PARIS, mercredi 4 janvier 2012 (Flash d’Océanie) – Le gouvernement français a, à son tour, réagi mardi à l’annonce faite, dimanche, par le Premier ministre Contre-amiral Franck Bainimarama concernant la levée, samedi 7 janvier 2012, des mesures d’urgence imposées depuis Pâques 2009.
Dans un communiqué, le ministère français des affaires étrangères et européennes salue cette annonce en précisant que la France « avait appelé de ses vœux cette levée à plusieurs reprises ».
« Si elle se confirme, il s’agira d’une étape importante vers la restauration de l’État de droit et de la démocratie aux îles Fidji. La France encourage les autorités fidjiennes à poursuivre leurs efforts en ce sens, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Union européenne dans le cadre de l’accord de Cotonou. Elle salue également le lancement prévu en février 2012 d’un processus de consultations politiques en vue de l’élaboration d’une nouvelle Constitution. La France souhaite qu’un dialogue politique inclusif puisse s’engager, en vue de la mise en place de réformes effectives qui répondent aux aspirations légitimes du peuple fidjien et contribuent au retour à la démocratie », poursuit le communiqué.
Le gouvernement français, à la suite du putsch du 5 décembre 2006, l’a condamné « et immédiatement suspendu sa coopération militaire et son programme de formation de hauts fonctionnaires, notamment de diplomates », rappelle le Quai d’Orsay.
« En revanche, sa coopération a été maintenue dans les domaines culturel, scientifique et technique (en particulier pour la santé publique et l’aide humanitaire). Les projets fidjiens sont par ailleurs restés éligibles au Fonds français de coopération pour le Pacifique, en liaison avec les trois collectivités françaises du Pacifique », ajoutent les mêmes sources.
Après les réactions rapides des deux plus grands voisins des îles Fidji, l’Australie et la Nouvelle, qui, lundi, ont en substance estimé que cette annonce constituait un « pas dans la bonne direction », tout en demandant à voir la levée effective des mesures d’urgence et les étapes ultérieures nécessaires au rétablissement plein de la démocratie, d’autres gouvernements occidentaux ont aussi commenté l’annonce venue de l’homme fort de Suva.
Pour les États-Unis, le département d’État rappelle aussi dans un communiqué que cette levée de l’état d’urgence, tout comme la tenue d’élections « libres et justes », avaient été demandées de conserve avec d’autres États et « partenaires régionaux ».
Le Commonwealth, dont Fidji a été suspendu de son statut de membre plein en septembre 2009, a pour sa part réagi de Londres en offrant ses services, sous forme d’aide technique, en vue d’épauler Fidji dans le cadre de son processus de retour à la démocratie et d’élaboration d’une nouvelle Constitution, après l’abrogation de la dernière version connue, celle de 1997.
Au plan local, plusieurs organisations, associatives ou religieuses, ont aussi réagi à cette annonce du week-end dernier en se félicitant de la perspective d’une telle mesure.
L’influente église Méthodiste, dont plusieurs dirigeants ont fait l’objet d’arrestations ces derniers mois, a accueilli favorablement cette annonce en y voyant d’abord le moyen de tenir sa prochaine conférence annuelle (les deux dernières éditions avaient été annulées).
Au passage, l’annulation de ces réunions annuelles avait aussi privé l’église méthodiste d’une importante part de ses revenus, sous forme de recettes en collecte auprès des participants.
L’ONG Citizens Constitutional Forum (CCF), spécialisé dans la défense des droits constitutionnels, a pour sa part estimé par voie de communiqué que cette levée des dispositions d’urgence ne devait pas être perçue comme une porte ouverte à des « abus » de la part des citoyens « fâcheux ».
L’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont positionnées, depuis le putsch de décembre 2006, sur une ligne dure condamnant cette prise de pouvoir et imposant des sanctions, notamment sur les visas, depuis refusés à toute personnalité (et à sa famille) participant au gouvernement issu du coup d’État.
Cette proposition a aussi été adoptée, par contrecoup, par le Forum des Îles du Pacifique (FIP), qui a suspendu Fidji de son statut de membre plein en mai 2009.
En septembre de la même année, le Commonwealth prenait une décision similaire à l’encontre de Fidji, pour cause de non retour rapide à la démocratie et défaut d’élections une première fois promises pour cette année-là.
