Paris, France | AFP | mardi 10/05/2016 - Les insecticides de la famille des néonicotinoïdes, utilisés dans l'agriculture et considérés comme nocifs pour les abeilles, sont au coeur des débats alors que le Sénat est revenu en commission sur l'interdiction votée par l'Assemblée nationale dans le projet de loi sur la biodiversité.
Au terme d'un débat intense, l'Assemblée nationale avait voté à la mi-mars en deuxième lecture l'interdiction sans dérogation des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018. Dans une démarche inhabituelle, Stéphane Le Foll avait pourtant envoyé aux députés une lettre pour les appeler à ne pas entreprendre de telles "interdictions brutales" au seul niveau français.
Mais depuis, la balance est repartie dans l'autre sens au Sénat.
Les sénateurs ont en effet rétabli en commission, à l’unanimité des membres des groupes socialiste et Les Républicains, le texte initial voté en première lecture prévoyant qu'un arrêté du ministre de l'Agriculture définisse les conditions d'utilisation de ces produits, sans évoquer d'interdiction.
C'est ce texte qui sera examiné à partir de mardi au Sénat.
Contrairement à une interdiction brutale, cette réglementation permettrait "d'encadrer l'utilisation de ces produits, sans pour autant conduire des productions agricoles dans des impasses techniques", peut-on lire dans les amendements déposés par le groupe Les Républicains.
Le délai de deux ans d'ici à l'interdiction prévu dans le projet de loi voté à l'Assemblée est en effet considéré comme trop court par les groupes d'agrochimie.
"On est dans des métiers où on travaille sur des plateformes de 5 à 10 ans" pour développer de nouveaux produits, explique à l'AFP le directeur général de Syngenta France, Denis Tardit.
Et, selon lui, à ce jour, les néonicotinoïdes "sont les (produits) les plus efficaces et les plus respectueux de l'environnement quand on fait une approche comparative".
"On risque de revenir sur des produits plus anciens. On était avec des iPad, on va retourner au minitel, avec des produits qu'il faudra appliquer plus souvent et donc avec des risques de résistance plus élevés", soutient-il.
Face aux insectes vecteurs de maladies comme les pucerons et la cicadelle, les producteurs estiment aussi ne pas avoir de meilleurs moyens de défense que les néonicotinoïdes.
- Pertes de rendement -
Ainsi, le directeur général de la confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Alain Jeanroy, déclare qu'en cas d'interdiction des néonicotinoïdes, "nous serions obligés de revenir à une pratique beaucoup plus dommageable pour l'environnement, avec une ou plusieurs pulvérisations".
La conséquence pourrait aussi être des baisses de rendements "d'environ 15% pour certaines régions" selon lui.
C'est également l'argument des producteurs de céréales à paille (blé, orge, avoine) réunis dans l'AGPB qui estiment les "pertes de rendements" évitées grâce aux grains enrobés d'un produit à base de néonicotinoïdes, à 30% pour l'orge et 21% pour le blé.
Face aux fabricants et aux producteurs, les organisations écologistes plaident, elles, pour l'arrêt total et rapide d'un produit jugé nocif, notamment pour les abeilles.
Plusieurs ONG et organisations professionnelles dont la Confédération paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, et Greenpeace ont demandé la semaine dernière aux sénateurs de promouvoir des "alternatives sans chimie" à ces pesticides considérés comme "néfastes pour l'environnement et la santé".
Depuis le milieu des années 1990, chaque année, 30% des colonies d'abeilles meurent. Avant 1995, date de l'apparition des néonicotinoïdes sur le marché français, "les mortalités avoisinaient seulement les 5%", ont relevé les organisations.
Des arguments que conteste Syngenta. "Toutes les études qu'on a pu faire montrent que, bien utilisé dans les conditions pratiques d'emploi, on n'observe pas d'effets sur les ruches", lors des études aux champs, assure M. Tardit.
