Crédit Ludovic MARIN / AFP
Paris, France | AFP | mercredi 10/07/2024 - Emmanuel Macron a demandé mercredi à l'ensemble des forces politiques de "bâtir une majorité solide" pour gouverner, un appel au "compromis" et à la poursuite du "front républicain" relayé par ses troupes en quête d'une large coalition au Parlement.
Sortant de son silence trois jours après le second tour des élections législatives anticipées, le président de la République s'est adressé aux Français dans une lettre publiée par la presse quotidienne régionale.
Non seulement "personne ne l'a emporté" dimanche, selon lui, mais il faut "inventer une nouvelle culture politique" face à la coexistence inédite de trois blocs dans l'hémicycle: le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national.
Le chef de l'Etat, en déplacement à Washington pour un sommet de l'Otan, demande ainsi à "l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l'Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays".
Il espère voir se former "un projet pragmatique et lisible" et exhorte les partis à "concrétiser par les actes" le front républicain qui a permis de contrer le RN, arrivé troisième dimanche soir avec 143 députés en comptant ses alliés.
Mais toutes ces tractations prendront "un peu de temps", une période à l'issue de laquelle Emmanuel Macron "décidera de la nomination du Premier ministre".
- Visions diverses -
Cette prise de parole décisive intervient au moment où le camp présidentiel se démultiplie à l'Assemblée nationale pour dégager une majorité.
Les macronistes tentent ainsi de convaincre que le Nouveau Front populaire, arrivé en tête des législatives de dimanche avec 190 à 195 députés, et tout particulièrement La France insoumise, ne sont pas légitimes pour gouverner seuls.
Dans un communiqué, les députés Renaissance ont ainsi plaidé pour "des alliances programmatiques" au sein d'une "coalition de projet allant des sociaux-démocrates à la droite de gouvernement", sans LFI.
Mais dans le détail, plusieurs lignes se chevauchent dans les rangs macronistes sur la stratégie à adopter.
Certains, menés notamment par Gérald Darmanin, lorgnent essentiellement la droite pour trouver des alliés. "Il peut y avoir un Premier ministre de droite, ça ne me gênerait en rien", a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur sur CNews et Europe 1.
Cela rejoint la posture de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui plaide lui pour la signature d'un "accord technique" avec Les Républicains, en vue "d'avancer et de gérer les affaires du pays pendant au moins un an".
- Groupe Renaissance fragilisé ? -
Mais une autre frange du camp présidentiel, notamment son aile gauche, voit plus large.
Sacha Houlié, marcheur de la première heure et ex-président de la commission des Lois, a annoncé qu'il ne "siégera pas" au groupe Renaissance, préférant tenter de créer un groupe "qui aille de la droite sociale à la gauche socialiste".
Dans la même veine, la prise de position du patron du MoDem François Bayrou risque de ne pas passer inaperçue.
Ce proche allié d'Emmanuel Macron a martelé auprès de l'AFP qu'on "ne peut pas faire un gouvernement d'union nationale avec un seul camp", plaidant pour la désignation d'un Premier ministre capable de "rassembler", sans s'exclure lui-même de ce scénario.
Les mains tendues peuvent-elle aboutir ? Certains responsables de la droite semblent s'ouvrir à l'idée, d'autres sont plus sceptiques.
"Nous ne participerons pas à des coalitions gouvernementales", a affirmé le président fraîchement élu du groupe LR rebaptisé "Droite républicaine", Laurent Wauquiez. Mais il n'écarte pas un "pacte législatif" pour la "revalorisation de la France qui travaille".
A gauche, plusieurs responsables ont déploré que le chef de l'Etat, selon eux, ne respecte pas le résultat des élections.
"Sa majorité a perdu (...) Il y a une force politique qui est en tête, donc elle a gagné", a déclaré le député insoumis Eric Coquerel, président de la commission des finances sous la précédente législature. Le chef de l'Etat "doit rendre service à ce pays en arrêtant de biaiser pour essayer de garder le pouvoir", a-t-il ajouté sur franceinfo.
- "Partie remise" pour le RN -
La gauche, qui continue de revendiquer Matignon mais n'a toujours pas proposé son équipe gouvernementale, dénonce les "manigances" du camp présidentiel.
Le NFP bataille aussi en interne entre ses deux principales composantes, des Insoumis à peu près stables entre 70 et 80 élus, et un Parti socialiste (PS) revigoré qui espère faire au moins jeu égal pour proposer un Premier ministre issu de ses rangs, comme son premier secrétaire Olivier Faure.
En attendant, les socialistes ont réélu à la tête de leur groupe le député des Landes Boris Vallaud.
Face à ces tractations tous azimuts, Marine Le Pen aussi s'est insurgée contre le "bourbier" consécutif aux législatives anticipées. "Un certain nombre de manœuvres, notamment de désistements massifs, nous ont privés de la majorité absolue. Ce n'est que partie remise", s'est-elle justifiée, avant d'être réélue présidente du groupe RN à l'Asssemblée.
Jordan Bardella a ensuite réuni les députés du groupe, leur demandant d'être "parfaitement irréprochables" durant leur mandat, en écho aux multiples dérapages de candidats RN qui avaient pollué la campagne. Et a promis un "examen de conscience" au parti.