Parallèlement, en ce début d’année, le gouvernement fidjien a annoncé depuis plusieurs semaines déjà le lancement du processus d’enregistrement sur les listes électorales ainsi qu’une réforme du mode de scrutin et du découpage électoral, afin de supprimer les anciennes dispositions de la Constitution de 1997 (abrogée mi-avril 2009, au même moment que l’imposition des « mesures d’urgence « ) qui, jusque là, maintenaient un certain nombre de circonscriptions « réservées » selon des critères ethniques.
Les élections censées marquer le retour de Fidji dans le concert des nations démocratiques est, quant à lui, annoncé (depuis début juillet 2009) pour intervenir à partir de septembre 2014.
Néanmoins, le Contre-amiral, en annonçant dimanche cette date de levée des mesures d’urgence, a insisté sur le fait que les forces de sécurité du pays continueraient à maintenir l’ordre public en toutes circonstances.
« La Constitution doit établir un gouvernement fondé sur un système électoral qui garantisse un suffrage égalitaire, un système véritablement démocratique basé sur le principe d’une personne, une voix, une valeur (…) Nous n’aurons pas de système qui classe les Fidjiens sur une base ethnique. Qui plus est, nos jeunes hommes et femmes de plus de dix huit ans doivent aussi avoir le droit de vote », a-t-il précisé en précisant que certains chapitres de la Constitution à venir seront « non-négociables ».
Jusqu’ici, à Fidji, le droit de vote s’acquiert à partir de 21 ans d’âge.
Alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont maintenu, ces dernières années, une politique basée sur des sanctions à l’encontre de Fidji, d’autres, comme les États-Unis, principalement en réponse aux excellentes relations avec la Chine et la montée en influence de Pékin dans cet archipel océanien et dans toute sa région, ont entamé depuis plus d’un an une politique affichée de « réengagement » vis-à-vis du gouvernement de Suva.
Depuis le putsch de 2006, la communauté internationale et en particulier occidentale (Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Union Européenne, entre autres) demande comme préalable à toute normalisation la mise en place d’un dialogue entre les acteurs politiques de l’archipel « sans exclusive ».
À plusieurs reprises, au cours des dernières années, le Contre-amiral avait indiqué qu’au besoin, il interdirait à certains partis, y compris le SDL du Premier ministre élu renversé en décembre 2006, Laisenia Qarase de participer s’ils n’adhéraient pas à la « nouvelle donne » que M. Bainimarama évoque régulièrement en matière de suppression des facteurs « clivants » au sein de la société fidjienne, à commencer par les tensions pérennes entre les deux principales communautés : les Fidjiens indigènes et les citoyens d’origine indienne, dont les premiers arrivèrent, amenés par le Royaume-Uni, à la fin du dix-neuvième siècle, pour cultiver à la Fidji (alors colonie britannique) la canne à sucre.
Nouvelle interpellation
Entre-temps, vendredi 30 décembre 2011, une ancienne députée et femme d’affaires, à la tête d’une grande chaîne de boulangerie dans le pays, Mere Samisoni, a été interpellée, toujours dans le cadre des dispositions d’urgence.
Après une comparution au cours de laquelle elle et trois autres individus ont été accusés de conspiration en vue de renverser le gouvernement actuel, Mme Samisoni et les trois autres personnes ont été remis en liberté sous caution, moyennant le dépôt d’une somme de près de trois mille dollars US (cinq mille dollars locaux) pour chacun d’entre eux.
La prochaine comparution est prévue pour le 25 janvier 2012.
Dans le cadre de ces mesures d’urgence, d’autres acteurs de la scène syndicaliste, religieuse (en particulier des dirigeants de l’église Méthodiste, étroitement associée au précédent pouvoir et à une mouvance ethno-nationaliste indigène) et médiatique avaient aussi, ces trente trois derniers mois, fait l’objet d’interpellations, d’interrogatoires avant d’être remis en liberté.
« Nous devons tous garder à l’esprit que l’ordre public et la protection des plus vulnérables, ainsi que la sauvegarde de l’économie, seront toujours primordiaux. En tant que nation, nous ne devons pas tolérer non plus ceux qui cherchent refuge et le pouvoir politique en se servant des divisons religieuses, ethniques et communautaires », a annoncé dimanche le Contre-amiral.
