PAPEETE, le 20 juillet 2018 - Au Vent des îles vient de sortir Le Livre des îles noires, vies de Fletcher de Pierre Furlan. Un "roman vrai" d’un auteur qui écrit sur un autre auteur, après enquête. Pour cet ouvrage, Pierre Furlan a suivi les traces de Fletcher de l’Europe au Vanuatu en compagnie de sa petite-fille mélanésienne Onéla. Il reconstitue l’histoire mouvementée du célèbre auteur sous un nouvel éclairage : celui de la génération qui a connu l’indépendance.
"Je suis arrivé sans idées préconçues", assure Pierre Furlan l’auteur du Livre des îles noires, vies de Fletcher. "Je me suis laissé guider au Vanuatu par Onéla, la petite-fille de l’aventurier pour me faire mon opinion." Il y est resté deux mois, effectuant un voyage "dans l’espace mais aussi dans le temps".
Pierre Furlan aurait eu, pourtant, toutes les raisons de se faire une idée assez précise de Fletcher avant même de commencer son projet d’écriture. Car il n’a pas laissé indifférent ses contemporains puis, plus tard, les auteurs de différents courants.
"Rimbaud du Pacifique" ou "vagabond des tropiques" ?
L’aventurier est considéré comme "un pourfendeur d’illusions, un ethnographe esthète, un Rimbaud du Pacifique". Pour d’autres il est "un vagabond des tropiques et un raté sublime auquel on prête une mort prématurée et alcoolisée qui sied à un aristocrate de l’autodestruction". Il est l’auteur malgré lui des scandaleuses et fameuses Lettres des Îles-Paradis parues alors qu’il vivait encore aux Nouvelles-Hébrides.
" (…) à peine eurent-ils échangé trois mots que Bohun1 lui tapa sur l’épaule et, d’un air pénétré, lui annonça :
- R.J., tu es un homme célèbre.
- Célèbre ? Comme tu y vas. J’ai tué quelqu’un ?
- Tu es l’écrivain anglais dont on parle le plus en ce moment. En bien.
- R.J. sourit de ce qu’il prenait pour une plaisanterie. "
La réputation de Fletcher n’a pas atteint Pierre Furlan qui, pour lui, et pour ses lecteurs, s’est concentré sur la rédaction d’un roman vrai qui va au-delà des apparences et d’une réputation qui se transmettent sans bouger depuis un siècle. Les événements du livre sont issus de la réalité. Les lettres sont authentiques. L’ensemble donne à voir un héros complexe, "toujours entre deux forces contradictoires", "toujours pris dans des choses plus fortes que lui".
Pour résumer : "D’un côté, R.J. Fletcher aime se retrouver face aux éléments déchaînés, face à l’obscurité remuante – ça le calme, ça lui donne une contenance et ça l’héroïse quand un paquet de mer le fouette hors de cette réalité qu’il déteste. De l’autre, il reste agrippé si fort à la rambarde que sa main droite commence à lui faire mal".
Sans les attendre, Fletcher enchaîne des aventures qu’il a bien du mal à assumer. Des aventures qu’il espérait mais qu’il reçoit avec surprises tiraillé par des sentiments opposables. Au lecteur ensuite de s’y retrouver, s’il y parvient.
Mieux comprendre le Vanuatu
Pour Christian Robert, Le Livre des îles noires, vies de Fletcher qu’il publie est également "l’occasion d’entrer dans l’univers des Nouvelles-Hébrides et donc de mieux comprendre le Vanuatu d’aujourd’hui dans son organisation et ses relations avec la Nouvelle-Calédonie notamment mais également avec les grandes puissances". Des grandes puissances qui font d’innombrables appels du pied aux petits États et territoires du Pacifique.
Le Vanuatu est l’un des rares, peut-être même le seul pays au monde à avoir connu une "colonisation bicéphale. Avant l’indépendance en 1980, il y avait par exemple trois justices puisque trois pays co-existaient. Il y avait de ce fait trois types de tribunaux, anglais, français et coutumier". Le roman de Pierre Furlan et son coup de projecteur sur le Vanuatu éclairent l’histoire en cours sur toute une région.
