Les premières roulottes chinoises, rue du commerce à Papeete en 1932.
PAPEETE, le 5 janvier 2017 - Difficile de remonter le fil de l'histoire, de retrouver les origines exactes des roulottes : ces camions-restaurants, ces "food trucks", disséminés à travers la Polynésie française et même au-delà de ses frontières. Pourtant, les roulottes ont bien une histoire commune, qu'elles soient nées au siècle dernier, il y a 50 ans ou depuis quelques semaines.
Les roulottes, c'est d'abord l'histoire de femmes et d'hommes qui ont décidé, un jour, de créer leur propre emploi. C'est, le plus souvent, l'histoire d'une famille, qui a choisi de se décarcasser et de suer pour faire mieux vivre les siens. C'est aussi l'histoire de passionnés de bonne chère, dans un pays où la nourriture alimente le quotidien.
Beaucoup d'anciens estiment que pour retrouver les origines des roulottes d'aujourd'hui, il faut remonter dans les années 1930. "Il existait dans les années 30 à 50 des échoppes roulantes qui vendaient surtout des fruits et des légumes", explique Olivier Babin, président de l'association culturelle Tahiti Heritage. Certains pensent que ces carrioles fabriquées en bambou et pandanus portées par des roues ont été créées par les Chinois, à leur arrivée en Polynésie. "Autrefois, les Chinois poussaient des roulottes, des petites cabanes en bois sur roues", explique Raymond Pietry, de l'académie tahitienne, Fare Vāna'a.
Les roulottes, c'est d'abord l'histoire de femmes et d'hommes qui ont décidé, un jour, de créer leur propre emploi. C'est, le plus souvent, l'histoire d'une famille, qui a choisi de se décarcasser et de suer pour faire mieux vivre les siens. C'est aussi l'histoire de passionnés de bonne chère, dans un pays où la nourriture alimente le quotidien.
Beaucoup d'anciens estiment que pour retrouver les origines des roulottes d'aujourd'hui, il faut remonter dans les années 1930. "Il existait dans les années 30 à 50 des échoppes roulantes qui vendaient surtout des fruits et des légumes", explique Olivier Babin, président de l'association culturelle Tahiti Heritage. Certains pensent que ces carrioles fabriquées en bambou et pandanus portées par des roues ont été créées par les Chinois, à leur arrivée en Polynésie. "Autrefois, les Chinois poussaient des roulottes, des petites cabanes en bois sur roues", explique Raymond Pietry, de l'académie tahitienne, Fare Vāna'a.
DÉVELOPPEMENT DANS LES ANNÉES 1950
Roland Pansi dans les années 1980.
Tout le monde s'accorde à dire que ces "échoppes" ont ensuite évolué dans les années 1950 et 1960. "Vers 1950 les premières roulottes avaient le nom de "pere'o'o ho'ora'a". C'était des camionnettes fourgons Citroën tube avec des tôles ondulées sur les côtés ou Mercedes appartenant aux Chinois qui tenaient des magasins d'alimentation. Deux fois par jour, surtout dans les vallées habitées, ils klaxonnaient devant chez toi pour te vendre du pain frais. Plutôt que de se déplacer au magasin, les gens ont commencé à leur demander de ramener d'autres produits. Ensuite, ils ont commencé à anticiper et proposaient des "pai", du beurre, des bonbons chinois, des peignes, des serviettes, des allumettes... ", se souvient un habitant de Papeete.
Les roulottes qui allaient dans les quartiers se sédentarisent. Elles s'installent sur les places ou les terrains vagues. Des chaises et des tabourets sont mis à la disposition de la population venue déguster une part de gâteau ou une crêpe. Au fil du temps, il n'y a plus que de la nourriture dans les roulottes : plats chauds ou froids, les habitants des quartiers y prennent leurs repas. "Ensuite, avec l'arrivée du CEP, les roulottes ont été aménagées pour répondre à la demande des travailleurs qui avaient besoin de manger le midi. Les roulottes sont alors devenues plus confortables." De véritables cuisines ont été installées à l'intérieur.