Sortant de son silence trois jours après le second tour des élections législatives anticipées, le président de la République s'est adressé aux Français dans une lettre publiée par la presse quotidienne régionale.
Non seulement "personne ne l'a emporté" dimanche, selon lui, mais il faut "inventer une nouvelle culture politique" face à la coexistence inédite de trois blocs dans l'hémicycle: le Nouveau Front populaire, le bloc macroniste et le Rassemblement national.
Le chef de l'Etat, en déplacement à Washington pour un sommet de l'Otan, demande ainsi à "l'ensemble des forces politiques se reconnaissant dans les institutions républicaines, l'Etat de droit, le parlementarisme, une orientation européenne et la défense de l’indépendance française, d'engager un dialogue sincère et loyal pour bâtir une majorité solide, nécessairement plurielle, pour le pays".
Il espère voir se former "un projet pragmatique et lisible" et exhorte les partis à "concrétiser par les actes" le front républicain qui a permis de contrer le RN, arrivé troisième dimanche soir avec 143 députés en comptant ses alliés.
Mais toutes ces tractations prendront "un peu de temps", une période à l'issue de laquelle Emmanuel Macron "décidera de la nomination du Premier ministre".
- Visions diverses -
Cette prise de parole décisive intervient au moment où le camp présidentiel se démultiplie à l'Assemblée nationale pour dégager une majorité.
Les macronistes tentent ainsi de convaincre que le Nouveau Front populaire, arrivé en tête des législatives de dimanche avec 190 à 195 députés, et tout particulièrement La France insoumise, ne sont pas légitimes pour gouverner seuls.
Dans un communiqué, les députés Renaissance ont ainsi plaidé pour "des alliances programmatiques" au sein d'une "coalition de projet allant des sociaux-démocrates à la droite de gouvernement", sans LFI.
Mais dans le détail, plusieurs lignes se chevauchent dans les rangs macronistes sur la stratégie à adopter.
Certains, menés notamment par Gérald Darmanin, lorgnent essentiellement la droite pour trouver des alliés. "Il peut y avoir un Premier ministre de droite, ça ne me gênerait en rien", a ainsi déclaré le ministre de l'Intérieur sur CNews et Europe 1.
Cela rejoint la posture de l'ancien Premier ministre Edouard Philippe, qui plaide lui pour la signature d'un "accord technique" avec Les Républicains, en vue "d'avancer et de gérer les affaires du pays pendant au moins un an".
- Groupe Renaissance fragilisé ? -
Mais une autre frange du camp présidentiel, notamment son aile gauche, voit plus large.
Sacha Houlié, marcheur de la première heure et ex-président de la commission des Lois, a annoncé qu'il ne "siégera pas" au groupe Renaissance, préférant tenter de créer un groupe "qui aille de la droite sociale à la gauche socialiste".
Dans la même veine, la prise de position du patron du MoDem François Bayrou risque de ne pas passer inaperçue.
Ce proche allié d'Emmanuel Macron a martelé auprès de l'AFP qu'on "ne peut pas faire un gouvernement d'union nationale avec un seul camp", plaidant pour la désignation d'un Premier ministre capable de "rassembler", sans s'exclure lui-même de ce scénario.
Les mains tendues peuvent-elle aboutir ? Certains responsables de la droite semblent s'ouvrir à l'idée, d'autres sont plus sceptiques.
"Nous ne participerons pas à des coalitions gouvernementales", a affirmé le président fraîchement élu du groupe LR rebaptisé "Droite républicaine", Laurent Wauquiez. Mais il n'écarte pas un "pacte législatif" pour la "revalorisation de la France qui travaille".
A gauche, plusieurs responsables ont déploré que le chef de l'Etat, selon eux, ne respecte pas le résultat des élections.
"Sa majorité a perdu (...) Il y a une force politique qui est en tête, donc elle a gagné", a déclaré le député insoumis Eric Coquerel, président de la commission des finances sous la précédente législature. Le chef de l'Etat "doit rendre service à ce pays en arrêtant de biaiser pour essayer de garder le pouvoir", a-t-il ajouté sur franceinfo.
- "Partie remise" pour le RN -
La gauche, qui continue de revendiquer Matignon mais n'a toujours pas proposé son équipe gouvernementale, dénonce les "manigances" du camp présidentiel.
Le NFP bataille aussi en interne entre ses deux principales composantes, des Insoumis à peu près stables entre 70 et 80 élus, et un Parti socialiste (PS) revigoré qui espère faire au moins jeu égal pour proposer un Premier ministre issu de ses rangs, comme son premier secrétaire Olivier Faure.
En attendant, les socialistes ont réélu à la tête de leur groupe le député des Landes Boris Vallaud.
Face à ces tractations tous azimuts, Marine Le Pen aussi s'est insurgée contre le "bourbier" consécutif aux législatives anticipées. "Un certain nombre de manœuvres, notamment de désistements massifs, nous ont privés de la majorité absolue. Ce n'est que partie remise", s'est-elle justifiée, avant d'être réélue présidente du groupe RN à l'Asssemblée.
Jordan Bardella a ensuite réuni les députés du groupe, leur demandant d'être "parfaitement irréprochables" durant leur mandat, en écho aux multiples dérapages de candidats RN qui avaient pollué la campagne. Et a promis un "examen de conscience" au parti.