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Les vertus du moringa, trésor du Temehani


Raiatea, le 6 décembre 2022 - Le premier atelier Aupurura’a rouru, prendre soin du cheveu, a vu le jour dimanche sur le plateau du Temehani, montagne légendaire de Raiatea. Fruit d’une étroite collaboration entre plusieurs passionnées, ce rituel capillaire totalement naturel a permis de faire la part belle au moringa, petit arbre moins connu que la Tiare apetahi, l’emblème du Temehani.

Poerava Oldham et Saraï Teaotea, deux stagiaires du Service de l’emploi (ex-Sefi) bénéficient pendant un an d’une formation intitulée “animateur/rice du patrimoine culturel, naturel et touristique du fenua”. Durant cette période, les deux jeunes femmes ont à effectuer deux stages de quatre mois chacun. Mises en relation avec Maïka Iparaguirre, spécialiste de la cosmétique naturelle du cheveu, elles décident alors de réaliser leur premier stage auprès d’elle. Maïka raconte : “Je les ai formées en amont sur la théorie, sur les vertus que chaque plante locale a sur le cheveu et notamment le moringa. Ensuite, afin de se rendre compte par elles-mêmes du bénéfice des soins naturels capillaires, je leur ai proposé de créer leur propre shampooing composé uniquement d’huile de moringa et de sa poudre et un après-shampooing naturel à base seulement d’huile de coco de Raiatea et de beurre de mangue.” Formées et prêtes à accueillir du public, les deux stagiaires ont donc mis en application leurs apprentissages. 
 
Plantes et culture locales

Afin de parfaire leur formation et de coller à son intitulé, les deux stagiaires ont donc pris l’initiative de créer cet atelier avec leur maître de stage. Après une collation “made in fenua” faite de tisanes de citronnelle, d’hibiscus, de clitoria et de menthe poivrée, les clientes venues découvrir l’atelier ont écouté Poerava expliquer son parcours et sa rencontre avec Saraï et Maïka. Ayant grandi dans le fa’a’apu et très intéressée par les plantes et la culture locales, la rencontre avec Maïka a été naturelle et très enrichissante. Chaque plante servant à l’élaboration du soin est ensuite présentée : le moringa, le noni, le miel, la clitoria, la banane ainsi que les hydrolats (distillation de plantes en alambic) fabriqués par une productrice locale sont exposés et leur vertu expliquée : “Le moringa est la plante qui entre en totale synergie avec le cheveu. Que ce soit pour la brillance, la croissance, la texture du cheveu, il est l’élément indispensable d’un cheveu en bonne santé”, explique encore Poerava. Ensuite, les clientes ont été invitées à appliquer en conscience à leur binôme le soin avec bienveillance, délicatesse pour recevoir en retour cette même énergie positive. Et pour finir ce soin empreint de sérénité, les clientes –venues en pareo et maillot de bain– ont pu rincer leurs cheveux sous l’eau purifiante et bienfaisante de la source du Temehani

Saraï Teaotea
“Une super rencontre”

 
"J’ai fait cette formation car j’étais déjà très intéressée par les plantes. J’envisageais de créer une tisanerie à partir des plantes aromatiques locales. Et Maïka, en me faisant découvrir son univers, la cosmétique du cheveu par les plantes, m’a énormément appris. Ça m’a carrément plu car j’ai découvert des plantes comestibles que je ne connaissais pas. Tout en gardant en tête mon projet de tisanerie, j’aimerais après ma formation pouvoir continuer à travailler avec Maïka et Poerava car c’était une super rencontre."
 
Poerava Oldham
“J’ai une passion pour ma culture”


“J’ai une passion pour ma culture. J’adore le dessin et le tatouage. Pendant ma formation, j’ai découvert la sculpture et la gravure. Avec Saraï, nous allons faire notre deuxième stage auprès d’un sculpteur. On s’est tellement bien entendu qu’on aimerait pouvoir continuer à travailler ensemble. Et ma rencontre avec Maïka, grâce à ma formatrice, m’a vraiment apporté. J’ai découvert les cosmétiques naturelles, alors que je ne connaissais que les cosmétiques traditionnelles en magasin. Ce qui m’a le plus plu ce sont les shampooings et les huiles car les odeurs sont superbes et différentes en fonction de la plante, si elle est séchée ou non. Là, pour préparer l’atelier, nous avons récolté, séché et mixé le moringa.”

Maïka Iparaguirre
“Le lieu du Temehani offre ce silence”


Je n’étais pas destinée à la coiffure au départ. J’ai fait deux ans en fac d’histoire et finalement à 20 ans, j’ai décidé de faire un CAP coiffure. J’ai commencé dans la coiffure conventionnelle mais en 2012-2013 j’ai dû faire une pause d’un an car je faisais d’énormes allergies aux mains et au visage. Elles étaient dues aux produits que j’utilisais en tant que coiffeuse. Et en 2013, j’ai découvert que je pouvais exercer mon métier sans impact sur ma santé, celle de mes clientes et en respectant l’environnement en travaillant à Bordeaux dans un salon spécialiste de la cosmétique naturelle du cheveu. Et après avoir beaucoup voyagé et m’être consacrée à la création de bijou, j’ai décidé en arrivant en Polynésie de reprendre mon métier car je pouvais l’envisager comme je le voulais : sans open space, sans bruit, en plaçant le bien-être des clientes au centre de ma pratique. Et le lieu du Temehani offre ce silence, cette nature qui m’est si chère.”


Rédigé par Marion Alexandre le Mardi 6 Décembre 2022 à 18:51 | Lu 2739 fois