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Lionel Beffre : « Le rapport de l’IGAS n’engage que ses auteurs »


PAPEETE, le 13 octobre 2014- Au terme d’une longue période de réserve imposée par les calendriers électoraux, le Haut Commissaire de la République Lionel Beffre a réuni la presse ce lundi matin autour d’un petit déjeuner. L’occasion de faire un point sur les principaux dossiers tels que le contrat de projet, la cession des terrains militaires ou les actions de l’Etat en faveur du développement économique local, mais aussi de revenir sur le rapport de l’IGAS et les relations entre le pouvoir central et le nouveau gouvernement.


Pouvez-vous nous donner quelques informations sur le prochain CDP ?

Le dernier contrat de projet avait été prolongé d’un an et il va arriver à son terme en fin d’année. Il devrait être reconduit dans des conditions identiques , le budget des outremer ayant été augmenté de 9%, ce qui démontre que la mobilisation de l’Etat en faveur des outremer reste forte.

J’ai adressé au Président Fritch un projet d’orientation qui indiquerait quelles sont les volets que l’on pourrait intégrer dans ce contrat de projet et comment on veut le traiter. Nous allons en discuter à son retour de Paris la semaine prochaine et cela aboutira à un document qui sera signé avant la fin de l’année.

Au total ce sont 32 milliards qui ont été dépensés avec un taux d’exécution de 67 %,. c’est pas mal, mais il faut trouver un moyen d’aboutir à un taux supérieur.

L’idéal serait qu’on arrive au terme des 6 ans du CDP à un taux de 100%, c’est fait pour cela.
Avec 67% de réalisé, on s’aperçoit qu’il y a eu des lacunes, qu’on y a mis des projets qui n’étaient pas suffisamment mûrs, que l’instabilité n’a pas favorisé l’évolution des projets, mais aussi que le circuit administratif était parfois compliqué. On va faire en sorte dans le futur contrat de mettre en place des dispositifs plus simples pour pouvoir aboutir à un taux d’exécution bien meilleur que celui-ci.
L’année supplémentaire à été bénéfique car on est passé de 53 à 67 %. C’est une année qui nous aura permis de mener à bien le logement social au domaine Labbey, le tourisme nautique aux îles sous le vent, donc ça n’a pas été inutile. Et il a fallu rattraper d’arrache-pied un certain nombre de projets qui au départ n’étaient pas très mûrs.

3ème instrument financier a atteint 100% de réalisation

Le 3ème instrument financier fonctionne bien car le taux de financement de l’Etat est très élevé, il est de 80% , et on a moins de partenaires à solliciter. Ce sont des dossiers d’infrastructure plus simples à mener, avec un ou deux interlocuteurs qui sont le ministère de l’aménagement ou de l’équipement, ils sont habitués, c’est plus facile que lorsqu’il s’agit de choses nouvelles.

Ou en sommes-nous de la rétrocession des terrains militaires ?

Les difficultés sont essentiellement d’ordre juridique, c’est à dire qu’aujourd’hui, la commune n’a pas compétence pour mener à bien les projets qu’elle envisage ( les projets d’aménagement relevant de la compétence du Pays NDLR), et pourtant elle est bénéficiaire des terrains à l’euro symbolique, donc il faut réussir à lever cette contradiction et on ne peut le faire que d’une manière juridique.

On espère que dans les 3 mois qui viennent on pourra aboutir à un accord, soit par la mise en place d’une loi de pays qui confie la compétence aux communes de façon ponctuelle et définie, soit par la création d’un syndicat mixte pour pouvoir enfin procéder à la cession aux communes pour l’euro symbolique de ces terrains et qu’ensuite elles puissent mener à bien les projets économiques qui leur tiennent à cœur. Les communes jusqu’à présent ne se sont pas montrées favorables à la création de ce syndicat mixte.

Il y aura aussi une deuxième question qui est celle d’aider les communes à mener leurs projets parce qu’elles n’ont pas les finances nécessaires, mais cela on peut y arriver à travers les sommes spécifiques qui sont prévues sur les contrats des redynamisation et peut-être un apport complémentaire du contrat de projet pour favoriser leur réalisation.

Le retour de l’Etat dans le financement du RST est-il conditionné par l ‘application par la Pays des recommandations du rapport de l’IGAS ?