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Dans un communiqué, le ministère français des affaires étrangères et européennes salue cette annonce en précisant que la France « avait appelé de ses vœux cette levée à plusieurs reprises ».
« Si elle se confirme, il s’agira d’une étape importante vers la restauration de l’État de droit et de la démocratie aux îles Fidji. La France encourage les autorités fidjiennes à poursuivre leurs efforts en ce sens, conformément aux engagements pris vis-à-vis de l’Union européenne dans le cadre de l’accord de Cotonou. Elle salue également le lancement prévu en février 2012 d’un processus de consultations politiques en vue de l’élaboration d’une nouvelle Constitution. La France souhaite qu’un dialogue politique inclusif puisse s’engager, en vue de la mise en place de réformes effectives qui répondent aux aspirations légitimes du peuple fidjien et contribuent au retour à la démocratie », poursuit le communiqué.
Le gouvernement français, à la suite du putsch du 5 décembre 2006, l’a condamné « et immédiatement suspendu sa coopération militaire et son programme de formation de hauts fonctionnaires, notamment de diplomates », rappelle le Quai d’Orsay.
« En revanche, sa coopération a été maintenue dans les domaines culturel, scientifique et technique (en particulier pour la santé publique et l’aide humanitaire). Les projets fidjiens sont par ailleurs restés éligibles au Fonds français de coopération pour le Pacifique, en liaison avec les trois collectivités françaises du Pacifique », ajoutent les mêmes sources.
Après les réactions rapides des deux plus grands voisins des îles Fidji, l’Australie et la Nouvelle, qui, lundi, ont en substance estimé que cette annonce constituait un « pas dans la bonne direction », tout en demandant à voir la levée effective des mesures d’urgence et les étapes ultérieures nécessaires au rétablissement plein de la démocratie, d’autres gouvernements occidentaux ont aussi commenté l’annonce venue de l’homme fort de Suva.
Pour les États-Unis, le département d’État rappelle aussi dans un communiqué que cette levée de l’état d’urgence, tout comme la tenue d’élections « libres et justes », avaient été demandées de conserve avec d’autres États et « partenaires régionaux ».
Le Commonwealth, dont Fidji a été suspendu de son statut de membre plein en septembre 2009, a pour sa part réagi de Londres en offrant ses services, sous forme d’aide technique, en vue d’épauler Fidji dans le cadre de son processus de retour à la démocratie et d’élaboration d’une nouvelle Constitution, après l’abrogation de la dernière version connue, celle de 1997.
Au plan local, plusieurs organisations, associatives ou religieuses, ont aussi réagi à cette annonce du week-end dernier en se félicitant de la perspective d’une telle mesure.
L’influente église Méthodiste, dont plusieurs dirigeants ont fait l’objet d’arrestations ces derniers mois, a accueilli favorablement cette annonce en y voyant d’abord le moyen de tenir sa prochaine conférence annuelle (les deux dernières éditions avaient été annulées).
Au passage, l’annulation de ces réunions annuelles avait aussi privé l’église méthodiste d’une importante part de ses revenus, sous forme de recettes en collecte auprès des participants.
L’ONG Citizens Constitutional Forum (CCF), spécialisé dans la défense des droits constitutionnels, a pour sa part estimé par voie de communiqué que cette levée des dispositions d’urgence ne devait pas être perçue comme une porte ouverte à des « abus » de la part des citoyens « fâcheux ».
L’Australie et la Nouvelle-Zélande se sont positionnées, depuis le putsch de décembre 2006, sur une ligne dure condamnant cette prise de pouvoir et imposant des sanctions, notamment sur les visas, depuis refusés à toute personnalité (et à sa famille) participant au gouvernement issu du coup d’État.
Cette proposition a aussi été adoptée, par contrecoup, par le Forum des Îles du Pacifique (FIP), qui a suspendu Fidji de son statut de membre plein en mai 2009.
En septembre de la même année, le Commonwealth prenait une décision similaire à l’encontre de Fidji, pour cause de non retour rapide à la démocratie et défaut d’élections une première fois promises pour cette année-là.