Mais si les sénateurs ont semblé entendre ces arguments, la loi biodiversité devra ensuite repasser devant l'Assemblée nationale et les débats sont loin d'être terminés.
Au terme d'un débat intense, l'Assemblée nationale avait voté à la mi-mars en deuxième lecture l'interdiction sans dérogation des néonicotinoïdes à partir du 1er septembre 2018. Dans une démarche inhabituelle, Stéphane Le Foll avait pourtant envoyé aux députés une lettre pour les appeler à ne pas entreprendre de telles "interdictions brutales" au seul niveau français.
Mais depuis, la balance est repartie dans l'autre sens au Sénat.
Les sénateurs ont en effet rétabli en commission, à l’unanimité des membres des groupes socialiste et Les Républicains, le texte initial voté en première lecture prévoyant qu'un arrêté du ministre de l'Agriculture définisse les conditions d'utilisation de ces produits, sans évoquer d'interdiction.
C'est ce texte qui sera examiné à partir de mardi au Sénat.
Contrairement à une interdiction brutale, cette réglementation permettrait "d'encadrer l'utilisation de ces produits, sans pour autant conduire des productions agricoles dans des impasses techniques", peut-on lire dans les amendements déposés par le groupe Les Républicains.
Le délai de deux ans d'ici à l'interdiction prévu dans le projet de loi voté à l'Assemblée est en effet considéré comme trop court par les groupes d'agrochimie.
"On est dans des métiers où on travaille sur des plateformes de 5 à 10 ans" pour développer de nouveaux produits, explique à l'AFP le directeur général de Syngenta France, Denis Tardit.
Et, selon lui, à ce jour, les néonicotinoïdes "sont les (produits) les plus efficaces et les plus respectueux de l'environnement quand on fait une approche comparative".
"On risque de revenir sur des produits plus anciens. On était avec des iPad, on va retourner au minitel, avec des produits qu'il faudra appliquer plus souvent et donc avec des risques de résistance plus élevés", soutient-il.
Face aux insectes vecteurs de maladies comme les pucerons et la cicadelle, les producteurs estiment aussi ne pas avoir de meilleurs moyens de défense que les néonicotinoïdes.
- Pertes de rendement -
Ainsi, le directeur général de la confédération générale des planteurs de betteraves (CGB), Alain Jeanroy, déclare qu'en cas d'interdiction des néonicotinoïdes, "nous serions obligés de revenir à une pratique beaucoup plus dommageable pour l'environnement, avec une ou plusieurs pulvérisations".
La conséquence pourrait aussi être des baisses de rendements "d'environ 15% pour certaines régions" selon lui.
C'est également l'argument des producteurs de céréales à paille (blé, orge, avoine) réunis dans l'AGPB qui estiment les "pertes de rendements" évitées grâce aux grains enrobés d'un produit à base de néonicotinoïdes, à 30% pour l'orge et 21% pour le blé.
Face aux fabricants et aux producteurs, les organisations écologistes plaident, elles, pour l'arrêt total et rapide d'un produit jugé nocif, notamment pour les abeilles.
Plusieurs ONG et organisations professionnelles dont la Confédération paysanne, la Fondation Nicolas Hulot, et Greenpeace ont demandé la semaine dernière aux sénateurs de promouvoir des "alternatives sans chimie" à ces pesticides considérés comme "néfastes pour l'environnement et la santé".
Depuis le milieu des années 1990, chaque année, 30% des colonies d'abeilles meurent. Avant 1995, date de l'apparition des néonicotinoïdes sur le marché français, "les mortalités avoisinaient seulement les 5%", ont relevé les organisations.
Des arguments que conteste Syngenta. "Toutes les études qu'on a pu faire montrent que, bien utilisé dans les conditions pratiques d'emploi, on n'observe pas d'effets sur les ruches", lors des études aux champs, assure M. Tardit.
Mais si les sénateurs ont semblé entendre ces arguments, la loi biodiversité devra ensuite repasser devant l'Assemblée nationale et les débats sont loin d'être terminés.