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Louis Frébault à l'écoute de "Te Rima Hotu Rau"


Louis Frébault à l'écoute de "Te Rima Hotu Rau"
La fédération des syndicats agricoles "Te Rima Hotu Rau" est venue en force, mardi après-midi, rencontrer son nouveau ministre de tutelle. Ayant hérité du portefeuille de l'agriculture au sein du gouvernement polynésien il y a quinze jours, Louis Frébault tient à rencontrer l'ensemble des acteurs du monde rural afin de prendre ses décisions en connaissance de cause. Avec un dossier "chaud" le projet "Kai Hotu Rau".


Le nouveau ministre en charge de l'agriculture a pu d'emblée annoncer à Kalani Teixeira, président de la fédération Te Rima Hotu Rau, et ses amis, la décision prise le matin même par le conseil des ministres, de différer les élections à la Chambre d'agriculture.
Ce report était souhaité aussi bien par cette fédération que par le président actuel de la Chambre d'agriculture, en raison notamment de la nécessité de reconstituer les collèges électoraux des Australes et des Marquises, ce qui ne pouvait pas être fait avant la date initialement prévue du 21 mai 2011. Ces élections auront lieu au début de l'année 2012.


Les importations de fruits et légumes en question

Autre dossier à traiter d'urgence, le projet de centrale d'achat des produits de l'agriculture mis en œuvre par le précédent ministre, la SA Kai Hotu Rau", dont le démarrage est prévu le 1er avril 2011.
La fédération Te Rima Hotu Rau ne met pas en doute le caractère positif de la démarche de Frédéric Riveta, animée par le souci d'assurer une meilleure commercialisation des produits agricoles, en particulier au niveau de l'exportation.
Cependant elle conteste que cette structure, constituée en société anonyme dont la majorité des parts est détenue par des négociants "qui n'ont pas de relations avec le monde agricole" , puisse prétendre représenter le monde agricole. La fédération considère surtout comme inacceptable que cette société puisse avoir pour objet l'importation de produits agricoles.
"Ils seront plus tentés d'importer que de vendre les productions locales", a expliqué Kalani Teixeira à Louis Frébault. "C'est une porte ouverte à la facilité" a renchérit un collègue.
Le président de Te Rima Hotu Rau estime que "c'est aux agriculteurs de décider des importations, comme cela se fait en Nouvelle Calédonie".
Ces importations étant décidées en Polynésie française par la "Conférence agricole" qui se réuni mensuellement, Kalani Texeira craint que les négociants de Kai Hotu Rau, qui ont réussi à siéger au sein du "Comité d'orientation et dévaluation de la politique agricole" (COEPA), ne parviennent également à influencer cette Conférence agricole.
C'est la raison pour laquelle cette fédération demande instamment au ministre de l'agriculture que soit supprimée des activités de la SA Kai Hotu Rau la possibilité d'importer.


"Il y a mieux à faire avec l'argent public"

De plus, le président de la fédération estime "anormal que l'argent public du Pays serve à favoriser les importations".
Kalani Teixeira et ses amis ont expliqué au ministre qu'il existe déjà des structures de commercialisation des produits agricoles, et que lorsqu'ils entendent parler d'un investissement total d'un milliard Fcfp dans le projet Kai Hotu Rau, "cela fait rêver à tout ce qu'on pourrait faire, avec cet argent, en matière de recherche, d'irrigation, de valorisation des terres agricoles".
La fédération Te Rima Hotu Rau était représentée par plusieurs présidents ou responsables de syndicats de producteurs, représentants quasiment toutes les secteurs du monde agricole, maraîchers, horticulteurs, éleveurs de porcs et de bovins, producteurs de fruits et légumes "bio", vanilliculteurs…

"Un creuset pour le traitement de l'emploi"

Presque tous ont pris la parole pour affirmer devant le ministre de l'agriculture leur conviction que l'agriculture polynésienne a devant elle une grande marge de progression. Ainsi, Françoise Henry, présidente du syndicat des producteurs de fruits et légumes et vice-présidente de la fédération, estime que l'agriculture est non seulement "une base nécessaire pour assurer la souveraineté alimentaire de la Polynésie", mais également "porteuse de développement du secteur secondaire", à travers l'industrie de transformation. Et à ce titre, elle devrait être considéré par les pouvoirs publics comme "un creuset pour le traitement de l'emploi".
Pour cela, "le relationnel entre le politique et le monde agricole doit être clair et loyal", a encore plaidé Kalani Teixeira, regrettant que les excellentes relations qui existaient avec le Service du développement rural, la Chambre d'agriculture et les responsables politiques aient été perturbées par la création de Kai Hotu Rau, "le grain de sable, l'erreur stratégique qui est comme une épine dans le cœur des agriculteurs".

Louis Frébault: "Il faut agir vite"

Un éleveur de bovin a également plaidé pour la remise en exploitation du plateau de Toovi dans l'île de Nuku Hiva, tandis qu'un producteur de fruits demandait au ministre ce qui se passerait à son avis si l'on autorisait une importation massive d'oranges alors que celles de Hiva Oa arrivent à Tahiti.
Des arguments qui sont bien entendu allés droit au cœur du ministre marquisien Louis Frébault. Celui-ci n'a d'ailleurs pas caché son point de vue sur les importations: "Cela me choque, et c'est pourquoi j'avais besoin de vous rencontrer et de vous écouter. Je ne suis en charge de l'agriculture que depuis quinze jours, laissez-moi le temps de prendre connaissance de tous les aspects de ce problème. On va se revoir."
Le ministre a expliqué qu'il devait également recevoir les responsables de la SA Kai Hotu Rau et écouter leurs arguments. "Il faut agir vite, ils sont prêts à démarrer".
Les représentants de l'agriculture polynésienne ont remercié Louis Frébault de les avoir reçus rapidement et de les avoir écoutés longuement, l'assurant de leur disponibilité pour travailler avec lui au développement du secteur agricole et s'affirmant prêts au dialogue avec tous les partenaires de la filière.



LEGENDE PHOTO:

Le ministre de l'agriculture Louis Frébault a reçu une quinzaine de représentants des syndicats de producteurs, entourant le président de leur fédération; Kalani Teixiera.

Rédigé par communiqué le Jeudi 24 Mars 2011 à 14:42 | Lu 716 fois