Liliane Peu, chef d'orchestre de la cuisine centrale de Mahina


MAHINA, le 30 mars 2017 - La quinquagénaire tient les rênes de la cuisine centrale de Mahina. Dans le bouillon depuis 35 ans, elle prend son métier très à cœur, pour le bien des enfants.

"Quand je suis allée voir à l'école ce qu'il se passait au moment des repas, j'ai vu que les enfants mangeaient bien et beaucoup et qu'ils aimaient ce qu'ils avaient dans l'assiette. Cela m'a fait plaisir de voir ça… J'en avais les larmes aux yeux." Difficile de remettre en doute la sincérité de Liliane Peu quand elle évoque ses souvenirs de cantine, chiffon dans la main et sourire aux lèvres. Voilà 35 ans qu'elle exerce ce métier. Depuis toutes ces années, la responsable de la cuisine centrale de Mahina a toujours pris sa mission très à cœur.

DE LIVREUR À RESPONSABLE

"J'avais 20 ans et je cherchais du travail. J'avais postulé à l'OPT mais il n'y avait rien. On m'a parlé d'un emploi à la cuisine centrale et c'est comme ça que j'ai commencé…" Pendant les premières années, elle avait en charge le transport et la livraison des repas dans les différentes écoles. Petit à petit, elle est entrée en cuisine, se formant comme employé polyvalent, auprès des chefs cuisiniers. "En fait, je ne savais pas du tout cuisiner. J'ai tout appris sur le tas, en observant les autres et aidant de temps en temps…", souligne t-elle en nettoyant un plan de travail.

Debout dans l'entrebâillement de la porte, côté froid, Liliane Peu connaît aujourd'hui tout des ingrédients utilisés et des plats à préparer. Il y a deux ans, elle est montée en grade. Liliane Peu est devenue responsable de la cuisine centrale de Mahina. C'est elle qui a en charge l'organisation de la cuisine, la coordination des cuisines et surtout, le management des équipes.

Pour cette chef, il n'y a qu'un mot d'ordre: le sourire. "Quand on rentre ici, je veux que tout le monde laisse ses soucis dehors. Ici, c'est le travail, ce n'est pas la maison, ce n'est pas les enfants. C'est que je dis toujours aux agents : tout le monde a des problèmes mais quand vous rentrez dans cette cuisine, vous les laissez à la porte !" La douceur de sa voix tranche avec la fermeté de ses mots.

Liliane Peu semble avoir trouvé la bonne recette. Autour d'elle, l'équipe des femmes, qui sont huit sur onze employés, s'activent à la tâche. Le coup de feu approche. Râpe et découpe donnent le rythme. Dans un coin de la pièce, une enceinte est installée. Des mélodies polynésiennes en sortent. Chacune des employés se balance en rythme. D'un côté à l'autre, les agents échangent, rient et parfois se taquinent. Toujours dans une ambiance bonne enfant. Voilà sans doute une des raisons pour lesquelles, après 35 ans de service, Liliane Peu n'est pas encore prête à raccrocher le tablier.

"QUAND JE SUIS ENTRÉE ICI, JE NE SAVAIS PAS CUISINER"

Chaque jour, cette enfant de Mahina passe plus de huit heures dans cette cuisine. Elle gère l'équipe et le menu, donne parfois un coup de main quand il y a des vacances ou des congés maladie. "Quand je suis entrée ici, je ne savais pas cuisiner. Désormais, je sais à peu près tout faire…"

D'autant plus que l'occasion est quelque peu particulière aujourd'hui. Les enfants sont en vacances. Mais les maires les ont remplacés. À l'occasion du séminaire organisé par le Syndicat pour les communes (SPC) sur la tarification des cantines, les repas sont préparés par la cuisine centrale de Mahina. Les agents sont sur le pied de guerre depuis plusieurs jours. "Je n'ai pas très bien dormi cette nuit", confie Liliane Peu. "Je me réveillais toutes les heures, du coup, je suis venue là à 3h30 du matin pour commencer à préparer le café." Les employés sont arrivés vers 4 heures. Après avoir pris leur petit déjeuner, ils ont attaqué la journée.

En temps normal, la cuisine ne s'éveille pas aussi tôt. Le café est à 6 heures. Liliane Peu prend soin des agents. "Pour bien travailler, il faut bien manger." Après un bon petit déjeuner, les agents se mettent au travail. Chaque jour de l'année scolaire, ils préparent le repas de 1 600 enfants des sept écoles de Mahina et du centre de jeunes adolescents (CJA). Le rythme est soutenu, mais le sourire des employés laisse penser que chacun se plaît dans cet environnement. "La cantine, j'ai toujours connu. J'y allais quand j'étais petite. Après moi, ma fille mangeait aussi ici. Aujourd'hui, je vois mes mo'otua manger tous les jours à la cantine. Rien que ça, ça me rend heureuse…"

Tereva, cuisinier en chef

Dans la cuisine centrale de Mahina, se sont principalement des femmes qui sont aux fourneaux. Sauf du côté "chaud". Là, Gilbert et Tereva s'affairent à la tâche. Cuisson et découpe de la viande font partie de leur routine. Tereva est le cuisinier de la cuisine centrale.

Après avoir suivi un cursus dans la restauration au lycée hôtelier, il s'est engagé dans l'armée. Il a affiné ses techniques et ses savoirs dans le milieu de la défense avant de travailler dans plusieurs restaurants en métropole puis au fenua. "J'étais jeune, je faisais beaucoup d'heures, c'était beaucoup de travail mais j'aimais bien! Aujourd'hui, je suis dans la cuisine collective. J'ai fait ce choix d'abord pour avoir une vie de famille. Même si ce n'est pas un restaurant, c'est très sympa de travailler là, il y a une bonne ambiance et on fait des recettes sympas!"

Dans la cuisine centrale...


Rédigé par Amelie David le Jeudi 30 Mars 2017 à 17:06 | Lu 7951 fois