1 Bohun, destinataire des lettres de J.R. Fletcher est celui qui a eu l’idée du livre. Il a choisi les textes, modifiés els noms propres, purgé les passages compromettant, et peut-être en avait-il complété d’autres. Il est l’éditeur.
"Je suis arrivé sans idées préconçues", assure Pierre Furlan l’auteur du Livre des îles noires, vies de Fletcher. "Je me suis laissé guider au Vanuatu par Onéla, la petite-fille de l’aventurier pour me faire mon opinion." Il y est resté deux mois, effectuant un voyage "dans l’espace mais aussi dans le temps".
Pierre Furlan aurait eu, pourtant, toutes les raisons de se faire une idée assez précise de Fletcher avant même de commencer son projet d’écriture. Car il n’a pas laissé indifférent ses contemporains puis, plus tard, les auteurs de différents courants.
"Rimbaud du Pacifique" ou "vagabond des tropiques" ?
L’aventurier est considéré comme "un pourfendeur d’illusions, un ethnographe esthète, un Rimbaud du Pacifique". Pour d’autres il est "un vagabond des tropiques et un raté sublime auquel on prête une mort prématurée et alcoolisée qui sied à un aristocrate de l’autodestruction". Il est l’auteur malgré lui des scandaleuses et fameuses Lettres des Îles-Paradis parues alors qu’il vivait encore aux Nouvelles-Hébrides.
" (…) à peine eurent-ils échangé trois mots que Bohun1 lui tapa sur l’épaule et, d’un air pénétré, lui annonça :
- R.J., tu es un homme célèbre.
- Célèbre ? Comme tu y vas. J’ai tué quelqu’un ?
- Tu es l’écrivain anglais dont on parle le plus en ce moment. En bien.
- R.J. sourit de ce qu’il prenait pour une plaisanterie. "
La réputation de Fletcher n’a pas atteint Pierre Furlan qui, pour lui, et pour ses lecteurs, s’est concentré sur la rédaction d’un roman vrai qui va au-delà des apparences et d’une réputation qui se transmettent sans bouger depuis un siècle. Les événements du livre sont issus de la réalité. Les lettres sont authentiques. L’ensemble donne à voir un héros complexe, "toujours entre deux forces contradictoires", "toujours pris dans des choses plus fortes que lui".
Pour résumer : "D’un côté, R.J. Fletcher aime se retrouver face aux éléments déchaînés, face à l’obscurité remuante – ça le calme, ça lui donne une contenance et ça l’héroïse quand un paquet de mer le fouette hors de cette réalité qu’il déteste. De l’autre, il reste agrippé si fort à la rambarde que sa main droite commence à lui faire mal".
Sans les attendre, Fletcher enchaîne des aventures qu’il a bien du mal à assumer. Des aventures qu’il espérait mais qu’il reçoit avec surprises tiraillé par des sentiments opposables. Au lecteur ensuite de s’y retrouver, s’il y parvient.
Mieux comprendre le Vanuatu
Pour Christian Robert, Le Livre des îles noires, vies de Fletcher qu’il publie est également "l’occasion d’entrer dans l’univers des Nouvelles-Hébrides et donc de mieux comprendre le Vanuatu d’aujourd’hui dans son organisation et ses relations avec la Nouvelle-Calédonie notamment mais également avec les grandes puissances". Des grandes puissances qui font d’innombrables appels du pied aux petits États et territoires du Pacifique.
Le Vanuatu est l’un des rares, peut-être même le seul pays au monde à avoir connu une "colonisation bicéphale. Avant l’indépendance en 1980, il y avait par exemple trois justices puisque trois pays co-existaient. Il y avait de ce fait trois types de tribunaux, anglais, français et coutumier". Le roman de Pierre Furlan et son coup de projecteur sur le Vanuatu éclairent l’histoire en cours sur toute une région.
1 Bohun, destinataire des lettres de J.R. Fletcher est celui qui a eu l’idée du livre. Il a choisi les textes, modifiés els noms propres, purgé les passages compromettant, et peut-être en avait-il complété d’autres. Il est l’éditeur.
Pierre Furlan, interviewé via Skype.
