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Lutte contre les déserts médicaux: la télémédecine attend de sortir de l'expérimentation


Photo d'archives.
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Paris, France | AFP | mercredi 11/10/2017 - Consulter son médecin via un écran interposé: une pratique qui reste marginale faute de financement et de suivi, mais que le gouvernement veut développer dans le cadre d'un plan de lutte contre les déserts médicaux présenté vendredi.
Parmi les établissements pionniers à avoir pratiqué la télémédecine, l'hôpital gériatrique des Magnolias à Ballainvilliers dans l'Essonne s'apprête après cinq ans d'expérimentation à "pérenniser et étendre son dispositif".
L'hôpital sert aujourd'hui de support à l'organisation de téléconsultations au profit des résidents de six maisons de retraite du département en mettant à disposition ses médecins. Mais il profite également de ce service lorsque certaines spécialités ne sont pas représentées dans son établissement (dermatologie, neurologie...) grâce à un partenariat avec le centre hospitalier sud-francilien. En 2018, le dispositif doit s'agrandir à une dizaine d'établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad).
Lors d'une consultation à distance, le résident est accompagné par le personnel soignant dans une cabine équipée d'un écran en taille réelle grâce auquel il peut converser avec le médecin situé à plusieurs kilomètres de là.
"La technologie n'a jamais été un obstacle, à tel point qu'à la fin d'une téléconsultation, le patient se lève et tend la main pour remercier le médecin comme s'il était en face de lui", raconte la directrice générale de l'établissement, Isabelle Burkhard.
Pour la responsable, "la téléconsultation ne se substitue pas au médecin, mais elle permet de mieux gérer le temps médical": outre le temps gagné dans les transports, elle permet un échange d'informations "en direct" entre le personnel qui accompagne le patient et le médecin, ce qui n'est pas le cas dans une consultation classique. 
"Les éléments de suivi du patient sont rassemblés en amont du rendez-vous et transmis au médecin qui n'a donc pas à le faire lui-même", note-t-elle également.
 

- délais raccourcis -

 
La réduction des délais de rendez-vous "de huit semaines à quelques jours pour un dermatologue", a aussi permis de diminuer les renoncements des patients à se faire soigner, "un vrai problème dans les Ehpad", selon la directrice.
Si la téléconsultation ne doit pas être "systématique", elle permet "de mailler davantage l'offre de soins et de personnaliser la prise en charge des patients". Pour les soignants, la plate-forme de télérégulation offre aussi un appui, estime-t-elle. 
Ouvert 24h/24 et 7jours/7, le plateau téléphonique permet à une infirmière de solliciter l'avis d'un médecin avant d'envoyer inutilement un patient aux urgences ou à l'inverse de conforter la nécessité d'une prise en charge immédiate, relate Mme Burkhard.
La téléconsultation "n'est pas LA solution pour lutter contre les déserts médicaux, mais un des éléments pour faciliter le suivi des patients", partage le président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF), Jean-Paul Ortiz.
Vendredi, la ministre de la santé, Agnès Buzyn présentera un plan d'amélioration pour l'accès aux soins avec un volet sur la télémédecine dont les orientations ont été définies dans le projet de loi de financement de la Sécurité sociale 2018.
"Il n'existe pas de solution unique ou uniforme, mais la télémédecine, clairement, est un des outils dont nous avons besoin", a déclaré la ministre à l'Assemblée nationale.
Le plan prévoit de développer les consultations à distance et la télé-expertise (demande d'avis médical entre professionnels de santé) en "mettant fin au caractère expérimental" grâce à un accord entre l'Assurance maladie et les syndicats de médecins libéraux fixant les conditions de réalisation et les tarifs de ces actes. Les négociations débuteront "au premier semestre 2018", a précisé la ministre. 
"Il fait assouplir les règles et sortir des phases expérimentales", plaide Jean-Paul Ortiz. Reste à connaître l'enveloppe que le gouvernement est prêt à mettre sur la table pour permettre son essor.
"Vingt-cinq années après la première expérimentation, la télémédecine demeure en France une pratique marginale. Les pouvoirs publics n'ont pas élaboré de stratégie unifiée, cohérente et continue pour en assurer le développement", rappelait récemment la Cour des comptes danas un rapport.
"On est très en retard sur le sujet, or le danger est que la télémédecine ne soit pas financée par la solidarité nationale (Sécurité sociale), et tombe dans les mains des organismes complémentaires", de plus en plus nombreux sur ce marché, met en garde Jean-Paul Ortiz.

le Mercredi 11 Octobre 2017 à 04:18 | Lu 262 fois