L'essor des roulottes s'explique aussi par les fêtes du Tiurai et du Heiva selon plusieurs témoignages. A l'occasion de ces fêtes populaires, les fourgons installés dans les quartiers se déplacent sur le port de Papeete. Ils restent pendant un mois le long du quai et proposent à manger aux passants. "Il y avait pendant les mois de juin et juillet de nombreuses baraques de jeux et de nourritures place Vaiete. Petit à petit, elles se sont installées chaque soir le long des quais. Puis, lors de l'aménagement des quais, elles ont été "encadrées" place Vaiete", détaille Olivier Babin.
Au fil du temps, elles ont conquis le cœur des Polynésiens. Les roulottes font aujourd'hui partie de leur quotidien, qu'ils soient issus de grandes familles ou de quartiers plus populaires.
Les roulottes, c'est un plaisir accessible à chacun. Ni couleur de peau, ni origines sociales, ni parti politique. Elles sont un endroit où, à deux ou à 15, les gens aiment se retrouver pour déguster grillades et poissons. "Je pense que les roulottes ont vite été très populaires. Elles étaient aussi une manière de contrer les restaurants car tout le monde n'avait pas les moyens d'y aller. Aux roulottes, c'est toute la société qui peut y aller. C'est Monsieur tout le monde. Peu importe comment les gens sont habillés ou quel travail ils ont. Tout le monde peut s'attabler à un plancher pour manger", analyse Raymond Pietry. L'homme de lettres avoue lui aussi avoir cédé à la tentation dans une des toutes premières roulottes de Papeete, installée sur le quai de la capitale. A l'époque, de nombreuses scènes de vie se jouaient sur le quai. C'est donc tout naturellement qu'une des premières roulottes, consacrées exclusivement à la nourriture, s'est ouverte.
Les roulottes qui allaient dans les quartiers se sédentarisent. Elles s'installent sur les places ou les terrains vagues. Des chaises et des tabourets sont mis à la disposition de la population venue déguster une part de gâteau ou une crêpe. Au fil du temps, il n'y a plus que de la nourriture dans les roulottes : plats chauds ou froids, les habitants des quartiers y prennent leurs repas. "Ensuite, avec l'arrivée du CEP, les roulottes ont été aménagées pour répondre à la demande des travailleurs qui avaient besoin de manger le midi. Les roulottes sont alors devenues plus confortables." De véritables cuisines ont été installées à l'intérieur.
L'essor des roulottes s'explique aussi par les fêtes du Tiurai et du Heiva selon plusieurs témoignages. A l'occasion de ces fêtes populaires, les fourgons installés dans les quartiers se déplacent sur le port de Papeete. Ils restent pendant un mois le long du quai et proposent à manger aux passants. "Il y avait pendant les mois de juin et juillet de nombreuses baraques de jeux et de nourritures place Vaiete. Petit à petit, elles se sont installées chaque soir le long des quais. Puis, lors de l'aménagement des quais, elles ont été "encadrées" place Vaiete", détaille Olivier Babin.
Au fil du temps, elles ont conquis le cœur des Polynésiens. Les roulottes font aujourd'hui partie de leur quotidien, qu'ils soient issus de grandes familles ou de quartiers plus populaires.
Les roulottes, c'est un plaisir accessible à chacun. Ni couleur de peau, ni origines sociales, ni parti politique. Elles sont un endroit où, à deux ou à 15, les gens aiment se retrouver pour déguster grillades et poissons. "Je pense que les roulottes ont vite été très populaires. Elles étaient aussi une manière de contrer les restaurants car tout le monde n'avait pas les moyens d'y aller. Aux roulottes, c'est toute la société qui peut y aller. C'est Monsieur tout le monde. Peu importe comment les gens sont habillés ou quel travail ils ont. Tout le monde peut s'attabler à un plancher pour manger", analyse Raymond Pietry. L'homme de lettres avoue lui aussi avoir cédé à la tentation dans une des toutes premières roulottes de Papeete, installée sur le quai de la capitale. A l'époque, de nombreuses scènes de vie se jouaient sur le quai. C'est donc tout naturellement qu'une des premières roulottes, consacrées exclusivement à la nourriture, s'est ouverte.
DE MÈRE EN FILLE…
Mamie Tehinatauhiti, patronne de la roulotte Tiki Peue.
