Logement : 10 milliards par an pour la construction


Devant une salle pleine de promoteurs immobiliers privés ou de professionnels de la construction, Tearii Alpha, a présenté, ce mercredi après-midi, le plan de campagne 2016 en matière de logement, en présence du vice-président, Nuihau Laurey et du ministre de l’Equipement, Albert Solia.
PAPEETE, le 17 février 2016. En attendant les chantiers des grands projets du Pays, la relance économique passera par la construction de logements où le retard à combler est abyssal. Pour soutenir cette mobilisation sans précédent les promoteurs immobiliers privés seront appuyés par des aides en nature (terrains) et en exonérations (TVA et droits d'enregistrement).

Le logement social ou intermédiaire a été ces dernières années le parent pauvre de la Polynésie française. Manque de financements pour le seul bailleur social du Pays, instabilité politique, manque de trésorerie du Pays pour abonder sa part dans le Contrat de projets qui se terminait en 2014. Les raisons du fiasco sont à présent connues de tous et ont été analysées en détail. La faiblesse des logements sociaux livrés au cours des deux dernières années en dit assez long sur ce naufrage : 12 en 2013, 25 en 2014, le ministre du logement Tearii Alpha les a cités lui-même.

Aussi pas question d'en rester à des productions aussi faibles que ces dernières années alors que la demande de logements sociaux, ou à loyers modérés, est importante dans le Pays. Il fallait donc prendre le problème à bras-le-corps. A tel point qu'hier, le ministre du logement a fait part aux promoteurs privés du territoire et aux professionnels de la construction de son "plan de campagne" du volet logement. Il s'articule sur une politique très volontariste du gouvernement sur ce secteur du logement dans le but d'atteindre dès 2017 à la construction annuelle de 400 logements (dont 250 en habitat groupé).

Des mesures incitatives vont être prises pour la mise à disposition des promoteurs d'assises foncières du Pays (plusieurs dizaines d'hectares dans les grands domaines territoriaux), l'application d'une TVA à taux zéro et l'exonération des droits d'enregistrement (pour les opérateurs de logements sociaux privés, les OLS). Un soutien énergique mais qui évite au Pays d'avoir à débourser de l'argent pour des subventions. Selon Tearii Alpha les textes pour ces mesures incitatives sont en cours de validation, seront présentées au gouvernement dans quelques jours et à l'assemblée de la Polynésie dans la foulée.

400 LOGEMENTS PAR AN

L'objectif est d'arriver le plus rapidement possible à faire sortir de terre 400 logements par an (dans le parc social ou le parc intermédiaire), ce qui représente peu ou prou un investissement de 10 milliards de Fcfp annuels. Sur cette somme imposante, tout ne sera pas réalisé par le seul bailleur public du Pays. Même si l'OPH voit sa production augmenter considérablement (déjà 6 milliards engagés au sein du Contrat de projets pour cette année 2016, soit deux fois plus que l'an dernier), le bailleur social du Pays ne pourra pas, à lui seul, effectuer toutes ces constructions. C'est là, par conséquent, qu'entrent en scène des opérateurs immobiliers privés pour des logements intermédiaires, notamment via des organismes OLS agréés par le Pays. Deux opérateurs de logements sociaux privés existent déjà sur le territoire, d'autres pourraient suivre.

"On compte sur vous pour que dès l'exercice 2016 on puisse atteindre au moins 300 logements, ce qui serait une programmation gigantesque déjà par rapport aux cinq dernières années" souligne le vice-président en charge des finances Nuihau Laurey indiquant que la programmation exposée par le ministre du logement est "réaliste avec des projets très diversifiés". Tout le gouvernement d'Edouard Fritch est mobilisé pour ce "plan de campagne" du logement. Aux côtés du ministre des finances qui justifie les choix du gouvernement à la mise en place d'outils pour stimuler la construction, Albert Solia ministre de l'équipement et de l'aménagement renchérit : "j'accompagne au maximum, car la construction est vitale pour nous en attendant les chantiers des grands projets". Aussi, TNAD, (Tahiti Nui aménagement et développement) sera mis à contribution également. L'établissement public sera en charge de viabiliser les terrains domaniaux en vue d'y construire de nouveaux quartiers qui mêleront logements sociaux et logements privés intermédiaires. La main est tendue aussi vers les propriétaires privés : il reste selon le ministre des "poches" de foncier disponible y compris dans les communes de la zone urbaine de Papeete.

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EN CHIFFRES

Dix chantiers en habitat groupé (240 logements en construction), huit études de construction d'habitats groupés pour le futur, la programmation de 400 fare OPH individuels, la préparation de 1200 arrêtés d'aides individuelles pour l'habitat.
En 2014, l'OPH a liquidé 1,4 milliard en 2015 le même bailleur social a liquidé 3,2 milliards de Fcfp pour la construction de logements. En 2016, 6 milliards de Fcfp devraient être dépensés par l'OPH pour de nouvelles constructions.

La caisse des dépôts et consignation (CDC) revient en Polynésie

Après deux ans de discussion et de préparation avec le ministre des finances polynésien, la Caisse des dépôts et consignations, organisme essentiel en France métropolitaine et dans les DOM du financement du logement social va signer, lundi, au domaine Labbé une convention avec le Pays, en présence du président de la République. L'organisme mettra à disposition dans le budget du Pays, dès la fin de l'année 2016, des enveloppes conséquentes pour soutenir la construction de logements sociaux. De quoi assurer le Pays d'avoir les moyens de suivre la programmation en logements du Contrat de projets 2015-2020. La CDC avait délaissé la Polynésie française engluée dans des soubresauts politiques et financiers, son retour est le signe d'un mieux être évident. La CDC prévoit d'appuyer le Pays à hauteur de 2,4 milliards de Fcfp par an sur les cinq prochaines années.

Tearii Alpha, ministre du logement : "Nous allons travailler en concertation avec les communes"

Y-a-t-il encore du foncier disponible à Tahiti ?

Il y a beaucoup de foncier : beaucoup est privé mais il y a aussi encore beaucoup de foncier disponible maîtrisé par le Pays dans la zone urbaine. Justement nous lançons des études sur ces grands domaines : le domaine Amoe, le domaine Eperona, le domaine Bonnefin en concertation avec les communes pour créer de nouveaux quartiers dans ces communes où l'on ne mettra pas que du logement social, mais en privilégiant la mixité avec l'OPH et un opérateur privé pour construire ces nouveaux bâtiments.

Que ferez-vous néanmoins si des riverains s'opposent à la construction de ces nouveaux quartiers comme cela a pu se produire dans le passé ?

On va impliquer les communes et on va faire beaucoup de pédagogie sur le terrain. Aujourd'hui dans toutes les familles toutes les couches sociales sont représentées : il y a celles qui ont besoin d'être aidées pour être logées et il y a celles qui n'ont besoin de personne pour construire leur maison. On a intérêt à faire rencontrer tout le monde. Il faut enfin que les maires nous aident dans ces aménagements de domaines publics pour nous aider à préparer le quartier du futur.

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 17 Février 2016 à 17:18 | Lu 1432 fois