Les ventes de mono'i ne cessent de progresser


PAPEETE, le 22 décembre 2015. Le marché du mono'i de Tahiti a progressé en 2015, mais le poids de la filière dans l'économie polynésienne reste marginal face aux autres produits locaux, selon une note de l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM).

"Les ventes d'huile raffinée (...) devraient représenter au total sur l'année plus de 400 tonnes (+23% par rapport à 2014), laissant présager d'une nouvelle progression du chiffre d'affaires en 2015, qui devrait atteindre 580 millions" d
e francs pacifiques, pronostique l'Institut d'émission d'outre-mer (IEOM). Sur les huit premiers mois de l’année 2015, les ventes d’huile raffinée à destination des producteurs de mono'i de Tahiti s’élèvent à 280 tonnes et devraient représenter au total sur l’année plus de 400 tonnes (+23 % par rapport à 2014). Le chiffre d’affaires de la filière progresse régulièrement depuis dix ans (+42 % sur la période) pour s’établir à 550 millions de Fcfp en 2014. En 2014, 305 tonnes de mono'i ont été produites.

"RENFORCER LA PART DES PRODUITS FINIS"
L'Europe concentre 70% des débouchés du mono'i - sous sa forme brute ou sous la forme de produits finis -, devant l'Amérique du Nord (15%) et l'Asie (10%).

Pour autant, si l'export représente 97% des ventes en volume, le marché local, constitué de produits finis à plus forte valeur ajoutée, compte encore pour 54% du chiffre d'affaires de la filière, souligne l'IEOM.

Cette dernière, qui emploie 160 à 200 personnes en Polynésie, continue cependant d'occuper "une place très marginale dans le tissu économique polynésien (0,07% du chiffre d'affaires global sur le territoire)", et ne représente que 2% du total des recettes d'exportations polynésiennes "malgré sa notoriété internationale" due à son statut de "produit emblématique de la Polynésie française", écrit l'institut.

En guise de comparaison, en 2014, les produits perliers représentaient 69% des exportations des produits locaux, devant la pêche (10%), le noni et l'huile de coco (4% chacun), la vanille (3%), la nacre (2%).

Afin d'accroître le poids de la filière mono'i, l'IEOM suggère notamment de "renforcer la part des produits finis, au rendement de valeur ajoutée nettement supérieur", dans la production totale.


Le prix du coprah fixé en conseil des ministres

La culture du coprah constitue une source de revenus importante pour les populations des archipels éloignés de Polynésie française, ce qui incite les pouvoirs publics à soutenir financièrement la filière afin d’en assurer la pérennité et de garantir un revenu minimum aux 2 000 coprahculteurs recensés en 2012. Les débouchés des producteurs de coprah sont en effet sécurisés, le fret vers Tahiti étant pris en charge le Territoire et l’Huilerie de Tahiti, société anonyme appartenant au Pays, achetant l’intégralité de la récolte de coprah selon un prix d’achat fixé par décision du Conseil des ministres, et qui varie selon la qualité (teneur en eau, taille des morceaux et signes de dégradations) et l’origine du produit. Depuis novembre 2010, le prix d’achat est fixé à 140 Fcfp/kg pour le coprah de première qualité. C’est à partir d’un coprah de première qualité issu de sols coralliens (Tuamotu-Gambier) qu’est produite l’huile raffinée à destination des producteurs de mono'i de Tahiti (336 tonnes en 2014). Fixé à 318 Fcfp/kg depuis le 1er janvier 2015 et pour les trois années à venir dans le cadre d’un accord avec le Pays, le prix de l’huile raffinée a crû de 38 % par rapport à 2011, à la suite de trois hausses consécutives.

Une compensation financière pour l'Huilerie de Tahiti

Les producteurs de mono'i sont dépendants de l’Huilerie de Tahiti, créée en 1968 et unique fournisseur d’huile raffinée du territoire. Établissement public détenu par le Pays, l’Huilerie reçoit de la Caisse de soutien des prix du coprah (CSPC) une compensation financière destinée à compenser ses pertes d’exploitation. Cette subvention est équivalente à la différence entre le coût d’acquisition du coprah en Polynésie française et le prix de vente de l’huile exportée, dont le cours international est généralement bien inférieur. "L’huilerie exportant 95 % de sa production d’huile brute, principalement à destination de l’Europe, le soutien financier public à la filière est estimé au total à 1,8 milliard de Fcfp en 2014", note l'IEOM. La capacité de l’huilerie est de l’ordre de 20 à 25 000 tonnes par an, aujourd’hui utilisée pour un tiers (7 000 tonnes en 2014).

Rédigé par Avec AFP le Mardi 22 Décembre 2015 à 14:15 | Lu 1308 fois