1966. Le premier essai nucléaire est tiré à Mururoa. Le premier steak/frites de Mamie Tehinatauhiti, patronne de la roulotte Tiki Peue, est servi à un oiseau de nuit. "Ha oui! C'était la belle époque", souffle, nostalgique, la première patronne du Tiki Peue, balançant son torchon sur l'épaule. 50 ans plus tard, Mamie œuvre toujours derrière les fourneaux du côté du parc Bougainville, même si, elle est à la retraite sur le papier. "Je viens aider ma fille car, avoir une roulotte, ce n'est pas un métier évident."
Tehinatauhiti a ouvert la roulotte avec son mari, Roger Simonet. "C'est lui qui a lui l'idée de monter une roulotte comme ça, explique la fille, Maeva Colombani, qui a pris la suite de sa maman. C'était un homme d'affaires qui voyageait beaucoup et un jour, il a eu l'idée de proposer des plats pour les gens qui sortaient tard le soir…" Sa maman, assise, à côté d'elle, les doigts entrelacés, acquiesce, avant d'ajouter : "Il travaillait au restaurant d'un hôtel, il faisait des steaks, des frites, des hamburgers et il a vu l'appétence des gens pour ces produits. Alors, il s'est dit :"Pourquoi ne pas le faire moi-même?"Et ça a marché…"
Ce premier camion-restaurant répond à la demande des fringales de fin de soirée. Grillades et poissons crus sont au menu. Quelques années plus tard, Mamie et son mari déménagent pour aller du côté de l'actuelle maison de la culture. Les horaires d'ouverture de la roulotte s'amplifient, la clientèle se diversifie. Le Tiki Peue connaît un âge d'or.
"Nous ouvrions le soir jusque tard, tout le monde venait manger à la roulotte : les popa'a, les Polynésiens, les gens du quartier et des communes alentour, les policiers, les gendarmes, les politiques… Près du port, sur ce bout de quai, nous formions une véritable famille avec les capitaines des bateaux amarrés. Lorsque nous fermions le soir, après le service, nous faisions la bringue jusqu'au lendemain… C'était la fête!", se remémore la septuagénaire.
Le long de l'eau, d'autres roulottes s'installent. Le phénomène prend de l'ampleur. A quelques pas du Tiki Peue, dans les années 1980, le couple Pansi ouvre un petit camion aménagé. A l'intérieur et à l'extérieur, le couple travaille la viande et le poisson. Tous les soirs, à partir de 17 heures, les Pansi s'affairent à la tâche.
Dans une édition de l'hebdomadaire d'information de la communauté chinoise d'avril 1980, Tsoung Pao, un reportage est consacré à ce qui est alors appelé "les marchands ambulants". Roland Pansi, créateur et patron de la roulotte, se confie au journaliste de l'époque : "C'est ma mère qui m'a conseillé de faire ce métier, avant j'étais démarcheur chez Omnisport."
Le patron ajoute que si l'activité est lucrative, le travail est dur et demande beaucoup de temps. A l'époque, sa clientèle est composée principalement de footballeurs issus des différents districts. La carte proposée s'articule autour des plats traditionnels : steak/frites, poulet/frites, brochettes, poisson cru… La même qu'aujourd'hui. Car la roulotte Pansi a traversé les années.
Tehinatauhiti a ouvert la roulotte avec son mari, Roger Simonet. "C'est lui qui a lui l'idée de monter une roulotte comme ça, explique la fille, Maeva Colombani, qui a pris la suite de sa maman. C'était un homme d'affaires qui voyageait beaucoup et un jour, il a eu l'idée de proposer des plats pour les gens qui sortaient tard le soir…" Sa maman, assise, à côté d'elle, les doigts entrelacés, acquiesce, avant d'ajouter : "Il travaillait au restaurant d'un hôtel, il faisait des steaks, des frites, des hamburgers et il a vu l'appétence des gens pour ces produits. Alors, il s'est dit :"Pourquoi ne pas le faire moi-même?"Et ça a marché…"
Ce premier camion-restaurant répond à la demande des fringales de fin de soirée. Grillades et poissons crus sont au menu. Quelques années plus tard, Mamie et son mari déménagent pour aller du côté de l'actuelle maison de la culture. Les horaires d'ouverture de la roulotte s'amplifient, la clientèle se diversifie. Le Tiki Peue connaît un âge d'or.
