Les salariés d’EDT à l’Assemblée « pour écouter »


PAPEETE, jeudi 29 novembre 2012. Une trentaine de salariés d’EDT patientait depuis ce matin 9h devant l’Assemblée de Polynésie française et assiste, aujourd’hui au débat des représentants sur deux textes encadrant la future politique énergétique, que le Pays veut mettre en place. Notamment dans le but d’augmenter la part de production d’énergie renouvelable, l’objectif étant d’atteindre 50% de production d’énergie hors fossile, à l’horizon 2020. Un vœu que personne ne conteste, pas même EDT qui est engagée de longue date dans cette mutation de production puisque aujourd’hui déjà, 30% de l’électricité produite par EDT est hydroélectrique. L’entreprise a par ailleurs plusieurs projets à très courts termes, pour l’année 2013 et 2014, notamment une production d’électricité par éolienne à Tahaa.

Le problème c’est que certains articles des projets de loi de Pays qui devraient être examinés aujourd’hui à l’assemblée, sont pour le coup, contestés par EDT, qui n’a pas manqué depuis près d’un an, de le faire savoir à toutes les instances consultées sur ces projets de loi de Pays. Il est effectivement prévu de limiter « toute action tendant à porter au-delà d’un seuil de 50%, le contrôle direct ou indirect par un même opérateur de la production d’électricité issue des énergies renouvelables». Or, EDT qui est une grosse entreprise, liée à un groupe puissant atteindrait déjà les 75% du marché actuel de la production d’électricité issue d’énergies renouvelables. Cet article est donc considéré par EDT, de sa tête à sa base, comme discriminatoire. «Hier, les salariés ont décidé spontanément de venir à l’assemblée aujourd’hui écouter ce que les représentants vont dire sur ce sujet. Les débats sont publics, nous venons seulement écouter» explique Terainui Hamblin-Ellacott, déléguée à la communication à EDT. Au total entre 25 et 30 salariés sont présents issus à la fois des unités de production ou de la distribution.

Pour ces salariés, comme pour leur direction, c’est l’incompréhension qui règne en maître. Car EDT a effectivement de nouveaux projets pour développer les énergies renouvelables et son assise financière (grâce au groupe GDF-Suez), son expertise en font naturellement un leader sur ces installations. Un leader, mais pas un trust non plus. «Depuis 2006, 95% des projets de production d’électricité depuis des énergies renouvelable sont le fait de petits producteurs. La centrale solaire sur le toit de l’hypermarché Carrefour à Punaauia ce n’est pas EDT. Le parc des éoliennes de Makemo, ce n’est pas EDT» détaille Terainui Hamblin-Ellacott, «EDT dispose d’une concession pour la distribution, pas pour la production» poursuit-elle. Le personnel d’EDT et sa direction ne comprennent pas non plus comment ils n’ont pas réussi à convaincre le gouvernement ou les représentants des erreurs manifestes, selon eux, de ce projet de loi. «Il y a un mois nous avons encore rencontré la Commission des affaires économiques de l’assemblée, on pensait que les élus avaient compris».
L'ordre du jour de la séance qui a débuté ce jeudi matin à l'assemblée a été modifié -au départ sans le vote des représentants à ce sujet, ce qui a provoqué quelques remous- aussi les deux projets de loi de pays sur la politique énergétique ont été repoussés à l'après-midi. Une décision sans doute politique qui ne fait pas reculer les agents d'EDT. Ils ont attendu patiemment toute la matinée, mais ils reviennent cet après-midi. "On leur a fait peur" disaient les agents à la sortie de l'hémicycle à l'heure du déjeuner. Les travaux à l'assemblée doivent reprendre ce jeudi après-midi.



Rédigé par Mireille Loubet le Jeudi 29 Novembre 2012 à 16:36 | Lu 2073 fois