Les riverains de Terurumi à l'attaque


Tahiti le 13 avril 2022 – En plus des recours annoncés devant le tribunal administratif contre les autorisations a posteriori des travaux menés sur le motu Terurumi à Bora Bora, et notamment le creusement d'une lagune, les riverains ont saisi cette semaine le tribunal civil en référé pour demander des indemnisations provisionnelles et une expertise.

Le dossier est revenu cette semaine à la barre du tribunal civil. Les dix-sept propriétaires terriens du motu Terurumi à Bora Bora ont assigné les sociétés Bora Bora Yes et Corail Architecture au tribunal civil pour demander “une expertise judiciaire” et “des indemnisations provisionnelles pour les habitants du motu”. Ces derniers mois, les riverains avaient dénoncé les travaux menés sur le motu sans autorisations pour la construction d'une villa du luxe et surtout le creusement d'une lagune qui a, selon eux, pollué la lentille d'eau désormais salée et impropre à la consommation. Après avoir annoncé des recours devant la juridiction administrative pour faire annuler les autorisations de travaux, c'est devant la juridiction civile que les demandeurs ont lancé les hostilités. Comme l'explique leur avocat, Me Thibaud Millet, les riverains demandent 500 000 Fcfp d'indemnisation provisionnelle chacun pour “commencer à réparer les préjudices qui ont été subis”.
 
“Pour les habitants du motu, c'est le problème majeur. Ils avaient de l'eau à disposition pour se laver, certains pour boire , pour leur usage quotidien… Et depuis l'eau est salée et les pompes qui permettaient de pomper l'eau dans la lentille d'eau sont complètement rouillées”, s'offusque l'avocat. En défense, la mairie de Bora Bora affirme que la lentille était déjà salée avant les travaux. “Alors si l'eau était salée, il faut m'expliquer pourquoi Monsieur Gaston Tong Sang ferait creuser un puits pour puiser de l'eau de mer”, rétorque Me Millet. Si le référé au civil prévu lundi a été reporté au 25 avril prochain, deux autres actions sont également en cours. La première consiste en l'annulation de l'autorisation rétroactive d'occupation du domaine public. Et la deuxième en la suspension des travaux “pour être certain qu'il n'y ait pas d'aggravation de la situation”.

“Savoir dire stop”

“Je trouve que, quand un projet commence comme cela avec de telles violations des règles d'urbanisme, mais également de telles atteintes à l'environnement, il faut savoir dire stop”, dénonce l'avocat des riverains du motu. D'autant, rappelle Me Millet, que le porteur du projet, Kito Sylvain, “était déjà associé dans la société du projet Aquamaris à Bora Bora qui a également creusé une lagune intérieure et qui a été sanctionnée, car là pour le coup il y avait eu une étude d'impact. Il avait bien eu une autorisation d'accordée, mais l'étude d'impact a été jugée complètement insuffisante par le tribunal administratif.”

Cette fois-ci, les travaux n'ont été que régularisés a posteriori par une décision du conseil des ministres, après le creusement de la lagune, et malgré l'opposition du ministre de l'Environnement à cette décision. “J'ai l'impression que ce gouvernement ne réagit qu'au pouvoir et à l'argent. Parce que l'on a un riche investisseur, il faudrait lui ouvrir toutes les portes, même si on enfreint toutes les règles.”
 


Rédigé par Vaite Urarii Pambrun le Mercredi 13 Avril 2022 à 21:13 | Lu 3239 fois