Pierre Furlan, passionné du Pacifique sud
La maison d’édition Au Vent des îles présente Pierre Furlan comme un auteur de romans, de nouvelles et d’essais littéraires qui se passionne pour le Pacifique Sud depuis son invitation au Randell Writers Cottage de Wellington en 2004-2005. À la suite de son séjour dans cette résidence, il a signé Le Rêve du collectionneur (Au Vent des îles en 2009) traduit en anglais par Victoria University Press et diffusé par épisodes sur Radio New Zealand. Le collectionneur est un personnage "attachant", "drôle et excentrique" comme les aime Pierre Furlan. Il est l’homme qui a donné le seul portrait de Cook connu et sur lequel personne ne s’était attardé jusqu’alors.
Pierre Furlan qui a passé son adolescence en Californie et fait ses études à Berkeley a également traduit des auteurs comme Russel Banks et Thomas Savage ou les Néo-Zélandais Élizabet Knox, Alan Duff et John Mulgan.
La maison d’édition Au Vent des îles présente Pierre Furlan comme un auteur de romans, de nouvelles et d’essais littéraires qui se passionne pour le Pacifique Sud depuis son invitation au Randell Writers Cottage de Wellington en 2004-2005. À la suite de son séjour dans cette résidence, il a signé Le Rêve du collectionneur (Au Vent des îles en 2009) traduit en anglais par Victoria University Press et diffusé par épisodes sur Radio New Zealand. Le collectionneur est un personnage "attachant", "drôle et excentrique" comme les aime Pierre Furlan. Il est l’homme qui a donné le seul portrait de Cook connu et sur lequel personne ne s’était attardé jusqu’alors.
Pierre Furlan qui a passé son adolescence en Californie et fait ses études à Berkeley a également traduit des auteurs comme Russel Banks et Thomas Savage ou les Néo-Zélandais Élizabet Knox, Alan Duff et John Mulgan.
Les Nouvelles-Hébrides, des "îles d’illusion"
En 1923, l’aventurier anglais R.J. Fletecher quitte les Nouvelles-Hébrides (qui deviendront plus tard le Vanuatu), laissant l’enfant qu’il a eu d’une Mélanésienne. Épuisé, sans le sou, il ne se doute pas que dans une autre vie et sous le pseudonyme d’Asterisk, il sera un auteur célèbre pour avoir écrit des lettres scandaleuses dépeignant les Nouvelles-Hébrides comme des "îles d’illusion" plus infernales que paradisiaques. Presque un siècle plus tard, Pierre Furlan parcourt à son tour l’île d’Épi. Guidé par la petite-fille mélanésienne de Fletcher, il reconstitue l’histoire mouvementée du célèbre auteur sous un nouvel éclairage : celui de la génération qui a connu l’indépendance. Les événements relatés dans ce récit sont véridiques, comme le sont les lettres de R.J. Fletcher retrouvées et publiées ici pour la première fois.
En 1923, l’aventurier anglais R.J. Fletecher quitte les Nouvelles-Hébrides (qui deviendront plus tard le Vanuatu), laissant l’enfant qu’il a eu d’une Mélanésienne. Épuisé, sans le sou, il ne se doute pas que dans une autre vie et sous le pseudonyme d’Asterisk, il sera un auteur célèbre pour avoir écrit des lettres scandaleuses dépeignant les Nouvelles-Hébrides comme des "îles d’illusion" plus infernales que paradisiaques. Presque un siècle plus tard, Pierre Furlan parcourt à son tour l’île d’Épi. Guidé par la petite-fille mélanésienne de Fletcher, il reconstitue l’histoire mouvementée du célèbre auteur sous un nouvel éclairage : celui de la génération qui a connu l’indépendance. Les événements relatés dans ce récit sont véridiques, comme le sont les lettres de R.J. Fletcher retrouvées et publiées ici pour la première fois.
Pratique
Disponible Au Vent des îles à Tahiti depuis le 25 juin
Tél. : 40 50 95 95
Site internet Au Vent des îles
Tarif : 2 300 Fcfp
Disponible Au Vent des îles à Tahiti depuis le 25 juin
Tél. : 40 50 95 95
Site internet Au Vent des îles
Tarif : 2 300 Fcfp