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Logements étudiants : bientôt une nouvelle vie pour l'immeuble Van Bastolaer


L'immeuble Van Bastolaer, en face du Centre des métiers d'art à Papeete, est dans cet état depuis de nombreuses années. Il est désormais gardé jour et nuit.
L'immeuble Van Bastolaer, en face du Centre des métiers d'art à Papeete, est dans cet état depuis de nombreuses années. Il est désormais gardé jour et nuit.
PAPEETE, le 28 novembre 2016 - Annoncé depuis longtemps, le projet devrait prendre forme dans le courant de l'année 2017. L'immeuble Van Bastolaer, acquis par le Pays en 1991, va être transformé en une soixantaine de logements étudiants.

Une véritable verrue urbaine. Dans la rue du Régent Paraita à Papeete, à quelques mètres du Centre des métiers d'art (CMA), l'immeuble Van Bastolaer n'est pas connu pour sa remarquable architecture. Il l'est plutôt pour sa façade jaunâtre et délabrée ainsi que ses alentours peu engageants. "Depuis que je suis dans le quartier, j'ai toujours vu ce bâtiment, sans que rien ne se passe à l'intérieur. Il a toujours été ainsi. Alors, à force, on s'est habitué à vivre avec", témoigne une passante.

Les commerçants de la rue n'en dressent pas un tableau plus reluisant. "Depuis que j'ai installé mon commerce, j'ai toujours vu ce bâtiment. Nous avons entendu pas mal de choses au fil des années mais rien n'a été fait. Au final, je me dis que ça fait 20 ans que l'on vit avec donc qu'ils l'enlèvent ou pas, ça ne change rien."

Racheté par le Pays en 1991, l'immeuble a été délaissé pendant de nombreuses années. Squatteurs et va-nu-pieds y avaient installé leur quartier. "Nous les voyions tous les jours. Ils ne faisaient pas de mal mais c'est vrai que ça faisait un peu désordre car le bâtiment n'était pas du tout entretenu et des fois, il y avait des bagarres entre eux", précise un quinquagénaire qui habite à proximité. Ces squatteurs ont été délogés par les forces de l'ordre en 2015. Depuis, des gardiens se relaient nuit et jour pour assurer la sécurité du bâtiment. Le Pays a entrepris de réaménager le bâtiment pour en faire des logements étudiants. Une initiative prise pour répondre à un besoin criant de logements étudiants sur l'île de Tahiti. Près de 60 logements pourraient y être construits.

Une expertise réalisée l'année dernière a indiqué que le gros œuvre de cet immeuble était en bon état. Les travaux porteront sur le second œuvre et la réhabilitation. Le jeudi 24 novembre dernier, lors du vote du collectif budgétaire à l'assemblée, il a été alloué une enveloppe de 500 millions de Francs CFP pour les travaux, qui devraient commencer en 2017.

UNE BONNE NOUVELLE

Lors de la séance sur le 3ème collectif budgétaire, à l'assemblée, Antonio Perez, élu du Rassemblement pour une majorité autonomiste (RMA), avait réagi sur ce point : "Alors, aussi « rocambolesque » que puisse paraître le rachat à l’époque de ce bien par le Pays (NDLR : en 1991), pour reprendre l’expression d’un représentant UPLD, le gouvernement préfère agir et avancer plutôt que de ressasser le passé! Nous disposons en effet d’un patrimoine immobilier, il est temps d’en faire quelque chose ! Selon les informations dont je dispose, le dossier est bien avancé entre le ministère de l’Education et TNAD ; il donnera lieu à une convention de Maîtrise d’ouvrage déléguée (MOD) une fois que ce collectif aura été adopté, dans l’espoir de voir ce chantier démarrer au plus vite pour le bien de nos jeunes." La convention est en effet en cours d'élaboration entre Tahiti Nui Aménagement et développement (TNAD) et le ministère de l'Éducation, dont le financement de cette opération sera imputé au budget.

Dans le quartier, l'annonce de la réhabilitation de l'immeuble Van Bastolaer est une bonne nouvelle. "Il est important que quelque chose d'autre se fasse, on ne peut pas le laisser comme ça ! Ce sera toujours mieux que ce truc, là! Bien sûr, en tant que commerçante, j'aurais préféré que ce soit des commerces, mais bon, des jeunes étudiants, cela ne va pas nous déranger!"

Le bâtiment ne sera pas le seul à donner un coup de jeune au quartier. Dans quelques mois, un nouvel immeuble sortira de terre et, côté Prince Hinoï, un centre médical pourrait lui aussi apporter un nouveau souffle de vie à cette rue, dont la verrue devrait être bientôt ôtée.

"Répertorier les maisons à louer sur Faa'a et Puna'auia"

Parole à Taoahere Maono, président de l'association des étudiants de l'Université de Polynésie française (UPF).

"Le problème des logements étudiants est un problème qui perdure depuis longtemps. Le territoire n'a pas assez de moyens pour avoir les bâtiments nécessaires. Maintenant, il faut aussi être réel : une grande part de responsabilité vient des étudiants. Beaucoup s'inscrivent à l'université par défaut et ne vont même pas en cours. En faisant ça, ils bloquent des places dans des logements étudiants pour les personnes qui en auraient vraiment besoin ! Je pense aussi qu'il faut que nous prenions des initiatives en tant qu'association des étudiants. Il est peut être temps de faire un diagnostique afin de savoir combien de maisons il y à louer sur Faa'a ou Puna'auia par exemple. Il faudrait en faire un répertoire et rencontrer les gens pour savoir s'il est possible de faire quelque chose. Maintenant, avoir un peu plus de logements, même en centre-ville, ce n'est pas grave. Nous ne sommes plus à ça de près! Bien souvent, à ce problème d'hébergement, s'ajoute un autre problème qui est celui des transports. Aujourd'hui, il est impossible d'avoir des transports publics efficaces! S'il y avait une véritable entreprise qui assurait sa mission de service publique en matière de transport, les gens de la Presqu'île n'auraient pas à trouver de logement près de l'université!"

Coup de pouce de la part du gouvernement

Lors du conseil des ministres qui s'est tenu le 23 novembre dernier, le gouvernement a décidé d'étendre le dispositif d'aide de l'Agence immobilière et sociale de Polynésie française (AISPF) aux étudiants qui rempliront les critères d'éligibilité : éloignement et revenus. "Cette solution permettra de pallier le manque actuel de logements disponibles en attendant la construction de l’extension de la cité universitaire, dont le lancement est prévu au 1er semestre 2017, et qui comptera 83 logements, ce qui représente une capacité d'accueil de 160 étudiants", annonce un communiqué de la présidence.

Cette décision du gouvernement permettra à l'AISPF de prendre en charge de manière partielle les frais de logement des étudiants polynésiens qui n'ont pas trouvé une solution adaptée à la poursuite de leurs études.

Rédigé par Amelie David le Lundi 28 Novembre 2016 à 15:40 | Lu 6312 fois