"Nous ouvrions le soir jusque tard, tout le monde venait manger à la roulotte : les popa'a, les Polynésiens, les gens du quartier et des communes alentour, les policiers, les gendarmes, les politiques… Près du port, sur ce bout de quai, nous formions une véritable famille avec les capitaines des bateaux amarrés. Lorsque nous fermions le soir, après le service, nous faisions la bringue jusqu'au lendemain… C'était la fête!", se remémore la septuagénaire.
Le long de l'eau, d'autres roulottes s'installent. Le phénomène prend de l'ampleur. A quelques pas du Tiki Peue, dans les années 1980, le couple Pansi ouvre un petit camion aménagé. A l'intérieur et à l'extérieur, le couple travaille la viande et le poisson. Tous les soirs, à partir de 17 heures, les Pansi s'affairent à la tâche.
Dans une édition de l'hebdomadaire d'information de la communauté chinoise d'avril 1980, Tsoung Pao, un reportage est consacré à ce qui est alors appelé "les marchands ambulants". Roland Pansi, créateur et patron de la roulotte, se confie au journaliste de l'époque : "C'est ma mère qui m'a conseillé de faire ce métier, avant j'étais démarcheur chez Omnisport."
Le patron ajoute que si l'activité est lucrative, le travail est dur et demande beaucoup de temps. A l'époque, sa clientèle est composée principalement de footballeurs issus des différents districts. La carte proposée s'articule autour des plats traditionnels : steak/frites, poulet/frites, brochettes, poisson cru… La même qu'aujourd'hui. Car la roulotte Pansi a traversé les années.
En 1980, l'hebdomadaire Tsoung Pao a consacré un reportage au couple Pansi et à leur roulotte.
Roland Pansi.
Chez Pansi aujourd'hui.
… DE PÈRE EN FILS
Elisabeth Pansi, belle-fille des Pansi, travaille à la roulotte Chez Pansi depuis ses 18 ans.
Mis à la porte du quai avec la transformation du front de mer, les Pansi se sont rapprochés de leur foyer, à Erima, sur la commune de Arue. Roland et sa femme ont passé leurs tabliers à leurs enfants. Le camion a changé et les Pansi emploient désormais deux personnes, mais l'esprit, lui, est resté le même.
"Mes beaux-parents ont travaillé dur pendant des années avec cette roulotte. Maintenant, ils ont une retraite bien méritée… Nous avons repris le flambeau avec mon mari (NDLR: le fils de Roland Pansi et sa femme) et nous faisons de notre mieux pour continuer à faire vivre ce qu'ils ont créé. Cela demande beaucoup de travail, du temps et du sacrifice, mais nous ne changerions pour rien", expose Elisabeth, 39 ans, marié avec Irwin, fils des Pansi.
Il suffit de faire le tour des roulottes et d'engager la conversation avec les propriétaires pour se rendre compte que, bien souvent, ce petit restaurant ambulant est dans la famille depuis plusieurs générations.
Maeva, fille de la Mamie du Tiki Peue, en est le parfait exemple.
La quadragénaire a pris la suite il y a quelques années. "La première fois que j'ai travaillé aux côtés de ma mère et de mon beau-père, j'avais 18 ans. Au début, je ne faisais que servir. Puis, à force d'observer ma maman, j'ai appris à cuisiner. Aujourd'hui, je sais faire comme elle", sourit la fille, qui semble aussi avoir hérité du caractère bien trempé de Tehinatauhiti.
Le Tiki Peue s'est fait un nom dans le monde de la restauration ambulante. Les habitués y vont pour déguster le fameux steak/frites de Mamie et surtout, les patates qui l'accompagnent. Assises l'une à côté de l'autre devant la roulotte, les deux femmes restent humbles. A demi-mot, elles avouent "être fières". "C'est fou! Cela fait 50 ans que nous sommes là, c'est incroyable", ajoute Maeva au bout d'un moment. "Un demi-siècle! Je suis contente que cela dure encore. Il faut que ça continue comme ça!"
