé de sanctions à la Russie depuis le début de la guerre en 2022.
Auprès de l'AFP, le président Vucic a plaidé que la quasi-totalité des "avions intercepteurs" serbes et "l'ensemble" des "avions de combat venaient de Russie". "Nous devons évoluer, changer nos habitudes et tout le reste afin de préparer notre armée", a-t-il déclaré.
La France met aussi cet argument en avant, évoquant une logique "d'arrimage de la Serbie à l'Union européenne". Belgrade peut faire le "choix stratégique" de "coopérer avec un pays européen" pour renouveler sa flotte, espère-t-on à Paris.
Si la France ne prend pas la place "par exemple avec des Rafale" des avions russes utilisés en Serbie, "cette enclave qui est au milieu de l'Union européenne deviendra un point d'entrée pour l'instabilité sur notre continent et pour tous les régimes autoritaires de la Russie à la Chine", a abondé jeudi matin sur France Info Jean-Noël Barrot, ministre démissionnaire chargé de l'Europe. Il sera du voyage en Serbie, tout comme le président-directeur général de Dassault Aviation, Eric Trappier.
- "Consolider l'Etat de droit" -
Pour Vuk Vuksanovic, du Centre for Security Policy, un cercle de réflexion de la capitale serbe, "Vucic cherche une solution pour remplacer ses Migs vieillissants".
"S'il n'en trouve pas, la Croatie voisine, avec ses propres Rafale, aura une supériorité aérienne dans les Balkans occidentaux. Et l'ego de Vucic ne peut pas accepter cela", explique-t-il. "De plus, il pense qu'en achetant ces Rafale, qui sont un produit extrêmement coûteux de l'industrie française de l'armement, il achètera la protection politique et les faveurs du président Macron."
Les deux pays n'ont pas évoqué de contreparties à la transaction.
La France soutient officiellement le processus d'adhésion de la Serbie à l'UE, défendu de longue date par Aleksandar Vucic malgré les préoccupations qui s'expriment au sein de la population.
Dans une lettre parue jeudi matin dans la presse serbe, M. Macron a répété que la Serbie avait "toute sa place" au sein de l'Union européenne.
"Je reviens aujourd’hui en Serbie avec un message simple : l'Union européenne et ses Etats membres ont besoin d'une Serbie forte et démocratique à leurs côtés et la Serbie a besoin d'une Union européenne forte et souveraine pour défendre et promouvoir ses intérêts", écrit le président.
Huit mois après les élections législatives serbes entachées de fraudes selon l'OCDE et le Parlement européen, remportées par le parti présidentiel, l'Elysée estime que ce processus d'adhésion doit pousser Belgrade à "consolider l'État de droit".
Emmanuel Macron doit aussi prôner sur place la "normalisation des relations avec le Kosovo", "partie intégrante" de ce "rapprochement" avec les Vingt-Sept.
Depuis l'indépendance du Kosovo en 2008, que la Serbie n'a jamais reconnue contrairement à de nombreux pays occidentaux, les tentatives d'apaisement et de dialogue ont toutes échoué.
Le président français, qui fait le déplacement malgré la crise politique en France où il doit nommer un nouveau Premier ministre dans les prochains jours, est attendu en fin d'après-midi à Belgrade, pavoisée de drapeaux français, où il s'entretiendra immédiatement avec son homologue.
Une conférence de presse conjointe sera précédée de la signature d'accords. Outre les Rafale, des "discussions préliminaires et exploratoires" sont engagées avec l'électricien français EDF sur le nucléaire civil, et des coopérations nouvelles sont envisagées l'énergie hydroélectrique, le traitement des eaux usées ou encore la santé.
Le lendemain, les deux hommes se rendront à Novi Sad, deuxième ville du pays, pour une étape culturelle, avec la visite de la galerie Matica Srpska, et un échange sur l'intelligence artificielle.