Un travail d’équipe qui n’est pas de tout repos : plusieurs centaines de kilos de īna’a ont été pêchés en quelques heures (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 5 juillet 2024 – De retour en abondance à Faaone, les minuscules poissons ont mis à l’épreuve le savoir-faire et la force physique de plusieurs générations de pêcheurs. Une importante source de revenu grâce à des bacs et glacières bien remplis, pour le plus grand plaisir des amateurs des fameux beignets.
“Ina’a, īna’a !”. En ce début du mois de juillet, ils sont partout, vendus en sachet en bord de route et à grand coup de klaxon dans les quartiers. Vendredi matin, une nouvelle vague de précieux alevins est arrivée juste à temps pour le week-end. L’embouchure de la rivière Vai’iha, à Faaone, était remplie de ces minuscules poissons à savourer en beignet ou avec un trait de lait de coco. Ils étaient si nombreux qu’ils frétillaient jusque sur la plage.
“Ina’a, īna’a !”. En ce début du mois de juillet, ils sont partout, vendus en sachet en bord de route et à grand coup de klaxon dans les quartiers. Vendredi matin, une nouvelle vague de précieux alevins est arrivée juste à temps pour le week-end. L’embouchure de la rivière Vai’iha, à Faaone, était remplie de ces minuscules poissons à savourer en beignet ou avec un trait de lait de coco. Ils étaient si nombreux qu’ils frétillaient jusque sur la plage.
Alfred Teiho n’a eu qu’à tendre son épuisette.
De père en fils
Alerté par la présence d’oiseaux, Alfred Teiho, 72 ans, n’a eu qu’à tendre son épuisette, au gré des vagues. “En ce moment, ça se passe ici. D’autres fois, c’est chez nous, à Papeno’o ou à Mahaena. C’est le troisième jour de suite que nous venons pêcher à Faaone : c’est la saison ! Je suis venu avec ma femme, mon fils et mon mo’otua. Depuis que j’ai fini de travailler à Moruroa en 1983, c’est devenu mon métier. C’est mon père qui m’a appris à pêcher, et je fais pareil avec mon fils de 12 ans. Il aime bien nous accompagner. Ça tombe bien, vu que c’est le premier jour des vacances !”, se réjouit le père de famille.
Dans la benne du 4x4, la grande glacière et les trois bacs débordent. Inutile de poursuivre la pêche. “C’est suffisant pour aujourd’hui”, remarque Sidonie Teiho. ”On a appelé un neveu de Mataiea pour lui donner le surplus, pour ne pas gaspiller. Dès qu’il sera passé, on va rentrer s’occuper du nettoyage pour retirer un maximum de sable et commencer la vente, directement chez nous, à 200 francs le bol”.
Les parcs improvisés de la famille Tinorua.
Plusieurs centaines de kilos
Dans la rivière, la famille Tinorua a rassemblé les prises dans des parcs improvisés au moyen de filets. Sous le regard vigilant de son père, Jean, qui lui a transmis son savoir-faire dès son plus jeune âge, Tirape a coordonné les opérations de transfert sur la plage. Une étape aussi délicate que sportive, puisqu’il s’agit de hisser plusieurs dizaines de kilos hors de l’eau à la seule force des bras et du dos. “On est arrivé de Mahaena vers 6h30. C’est mon frère qui avait vu les īna’a dans la nuit en allant pêcher. C’est un travail d’équipe entre les plongeurs et ceux qui tirent le filet. Cette année, c’est notre meilleure pêche ! En trois heures, les bacs sont pleins. Je pense qu’on a pêché entre 300 et 400 kilos. On ira les vendre tout autour de Tahiti, et ça nous arrive d’aller jusqu’à Moorea. Quand la pêche est bonne, ça paie bien et ça fait un bon complément de revenu pour tout le monde”, confie le jeune homme de 34 ans.
Arrivé en milieu de matinée, Fred Amini, pêcheur de Faaone, considère que le poisson “appartient au Seigneur” et qu’il faut “jouer le jeu et partager” : “Quand c’est chez nous, il faut accepter que d’autres pêcheurs viennent, comme eux doivent accepter qu’on vienne chez eux.” Ce principe tacite ne serait pas valable dans tous les districts, mais ce jour-là, le partage était visiblement de mise entre les différentes familles présentes.
Les bacs et glacières étaient pleins à ras bord.
Jean Tinorua veille, tout en prodiguant ses conseils à son fils et ses neveux.
Pour les plus jeunes, les vacances commencent bien !
Plusieurs familles se sont jointes à la pêche.