"Les tueries se poursuivent" : à Gaza, rien ne change après la mort de Sinouar


Omar AL-QATTAA / AFP
Territoires palestiniens | AFP | vendredi 18/10/2024 - L'assassinat du chef du Hamas Yahya Sinouar n'est pour les Gazaouis qu'un nouvel épisode macabre d'une guerre qui ravage leur territoire depuis plus d'un an et qu'ils désespèrent de voir finir.

Les raids se sont poursuivis dans l'enclave palestinienne assiégée après l'annonce par Israël d'avoir tué celui qui est considéré comme l'architecte de l'attaque sans précédent sur le sud du pays le 7 octobre 2023.

Après une frappe aérienne à l'aube, la Défense civile de Gaza a déclaré avoir exhumé les dépouilles de trois enfants palestiniens dans les décombres de leur maison dans le nord du territoire.

"Nous avons toujours pensé que lorsque ce moment arriverait, la guerre prendrait fin et que nos vies reviendraient à la normale", a déclaré à l'AFP Jemaa Abou Mendi, une habitante de Gaza.

"Mais malheureusement, la réalité sur le terrain est tout autre, la guerre n'a pas cessé et les tueries se poursuivent sans relâche", poursuit la jeune femme de 21 ans.

De larges pans du nord de la bande de Gaza sont assiégés par l'armée israélienne depuis près de deux semaines. Et les Etats-Unis ont menacé, cette semaine, de suspendre une partie de leur assistance militaire si Israël n'améliorait pas rapidement l'accès à l'aide humanitaire.

Israël a certes annoncé à plusieurs reprises ces derniers jours oeuvrer dans ce sens, mais "les habitants de Gaza ne ressentent aucune différence", selon le chef de l'agence de l'ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), Philippe Lazzarini.

"Ils continuent d'être pris au piège, affamés et malades, souvent sous d'intenses bombardements", a-t-il poursuivi sur X.

- "Assez de sang versé" -

Depuis l'annonce de la mort de M. Sinouar, beaucoup de Gazaouis caressent l'espoir que les autorités israéliennes considèrent ne plus avoir de raison de poursuivre la guerre dans le territoire.

"Assez de mort, assez de faim, assez de siège!", égraine Mustafa al-Zaeem, un habitant de 47 ans du quartier d'al-Rimal, dans l'ouest de la ville de Gaza.

"Assez de soif et de famine, assez de cadavres et de sang versé! Si l'assassinat de Sinouar était l'un des objectifs de cette guerre, voilà, ils l'ont tué Yahya Sinouar", lâche-t-il.

L'attaque du Hamas a entraîné la mort de 1.206 personnes du côté israélien, en majorité des civils tués le 7 octobre, selon un décompte de l’AFP réalisé à partir de chiffres officiels israéliens et incluant les otages morts ou tués en captivité dans la bande de Gaza. Sur les 251 personnes emmenées comme otages le 7 octobre, 97 sont toujours détenues à Gaza, dont 34 ont été déclarées mortes par l’armée israélienne.

Plus de 42.500 Palestiniens ont été tués dans la campagne militaire israélienne de représailles sur la bande de Gaza, en majorité des civils, selon les données du ministère de la Santé du gouvernement du Hamas pour Gaza, jugées fiables par l'ONU.

- "Maudite guerre" -

En Israël et à l'étranger, plusieurs voix se sont faites entendre pour appeler à ce que la mort du chef du Hamas soit le point de départ d'un plan concret pour libérer les otages, ou d'un cessez-le-feu.

Après un entretien vendredi entre le président israélien, Isaac Herzog, et le Premier ministre, Benjamin Netanyahu, pour discuter des conséquences de la mort de Yahya Sinouar, un communiqué a affirmé qu'"une fenêtre d'opportunité significative s'est ouverte - y compris en faveur du retour des otages et pour l'élimination du Hamas".

Jeudi en fin de journée, M. Netanyahu a également enjoint les habitants de Gaza pouvant aider à la libération des otages à se rendre, leur promettant qu'ils seraient épargnés: "quiconque dépose son arme et rend nos otages, nous lui permettrons de continuer à vivre".

Mais sur place, les Gazaouis interrogés par les correspondants de l'AFP ne font pas confiance à M. Netanyahu.

"Ce que nous voyons, c'est que Netanyahu se concentre sur Gaza, sur le meurtre, la destruction et l'extermination, puisque les bombardements et les massacres se poursuivent à travers Gaza", juge Mahmoud Obeid, 42 ans, depuis le sud de la bande de Gaza où il a été déplacé.

"Ce que nous craignons le plus, c'est la poursuite de cette maudite guerre."

le Vendredi 18 Octobre 2024 à 07:12 | Lu 369 fois