Louis Provost : "Cette suspension des compétitions est la conséquence d'une indiscipline collective"


Tahiti, le 16 novembre 2020 - Louis Provost, président du Comité olympique de Polynésie française (COPF), a réagi lundi à l'annonce des autorités de l'Etat et du Pays, concernant l'arrêt des compétitions sportives jusqu'au 14 décembre. "Cela ne m'a pas étonné (…) Cette suspension des compétitions est la conséquence d'une indiscipline collective", a commenté le patron du mouvement sportif polynésien.

Comment avez-vous réagi à l'annonce de l'arrêt des compétitions sportives ?

Franchement cela ne m'a pas étonné que l'on arrive à cette situation. Les autorités ont quand même permis que les sportifs puissent s'exprimer ces dernières semaines à huis clos. Sauf que selon les remontées d'informations que l'on a, cette mesure n'était pas forcément respectée. J'ai entendu de drôle de choses, où des spectateurs arrivaient sur une compétition imbibés d'alcool. Comment un président de fédération peut gérer une telle situation ? Si l'Etat et le Pays ont pris cette décision, c'est qu'il doit bien y avoir des raisons, ils disposent de tous les moyens de contrôle avec la police et la gendarmerie. Les gens n'ont pas joué le jeu. Cette suspension des compétitions est la conséquence d'une indiscipline collective.
 
Est-ce-que vous avez eu des précisions depuis vendredi, si les athlètes pourront maintenir leurs entrainements ?
Pour le moment non. On attend l'arrêté d'application. Mais à priori lors de leur allocution de vendredi, le haut-commissaire et le président n'ont parlé que de suspensions des compétitions sportives. Et puis les entrainements n'attirent pratiquement personne et l'on sait qu'au sein des fédérations elles font très attention pour organiser l'entrainement de leurs athlètes dans de bonnes conditions.
 
Les compétitions sportives permettent aux fédérations de renflouer un peu leur caisse. Est-ce-que vous avez une idée de l'état financier des fédérations ?
On ne sait pas pour le moment. Mais elles devraient toucher prochainement leurs subventions de fonctionnement. La commission a réorienté les priorités en insistant plus sur les actions de formation. Les fédé auront donc moins d'argent pour des déplacements, mais de toute façon avec la crise sanitaire actuelle les voyages sont limités. Et pour les fédérations qui avaient du mal à rémunérer leur cadre technique, une dotation supplémentaire exceptionnelle leur a été accordée pour couvrir notamment la période du confinement.
 
Dans une interview accordée à la Dépêche de Tahiti en octobre, Heremoana Maamaatuaiahutapu, ministre des Sports depuis septembre, avait indiqué que les sportifs seraient amener à se serrer la ceinture…
Evidemment ce n'est pas agréable d'entendre ça. Mais on connait la crise économique dans laquelle le fenua est embarqué. Le Pays a mis en place des aides pour soutenir l'activité en ces temps de crise. Il est donc normal que pour certains secteurs la répartition soit moindre. Après c'est aux fédérations de réfléchir sur leur situation et d'adapter leur programme et leurs actions selon la subvention qui leur sera versée. Mais il faut préciser une chose, la subvention est un apport supplémentaire à la trésorerie d'une fédération. C'est bien ce que le mot subvention signifie, c'est de subvenir à quelque chose que tu n'as pas et que tu veux mettre en place. Encore une fois c'est aux fédérations à choisir leur priorité.
 
Il a également beaucoup été question ces derniers mois que le Pays organise les Jeux du Pacifique de 2027. Est-ce-que la crise actuelle remet en cause ce projet ?
On est à la fois très loin et très proche de 2027. Pour l'instant on ne sait pas où on va. On sait par contre qu'un conseil des Jeux doit se tenir en début d'année prochaine, mais on ne connait pas le lieu ni la date. Cela dépendra évidemment de l'ouverture des frontières. Mais s'il y a bien une chose positive à tirer de cette crise, c'est que cela nous a permis de peaufiner notre dossier de candidature. On pense en tout cas avec toute mon équipe avoir un bon dossier. Concernant maintenant les gros travaux qui doivent être entrepris comme la construction du nouveau centre aquatique, et la rénovation des stades, suite à nos entretiens avec le ministre des Sports, il nous a assuré qu'il n'y avait pas d'arrêt dans ces différents projets. Ce dossier des Jeux de 2027, ce n'est pas seulement un dossier du COPF, il faut que ce soit un projet du Pays, et la population devra être à un moment associée aussi. En plus du projet des Jeux du Pacifique de 2027, au COPF on souhaite également relancer le sport dans les îles. Il y a des Jeux de Polynésie que nous devons également organiser en 2022. Mais pour cela il faut relancer les compétitions dans les archipels pour avoir la matière première. Pour relancer la machine on a remis en place des délégués dans les différents archipels.

Rédigé par Désiré Teivao le Lundi 16 Novembre 2020 à 14:41 | Lu 2188 fois