Les usagers incités à lever le pied


Le centre-ville de Taravao fait partie des nouvelles zones où la vitesse est limitée à 40 km/h (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 15 mai 2024 – À la Presqu’île, les zones les plus fréquentées, comme le centre-ville de Taravao ou encore les écoles, sont désormais soumises à une limitation de vitesse de 40 km/h, contre 60 km/h pour le reste de la route de ceinture territoriale. Des décisions de sécurité prises par les communes, en concertation avec la subdivision exploitation routière de la Direction de l’Équipement. Les usagers interrogés saluent cette mise à jour, mais les “mauvaises habitudes” persistent.  
 
Il y a encore quelques semaines, il n’y avait pas, ou peu, de zones limitées à 40 km/h à la Presqu’île. L’implantation de nouveaux panneaux de signalisation n’aura donc pas échappé à la plupart des riverains, notamment en matière d’avertissement de danger et de limitation de vitesse. Cette mise aux normes de sécurité concerne toutes les communes de Tahiti, mais elle est d’autant plus visible au sud de l’île, où la signalisation se faisait plus rare. Tandis que les implantations sont terminées ou se poursuivent à Papara, Teva i Uta, Taiarapu-Est et Taiarapu-Ouest, ce sera ensuite au tour de Hitia’a o te Ra.
 

Le sud de Tahiti passe à 40 ou 60 km/h

Depuis sa prise de fonction, il y a quatre ans, Boris Salles, chef de la subdivision exploitation routière à la Direction de l’Équipement, mène un travail de longue haleine en concertation avec les municipalités pour définir les besoins en termes de signalisation verticale (panneaux) et horizontale (marquages au sol), associés à des arrêtés communaux. “Sur ce secteur, on est en chaussée bidirectionnelle sur la route de ceinture. Je propose systématiquement aux communes d’appliquer deux vitesses : 40 et 60 km/h. D’un point de vue de la réglementation, sans les arrêtés communaux, on applique les lois de Pays. Pour les routes à grande circulation, c’est 80 km/h. Pour les communes et pour moi, on estime que c’est bien trop rapide sur ce type de route où il y a du trafic de transit qui a besoin d’aller vite, mais qui traverse des zones urbanisées. Il faut trouver un compromis en protégeant les zones fréquentées comme le cœur d’un village ou une école avec du 40 km/h. C’est ce qu’on a appliqué partout, à l’exception de Paea”, explique le référent.
 
“Ça fait quelques années qu’on travaille sur le sujet”, confirme le maire de Taiarapu-Est, Anthony Jamet. “Il y avait beaucoup de sites tout au long de la commune où il fallait absolument délimiter la vitesse pour diminuer les risques d’accident et sécuriser la population qui circule en voiture, en deux-roues, à vélo ou à pied. Pour le cas de Taravao, on a fait le choix de passer à 40 km/h, car on est quand même dans un centre-ville avec une forte circulation. Et ce n’est pas terminé : nous allons nous concerter avec la police municipale et la gendarmerie pour voir s’il n’y a pas encore des sites à équiper, mais il faudra aussi songer à mener des opérations de prévention avant de passer à la répression.”
 

“Tant qu’il n’y aura pas de contrôles…”

Effectivement, si les personnes interrogées s’accordent à dire que cet abaissement de la limitation de vitesse est bienvenu, dans les faits, les habitudes de conduite restent les mêmes. C’est ce que constate une riveraine de la plage publique de Taiharuru, à Afaahiti, à l’origine d’une pétition il y a quelques années, en raison de la présence d’un arrêt de bus et d’une source d’eau douce côté montagne, prisée des baigneurs. “Cette zone est passée à 40 km/h et c’est une première victoire, mais les gens continuent de rouler très vite, à 80 km/h ou plus. Il y a déjà eu un accident ! Tant qu’il n’y aura pas de contrôles et de verbalisations aux heures de pointe ou les week-ends, ça ne sert à rien. Pour l’instant, ce n’est que de la déco”, déplore-t-elle. Même problématique du côté de la plage de Maui, à Toahotu, comme nous l’a confié une commerçante : “Le week-end, il y a énormément de monde sur la plage, qui est juste au bord de la route, donc cette limitation à 40 km/h, c’est une bonne chose, surtout que nous avons des clients qui ont du mal à quitter le parking du magasin. Idéalement, on aimerait bien avoir un dos d’âne pour vraiment réduire la vitesse de certains conducteurs.”
 
À noter que cette mise à jour de la signalisation n’est pas présentée comme liée à l’accueil des épreuves de surf des Jeux olympiques. Elle tombe toutefois à point nommé en raison de l’affluence que devrait générer l’événement. “C’est rassurant”, admet la directrice générale des services de Taiarapu-Ouest, Hélène Fariki. “Mais dans la mesure où on applique les contrôles pour sensibiliser les usagers, car les mauvaises habitudes sont encore présentes.” La brigade de police municipale de Vairao s’est récemment dotée d’un appareil de mesure, type cinémomètre, dans ce but.
 

Quid des ralentisseurs ?

Hormis les contrôles qui peuvent être opérés ponctuellement par les forces de l’ordre, les ralentisseurs apparaissent comme un outil permanent et efficace pour obliger les usagers à lever le pied. Mais impossible d’en ajouter. “Une vieille réglementation calée sur celle de Métropole nous l’interdit sur les routes de ceinture, car les ralentisseurs posent des problèmes pour deux types de véhicules : les engins de secours et les transports en commun. Pour un bus, c’est extrêmement contraignant, et ça l’est encore plus pour les ambulances, parce que ça fait sauter les appareils respiratoires”, explique Boris Salles. Une nouvelle loi de Pays est en projet, et elle devrait être encore plus stricte à ce sujet. Certains ralentisseurs risquent d’être retirés, comme à Papara. D’autres l’ont déjà été sur le front de mer de Papeete, où des feux tricolores ont pris le relais.

Quelques incohérences

Sur les réseaux sociaux, un usager s’est étonné du cas de l’école primaire de Pueu, avec une succession de différentes limitations de vitesse, mais surtout une zone à 40 km/h dans un sens, affichée à 60 km/h dans l’autre. Une situation qui prête à confusion, mais qui aurait été “remise au carré depuis”, assure Boris Salles. Autre exemple à Toahotu, où l’école élémentaire semble avoir été oubliée. “La problématique de la route de Teahupo’o, c’est qu’il y a beaucoup de travaux d’enrobé et de la commune pour l’adduction en eau potable. Sur certaines portions, on attend que tous les travaux soient finis pour poser les panneaux et éviter qu’ils soient désimplantés.”
 
En cas de besoin, les usagers peuvent s’adresser aux communes, qui transmettront au service concerné.

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Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Mercredi 15 Mai 2024 à 17:55 | Lu 3582 fois