Parallèlement, en ce début d’année, le gouvernement fidjien a annoncé depuis plusieurs semaines déjà le lancement du processus d’enregistrement sur les listes électorales ainsi qu’une réforme du mode de scrutin et du découpage électoral, afin de supprimer les anciennes dispositions de la Constitution de 1997 (abrogée mi-avril 2009, au même moment que l’imposition des « mesures d’urgence « ) qui, jusque là, maintenaient un certain nombre de circonscriptions « réservées » selon des critères ethniques.
Les élections censées marquer le retour de Fidji dans le concert des nations démocratiques est, quant à lui, annoncé (depuis début juillet 2009) pour intervenir à partir de septembre 2014.
Néanmoins, le Contre-amiral, en annonçant dimanche cette date de levée des mesures d’urgence, a insisté sur le fait que les forces de sécurité du pays continueraient à maintenir l’ordre public en toutes circonstances.
« La Constitution doit établir un gouvernement fondé sur un système électoral qui garantisse un suffrage égalitaire, un système véritablement démocratique basé sur le principe d’une personne, une voix, une valeur (…) Nous n’aurons pas de système qui classe les Fidjiens sur une base ethnique. Qui plus est, nos jeunes hommes et femmes de plus de dix huit ans doivent aussi avoir le droit de vote », a-t-il précisé en précisant que certains chapitres de la Constitution à venir seront « non-négociables ».
Jusqu’ici, à Fidji, le droit de vote s’acquiert à partir de 21 ans d’âge.
Alors que l’Australie et la Nouvelle-Zélande ont maintenu, ces dernières années, une politique basée sur des sanctions à l’encontre de Fidji, d’autres, comme les États-Unis, principalement en réponse aux excellentes relations avec la Chine et la montée en influence de Pékin dans cet archipel océanien et dans toute sa région, ont entamé depuis plus d’un an une politique affichée de « réengagement » vis-à-vis du gouvernement de Suva.
Depuis le putsch de 2006, la communauté internationale et en particulier occidentale (Australie, Nouvelle-Zélande, États-Unis, Union Européenne, entre autres) demande comme préalable à toute normalisation la mise en place d’un dialogue entre les acteurs politiques de l’archipel « sans exclusive ».
À plusieurs reprises, au cours des dernières années, le Contre-amiral avait indiqué qu’au besoin, il interdirait à certains partis, y compris le SDL du Premier ministre élu renversé en décembre 2006, Laisenia Qarase de participer s’ils n’adhéraient pas à la « nouvelle donne » que M. Bainimarama évoque régulièrement en matière de suppression des facteurs « clivants » au sein de la société fidjienne, à commencer par les tensions pérennes entre les deux principales communautés : les Fidjiens indigènes et les citoyens d’origine indienne, dont les premiers arrivèrent, amenés par le Royaume-Uni, à la fin du dix-neuvième siècle, pour cultiver à la Fidji (alors colonie britannique) la canne à sucre.
Nouvelle interpellation
Entre-temps, vendredi 30 décembre 2011, une ancienne députée et femme d’affaires, à la tête d’une grande chaîne de boulangerie dans le pays, Mere Samisoni, a été interpellée, toujours dans le cadre des dispositions d’urgence.
Après une comparution au cours de laquelle elle et trois autres individus ont été accusés de conspiration en vue de renverser le gouvernement actuel, Mme Samisoni et les trois autres personnes ont été remis en liberté sous caution, moyennant le dépôt d’une somme de près de trois mille dollars US (cinq mille dollars locaux) pour chacun d’entre eux.
La prochaine comparution est prévue pour le 25 janvier 2012.
Dans le cadre de ces mesures d’urgence, d’autres acteurs de la scène syndicaliste, religieuse (en particulier des dirigeants de l’église Méthodiste, étroitement associée au précédent pouvoir et à une mouvance ethno-nationaliste indigène) et médiatique avaient aussi, ces trente trois derniers mois, fait l’objet d’interpellations, d’interrogatoires avant d’être remis en liberté.
« Nous devons tous garder à l’esprit que l’ordre public et la protection des plus vulnérables, ainsi que la sauvegarde de l’économie, seront toujours primordiaux. En tant que nation, nous ne devons pas tolérer non plus ceux qui cherchent refuge et le pouvoir politique en se servant des divisons religieuses, ethniques et communautaires », a annoncé dimanche le Contre-amiral.
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