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Les six reines du Pacifique


@Jérémie Gabrien
@Jérémie Gabrien
Tahiti, le 21 décembre 2022 - Six waterwomen originaires de métropole vont tenter de battre un record du monde, à partir de début janvier, en ralliant le Pérou à Moorea en prône paddleboard. Cette traversée du Pacifique, baptisée Cap Optimist, est à la fois un défi sportif mais aussi solidaire. Des fonds sont levés en marge de cette incroyable expédition pour venir en aide aux enfants malades, notamment de cancers. Des défis sportifs sont également mis en place dans plusieurs écoles de Tahiti et Moorea pour promouvoir le sport-santé.
 
C'est un défi fou que se sont lancé six femmes métropolitaines. Elles vont tenter la traversée du Pacifique en prône paddle, en relai 24 heures sur 24. Ces waterwomen de profession (sauvetage côtier) vont quitter Lima, au Pérou, le 4 janvier pour rallier Moorea, à 8 000 km. L'arrivée sur l'île sœur est prévue vers la mi-mars.
 
À l'origine du projet, baptisé Cap Optimist, une histoire d'amitié et un coup de cœur pour la Polynésie. Emmanuelle Bescheron, double championne du monde de sauvetage sportif en 2014 et 2018, qui avait déjà participé –et remporté– à deux reprises la Watermana à Huahine, a invité en 2019 Stéphanie Barneix et Alexandra Lux à prendre part avec elle à la compétition. “Sur place, l'idée de la traversée a germé assez rapidement”, confie Emmanuelle Bescheron. Il faut dire que les deux jeunes femmes, qui ont elles aussi un palmarès qui en ferait pâlir plus d'un (championne du monde de sauvetage côtier en 2000, seule femme européenne à avoir participer à la mythique course Molokai (54 km) en 2003 en 7h01m, qu'elle a également remportée en équipe mixte en 2004 et 2006 pour la première, et championne du monde de sauvetage côtier 2010 pour la seconde), sont également recordwomen du monde avec leur traversée de l'Atlantique en paddleboard en 2009. “Fortes de notre expérience, on s'est dit qu'on allait refaire un peu le trajet du Kon Tiki que ces six hommes avaient effectué en 1947.” Les aventurières de l'extrême ont donc rallié à leur cause trois autres rameuses, Itziar Abascal, Margot Calvet et Marie Goyeneche, elles aussi grandes championnes de la discipline. Ensemble, elles vont donc tenter un nouveau record du monde, “car personne à ce jour n'a tenté cette traversée-là en prône paddleboard”.
 
Un marathon par jour pendant 90 jours
 
Pour ce défi hors du commun, les six femmes vont se relayer toutes les heures, de jour comme de nuit, sur leur planche. Allongées dessus, elles rameront à la force des bras. “Il y aura toujours une rameuse à l'eau. Sur 24 heures, on va chacune ramer quatre fois une heure. Ça correspond en temps d'effort à un marathon... par jour !” L'expédition doit durer environ 90 jours. “Après on verra comment se déroule l'aventure, on ne peut pas prédire à l'avance ce que l'océan va nous offrir en termes de conditions. Ça va être un peu la surprise !”, poursuit Emmanuelle Bescheron.
 
Et l'océan peut aussi offrir son lot de surprises en termes de faune marine. Il s'agit de quelque chose que les jeunes femmes redoutent, mais pour lequel elles se sont aussi préparées. “On s'est dotées de répulsifs à requins, qui ont été notamment utilisés à La Réunion pour les surfeurs”, explique Emmanuelle Bescheron. “Ces répulsifs sont sous toutes nos planches et émettent des ondes électromagnétiques qui sont censées éloigner les requins. Des graphismes ont aussi été étudiés et apposés sous nos planches qui pourraient effrayer certains requins. On a également une surveillance permanente de la rameuse par les personnes de l'équipage sur le bateau d'assistance. Il y a un binôme qui la surveille en permanence, de jour comme de nuit.” Mais les requins ne sont pas les seules choses que les rameuses redoutent. “Moi, à titre personnel, c'est la rame de nuit que je redoute le plus”, confie Emmanuelle Bescheron. “Parce que la nuit, c'est perturbant, les émotions sont souvent décuplées, le champ de visibilité est complètement réduit et changé... C'est vrai que c'est très particulier la nuit.”
 