Un gaillard de près de deux mètres descend de la roulotte et rejoint les deux femmes. Il s'assied et dégaine un jeu de cartes qu'il installe sur la table. Petit fils de Tehinatauhiti, Tauarii vient en renfort pendant les vacances scolaires. La roulotte représente aussi une partie du patrimoine familial. Elle est le relais par lequel se transmettent les valeurs. "Je viens un peu travailler quand j'ai du temps. Comme ça, je peux gagner un peu de sous, au lieu d'aller demander à droite et à gauche des billets en n'ayant rien fait", assure Tauarii.
Chez Pansi, le Tiki Peue et beaucoup d'autres sont une histoire de famille. Les roulottes sont nombreuses à travers la Polynésie française. "Je ne pense pas que les roulottes pourraient disparaître du paysage. Les gens auront toujours besoin de manger. Même si un jour on leur interdit de s'installer sur les places ou sur les parkings, les gens ouvriront les roulottes chez eux!", s'exclame Tehinatauhiti Colombani, qui espère que le Tiki Peue a encore de belles années devant lui.
A en croire les patrons comme les clients, il semblerait que l'histoire des roulottes en Polynésie ne soit pas prête de se terminer.
"Mes beaux-parents ont travaillé dur pendant des années avec cette roulotte. Maintenant, ils ont une retraite bien méritée… Nous avons repris le flambeau avec mon mari (NDLR: le fils de Roland Pansi et sa femme) et nous faisons de notre mieux pour continuer à faire vivre ce qu'ils ont créé. Cela demande beaucoup de travail, du temps et du sacrifice, mais nous ne changerions pour rien", expose Elisabeth, 39 ans, marié avec Irwin, fils des Pansi.
Il suffit de faire le tour des roulottes et d'engager la conversation avec les propriétaires pour se rendre compte que, bien souvent, ce petit restaurant ambulant est dans la famille depuis plusieurs générations.
Maeva, fille de la Mamie du Tiki Peue, en est le parfait exemple.
La quadragénaire a pris la suite il y a quelques années. "La première fois que j'ai travaillé aux côtés de ma mère et de mon beau-père, j'avais 18 ans. Au début, je ne faisais que servir. Puis, à force d'observer ma maman, j'ai appris à cuisiner. Aujourd'hui, je sais faire comme elle", sourit la fille, qui semble aussi avoir hérité du caractère bien trempé de Tehinatauhiti.
Le Tiki Peue s'est fait un nom dans le monde de la restauration ambulante. Les habitués y vont pour déguster le fameux steak/frites de Mamie et surtout, les patates qui l'accompagnent. Assises l'une à côté de l'autre devant la roulotte, les deux femmes restent humbles. A demi-mot, elles avouent "être fières". "C'est fou! Cela fait 50 ans que nous sommes là, c'est incroyable", ajoute Maeva au bout d'un moment. "Un demi-siècle! Je suis contente que cela dure encore. Il faut que ça continue comme ça!"
Un gaillard de près de deux mètres descend de la roulotte et rejoint les deux femmes. Il s'assied et dégaine un jeu de cartes qu'il installe sur la table. Petit fils de Tehinatauhiti, Tauarii vient en renfort pendant les vacances scolaires. La roulotte représente aussi une partie du patrimoine familial. Elle est le relais par lequel se transmettent les valeurs. "Je viens un peu travailler quand j'ai du temps. Comme ça, je peux gagner un peu de sous, au lieu d'aller demander à droite et à gauche des billets en n'ayant rien fait", assure Tauarii.
Chez Pansi, le Tiki Peue et beaucoup d'autres sont une histoire de famille. Les roulottes sont nombreuses à travers la Polynésie française. "Je ne pense pas que les roulottes pourraient disparaître du paysage. Les gens auront toujours besoin de manger. Même si un jour on leur interdit de s'installer sur les places ou sur les parkings, les gens ouvriront les roulottes chez eux!", s'exclame Tehinatauhiti Colombani, qui espère que le Tiki Peue a encore de belles années devant lui.
A en croire les patrons comme les clients, il semblerait que l'histoire des roulottes en Polynésie ne soit pas prête de se terminer.
Mamie et son petit-fils.
Maeva, la fille et actuelle patronne du Tiki Peue et Tauarii, son neveu.
Le Tiki Peue d'aujourd'hui.