Le dossier du RST est un sujet sur lequel nous souhaitons travailler rapidement, le déficit cumulé en fin 2014 sera de 6 milliards. Le Président Fritch est à Paris, il va rencontrer Marisol Touraine et George Pau Langevin, un rendez-vous a été confirmé avec Manuel Valls également.

La participation de l’Etat dans le RST est en lien avec l’application des recommandations du rapport de l’IGAS. Comme l’ont dit les ministres dans la lettre qu’elles ont adressé au Président Fritch, ce sera une contribution qui se fera au regard des engagements qui seront pris pour mener à bien un certain nombre de réformes et notamment des réformes structurelles et de long terme. Mais on ne peut pas dire que les retour de l’Etat soit conditionné par la mise en œuvre complète des 66 recommandations qui figurent dans le rapport. Ce rapport n’est qu’une boite à outil comme cela a été dit, il appartient au Pays de décider ce qui lui paraît possible et ce qui ne lui paraît pas possible, et donc l’Etat ne s’attend pas, bien entendu à ce que les 66 recommandations soient mises en œuvre dans les deux mois, ce serait tout à fait irréaliste et peut-être même pas souhaitable, donc, il faut que le gouvernement examine, et je sais qu’il est en train de le faire, les 66 recommandations, du rapport, puis qu’il indique celles qui lui paraissent devoir être mises en œuvre. Ensuite l’Etat se positionnera assez vite.

La prison de Papeari, la rénovation du site de Moruroa, quel impact ces projets ont-ils sur le Territoire?

L’Etat continue ses activités en faveur du développement économique local. La construction de la prison à Papeari tient ses délais, un directeur pénitentiaire a été nommé en la personne de Monsieur Marceau, il a commencé à préparer les concours et nous nous attendons à accueillir plusieurs milliers de candidatures polynésiennes pour les 160 postes de surveillants qui seront créés. Il est également prévu de rénover le site d’observation et de surveillance de Moruro’a, 100 millions d’euros sont prévus pour ce projet qui va faire travailler des entreprises polynésiennes.
D’un manière générale, ces projets ouvrent des opportunités utiles au Territoire car ils vont nécessiter des apports énergétiques, des réseaux de distribution, des contrats de maintenance, des besoins capables d’aider les entreprises à remplir leur carnets de commande.

Comment voyez-vous arriver l’épidémie de Chikungunya ?

Depuis quelques jours nous craignions cette nouvelle car nous ne sommes pas à l’abri des flux internationaux. La santé est sous la compétence du Pays qui a pris les dispositions nécessaires en terme d’intervention. J’ai indiqué que j’étais prêt à faire intervenir les services de l’Etat pour donner l’appui qui était nécessaire, et donc maintenant ce qu’il faut c’est que l’on suive au jour le jour l’évolution des choses.

Nous sommes attentif à Ebola mais nous n’avons pas le même degré de risques que pour le chinkungunya, c’est donc une affaire qu’il faut surveiller de près aussi mais nous ne sommes pas là dans une phase de début d’épidémie, nous sommes en prévention pure.

Ou en sommes-nous avec l’aéroport de Tahiti ?

Les travaux avancent, que ce soit les travaux de rénovation de la piste, des projets de rénovation intérieure… Pour ce qui concerne les travaux d’agrandissement, l’aéroport de Tahiti a déjà reçu à une époque plus de 250 000 touristes, il a su absorber ce flux, aujourd’hui nous sommes à 165 000 touristes et visons d’atteindre 200 000 ; L’aéroport devrait être en mesure de supporter à nouveau ce nombre.
J’ai entendu que le ministre du développement économique et du tourisme suggérait que l’on fasse entrer des membres désignés par la Pays au sein du Conseil d’Administration d’ADT, cela me semble un bonne idée car cela permettrait au Pays de faire entendre sa voix et de participer aux débats.


Le Président François Hollande envisage-il de venir en Polynésie ?

François Hollande va aller en Australie et en Nouvelle Calédonie d’ici la fin de l’année mais sa fonction l’empêche de rester trop longtemps hors de la métropole. Il envisage de venir l’année prochaine en Polynésie.




Rédigé par () le Lundi 13 Octobre 2014 à 17:29 | Lu 1521 fois