Les rameuses, qui préparent ce projet depuis trois ans, ont également mis en place des entraînements quotidiens, que ce soit en rame, en endurance, en renforcement musculaire ou en prévention des blessures. “On a aussi une grosse partie de préparation mentale.”

​Ramer pour les enfants

@Jérémie Gabrien
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Outre l'exploit sportif, Cap Optimist est aussi un projet solidaire. Survivante de quatre cancers du sein, la waterwoman Stéphanie Barneix a décidé de se mobiliser pour les personnes malades en les aidant à mieux vivre grâce au sport. Elle a créé en 2015 l'association Hope Team East proposant aux malades de participer à des défis sportifs leur permettant ainsi de se raccrocher à un objectif. “Le sport a toujours été pour elle un pilier pour combattre la maladie et n'en faire qu'une étape.” Les six rameuses sont toutes activement impliquées dans l'association. Initialement tournée vers les femmes atteintes de cancer, notamment du sein, l'association s'est ensuite déployée sur tous les types de cancers puis sur les maladies chroniques. Cette année, les six femmes ont souhaité développer des actions en faveur des enfants malades.
 
Le défi permet de lever des fonds, notamment avec la mise en vente des 8 000 km du parcours (1 km = 12 000 Fcfp). Des actions sont également développées sur les lieux de départ et d'arrivée. À Lima depuis une semaine, les waterwomen ont notamment rendu visite aux enfants malades à l'hôpital et à l'institut du cancer. Elles ont également rencontré des associations qui œuvrent dans les quartiers défavorisés. “Ce sont nos valeurs de sport-santé qu'on essaie de partager avec le plus grand nombre”.
 
À Tahiti, des visites sont également prévues à l'hôpital de Taaone. L'association a aussi mis en place un programme pédagogique intitulé “Un défi dans mon école”, auquel participent six écoles de Tahiti et Moorea. “On invite les enfants à réaliser un défi sportif, en collectif, avec leurs professeurs. Ils ont une préparation de six semaines pour réaliser leur défi.” Parmi les différents défis mis en place, certains élèves vont nager dans le lagon de Moorea. D'autres, grâce à la complicité d'une maman d'élève atteinte d'un cancer, vont travailler sur les bienfaits du sport sur une personne malade. Des élèves d'une autre classe vont aider un de leurs camarades, gravement brûlé et actuellement hospitalisé, à réaliser son propre défi. Quant au plus gros défi, c'est l'école de Teavaro qui va le réaliser. La fédération tahitienne d'aviron lui a prêté six rameurs d'entraînement et élèves comme professeurs vont ramer par tranches de 30 minutes. Leur défi est d'atteindre les 8 000 km qui séparent Lima de Moorea avant l'arrivée des rameuses. Une aventure sportive mais aussi humaine, donc, pour les waterwomen comme pour les élèves polynésiens.

Pratique
 
Pour acheter des kilomètres (1 km = 12 000 Fcfp) et soutenir l'association Hope Team East et ses projets en faveur des enfants malades, rendez-vous sur le site capoptimist.com.
 
Pour suivre l'aventure des six waterwomen entre le Pérou et Moorea, rendez-vous également sur le site capoptimist.com. Le tracking de la balise permettra de voir leur avancée au quotidien. Un carnet de bord sera également à découvrir quotidiennement sur les réseaux sociaux (Facebook : Cap Optimist).

L'association Hope Team East

Le projet solidaire de l'association Hope Team East est décliné en trois axes :
  • Le programme pédagogique “Un défi dans mon école” auquel plusieurs écoles de Tahiti et Moorea prennent part.
  • L'accompagnement des enfants malades : pendant un an, ils bénéficient d'une préparation physique et mentale, avec également des conseils en nutrition. Une préparation digne d'un sportif de haut niveau pour qu'à la fin de l'année, ils réalisent leur propre défi sportif.
  • L'insertion de totems dans les hôpitaux. Il s'agit de grosses machines composées de différents modules sportifs, disposées dans les chambres des services onco-pédiatriques des hôpitaux pour que les enfants en cours de traitement puissent continuer à avoir une activité physique. “On espère que le premier totem arrive rapidement à l'hôpital de Tahiti”, confie Emmanuelle Bescheron.

Rédigé par Anne-Laure Guffroy le Mardi 20 Décembre 2022 à 18:41 | Lu 4451 fois