Les vols ont repris à Ua Huka mais pas encore à Ua Pou


Pour la direction d'Air Tahiti, pas question de jouer avec les conditions de sécurité.
PAPEETE, le 28 mai 2019 - Une solution alternative a été trouvée sur Ua Huka. Le twin otter se posera dans l'autre sens de la piste. À Ua Pou, la fragilité de la buse qui se trouve en début de piste pose toujours problème. Pour la direction d'Air Tahiti, pas question de jouer avec les conditions de sécurité. Elle attend désormais des garanties de la part de la Direction de l'aviation civile.

Et ces garanties, la Direction de l'aviation civile (DAC) n'est pas en mesure de les donner. "Nous ne sommes pas habilités à donner des garanties sur la matière des structures, mais par rapport à notre plan d'actions correctives déposé à l'aviation civile de l’État, il n'y a pas de problème, et il n'y a jamais eu de recommandations de fermeture de piste", déclare Georges Puchon, directeur de l'aviation civile du pays.

Depuis le 17 mai, les rotations en twin otter sur Ua Pou et Ua Huka ont été suspendues, une décision qui a été prise par les compagnies aériennes Air Archipels et Air Tahiti. Au cœur de cette décision, plusieurs écarts relevés dans l'audit réalisé par le Service d’État de l'aviation civile en Polynésie française (SEAC) en début d'année.

En ce qui concerne la piste de Ua Huka, la position des reliefs pose problème. Mais la direction de la compagnie aérienne locale assure qu'une solution alternative a été trouvée. "Elle prend en considération l'expérience de nos équipages et permet de poser l'avion dans l'autre sens de la piste", explique Manate Vivish, directeur général d'Air Tahiti. Du coup, les vols reprendront aujourd'hui.

Sur Ua Pou, la situation est plus complexe, même si le Pays et la commune ont réagi en temps et en heure. Ce week-end, les deux acacias qui "gênaient" ont été taillés. Le problème au sujet de la circulation des véhicules a également été résolu. En revanche, la fragilité de la buse qui se trouve en début de piste est le point d'achoppement. "Cette buse est considérée comme affaiblie aujourd'hui et elle ne présente pas toutes les garanties, en tout état de cause, la direction de l'aviation civile ne s'est pas engagée aujourd'hui quant à la solidité de cet ouvrage qui permet à un twin otter de passer dessus", indique Manate Vivish.

Et de rajouter : "Nous attendons une réponse simple de la DAC, et qu'elle nous dise que cet ouvrage permet au twin otter d'opérer sur Ua Pou et nous reprendrons l'activité immédiatement. Notre préoccupation est la sécurité des passagers et nous ne sortirons pas de ce cadre-là. Notre boulot est de faire voler les avions en toute sécurité."

Du côté de la Direction de l'aviation civile, des mesures sont prises pour résoudre ce problème. "Nous avons, à la demande des compagnies aériennes, demandé à un bureau d'études de structure de faire une faire une appréciation de la situation et de nous faire des recommandations. Par rapport aux urgences signalées, le bureau d'études nous a proposé une solution provisoire d'urgence qui est de combler la canalisation de la buse pour éviter les risques d'effondrements", prévient Georges Puchon. En clair, la pose des gravats dans la buse pour la rendre plus solide. Selon le ministre de l'Equipement, René Temeharo, les gravats ont été posés ce mardi par les équipes présentes à Ua Pou.

Est-ce que cette solution provisoire suffira-t-elle à convaincre la compagnie aérienne à reprendre ses rotations sur Ua Pou ? La direction générale a assuré qu'elle attendra une réponse écrite de la part de la DAC, pour reprendre ses vols.

On sait tout de même que ces deux destinations, même si elles sont déficitaires – selon Air Tahiti – sont desservies cinq jours par semaine en twin otter, ce qui représente près de 10 000 passagers par an.



La fragilité de la buse qui se trouve en début de piste à Ua Pou est le point d'achoppement

La parole à

Manate Vivish
Directeur général d'Air Tahiti

"Nous avons un souci de conformité sur Ua Pou"


"Ce n'est pas un problème entre le Pays et Air Tahiti, c'est un problème de sécurité aérienne, un problème de conformité des aérodromes aux règlementations qui existent. Nous avons un souci de conformité sur Ua Pou qui met en cause la sécurité aérienne des opérations sur le terrain, et nous ne sommes pas en mesure, aujourd'hui, de reprendre l'activité, tant que cette problématique de sécurité aérienne est élevée. Sur Ua Huka, les vols reprennent dès aujourd'hui parce que nous avons réussi à trouver une solution avec les autorités compétentes, le SEAC et la DAC du Pays.
(...) Ces rapports d'audits ne nous ont pas été destinés, mais à partir du moment où nous les avons eus, nous avons été obligés de prendre en considération les différents éléments de ce rapport. Il n'était pas question pour nous d'ignorer cela. Nous continuerons de nous rapprocher de la direction de l'aviation civile pour connaitre l'évolution de la situation, pour être en mesure de reprendre l'activité dès que les conditions de sécurité seront à nouveau réunies."




Georges Puchon
Directeur de l'aviation civile

"Nous avons apporté des solutions"


"Nous savons, tout de même, qu'il n'y a pas de risques puisqu'un test a été effectué par le labo TP sur la solidité de la buse. Mais, nous avons voulu prendre des précautions dans ce sens-là et une fois ces travaux de comblement terminé, l'eau de pluie pourra s'écouler par la canalisation qui se trouve à 30 mètres de distance de l'autre. Par la suite, nous ferons une étude complète sur l'ensemble de la piste, concernant l'écoulement d'eaux pluviales et les travaux nécessaires pour que ce soit pérenne et durable et que l'on n'ait plus ce genre de souci. Nous avons apporté des solutions par rapport aux écarts qui ont été identifiés, ainsi que des mesures correctives. Donc nous avons pris la décision de maintenir ouverte l'exploitation des deux pistes. Maintenant, la décision revient à la compagnie aérienne."



Rédigé par Corinne Tehetia le Mardi 28 Mai 2019 à 16:56 | Lu 1745 fois