"Ma plus grande joie, c'est de savoir que je peux encore rassembler du monde"


Tahiti, le 11 mars 2023 – À l'issue du congrès du Tapura Huiraatira organisé samedi matin au parc expo de Mamao, le président du parti rouge et blanc Édouard Fritch s'est exprimé sur le lancement de cette campagne des territoriales, le soutien des 42 maires au parti, les nouvelles mesures du programme ou encore la déclaration de candidature de Moetai Brotherson à la présidence…
 
Vous êtes satisfait de cette mobilisation aujourd'hui ?
 
"On avait prévu plus, mais on a dû réduire parce que plus de personnes c'était plus de dépenses. Pour la plupart de ces personnes, il faut des moyens de transport et c'est ce qui nous a manqué. Ça risquait de coûter très cher au budget de campagne, donc nous nous sommes contentés de ces 4 800 chaises. Avec le reste, on n'est pas loin des 5 000."
 
L'objectif de ce congrès, c'était de lancer officiellement la campagne du Tapura avec un bilan et un programme ?
 
"Je crois que la campagne est bien partie. On le voit sur le terrain où les fédérations ont commencé à tourner et n'attendaient plus que les documents, les supports… On a donc sorti le programme que je devais faire valider par le congrès. Maintenant, on est prêt à partir sur le terrain avec de quoi défendre la position du Tapura Huiraatira. Mais le bilan est tellement énorme qu'ils ont commencé à travailler là-dessus déjà."
 
Vous avez 42 maires aujourd'hui avec vous, dont 30 sur votre liste. Est-ce que ça va suffire pour remporter les prochaines territoriales sachant que vous aviez déjà le soutien de ces maires aux dernières législatives ? Qu'est-ce qui a changé ?
 
"J'avais déjà le soutien de ces maires. Mais la présence de ces maires sur la liste, non. Je crois que c'est ce qui explique d'ailleurs en grande partie l'abstention constatée lors des élections nationales, législatives, présidentielle ou européennes. Les gens ne sont pas attirés par le vote lorsqu'il faut aller voter pour des gens qu'ils ne connaissent pas. Donc la stratégie cette fois-ci, c'est bien d'aller accrocher des voix à partir des candidats que sont les maires sur nos listes. Je ne dis pas que c'est ce qui va nous faire gagner. Mais je pense que ce sera un élément essentiel dans la victoire demain. Le fait que des populations retrouvent leurs édiles sur nos listes."
 
Dans les mesures nouvelles de votre programme, quelles sont celles qui vous tiennent le plus à cœur ?
 
"Tout me tient à cœur. Mais celle qui compte le plus, je ne vous cache pas que c'est la lutte contre l'inflation, contre la hausse des prix. J'en ai beaucoup parlé à mon ministre des Finances. Je trouve qu'on ne fait pas suffisamment. On peut encore faire mieux. À l'image de ce qui se passe à l'extérieur, je pense en particulier qu'on n'a pas suffisamment développé les épiceries solidaires. Les bons alimentaires, c'est vrai qu'on en a eu à profusion. Mais il reste à cibler encore quelques familles qui échappent au radar. Ça me préoccupe parce qu'à côté de cela, on va être obligé d'accompagner sur le niveau du pouvoir d'achat. Et je veux essayer d'éviter de provoquer de l'inflation avec l'augmentation du pouvoir d'achat et du Smig. Je préfère essayer de freiner l'augmentation des prix dans ce pays. Donc on envoie des contrôleurs dans tous les sens et c'est vraiment mon principal souci. Il faut que les familles mangent."
 

Vous avez insisté aujourd'hui sur le fait que cette campagne serait encore marquée par le leitmotiv "Tous contre le Tapura", ça veut dire que vous sentez que vous allez cristalliser les critiques ou que vous n'avez pas réussi à rassembler assez ?
 
"On n'a même pas eu le temps de lancer les consultations et les concertations qu'on a déjà entendu : 'Tout sauf le Tapura, Edouard n'est pas un bon, Edouard ceci, Edouard cela'… Donc je trouve qu'il y a encore beaucoup trop de haine dans les discours. Ce n'est même pas l'intérêt du pays qui est mis en avant, c'est un règlement de compte. Parfois de la part d'anciens de chez moi, que j'ai porté à des fonctions les plus hautes : vice-président, député, sénateur… C'est triste pour le pays, mais c'est la raison pour laquelle je disais que ma plus grande joie c'est de savoir que je peux encore regrouper du monde, rassembler du monde, dans l'unique idée de servir mieux son pays."
 
Moetai Brotherson brigue la présidence du Pays. Est-ce que cette nouvelle change la donne dans la campagne selon-vous ?
 
"Je ne sais pas. Je n'y ai pas pensé. Ce qui me préoccupe, c'est l'avis d'Oscar. C'est l'avis de son patron… Je l'ai dit dans mon discours, il faut se méfier de ces anges qui sont envoyés en éclaireurs. Parce qu'en fin de compte, la politique du Tavini Huiraatiura ne s'écartera jamais de l'indépendance. Et si possible de l'indépendance urgente, tout de suite, là. La déclaration d'Oscar Temaru a été claire à ce niveau-là."
 
Vous n'avez pas profité de ce congrès pour élire un président délégué. Vous n'avez donc plus de numéro deux au Tapura depuis le départ de Teva Rohfritsch ?
 
"Non, pour le moment je n'ai pas de numéro deux. Parce qu'il faut qu'on s'y prépare. Mais vous savez que c'est extraordinaire de ne pas avoir de numéro deux qui soit 'nommé'. Tout le monde se sent numéro deux et on arrive à travailler ensemble. C'est extraordinaire (rires)."

Rédigé par Antoine Samoyeau le Samedi 11 Mars 2023 à 14:41 | Lu 3058 fois