Les risques professionnels : une réalité à prendre en compte


PAPEETE, lundi 14 octobre 2013. Les risques professionnels (plus encore les maladies professionnelles), on en parle peu encore en Polynésie française. Pourtant, les conséquences peuvent être lourdes : pour le salarié qui se blesse ou perd la vie au travail en priorité bien entendu, pour sa famille, mais également pour l’entreprise concernée et, en bout de course pour le système de protection sociale généralisée. Car ces accidents du travail, ces arrêts de travail ont un coût. Les 2 425 sinistres du travail enregistrés en Polynésie française en 2012, -dont 2 026 ont provoqué un arrêt de travail- pèsent pour 1,6 milliard de Fcfp sur la branche accident de la Caisse de prévoyance sociale. Un tiers de cette somme sert au remboursement des frais médicaux engagés, les deux tiers sont des rentes versées à ces salariés ou leurs ayant-droits pour cause d’incapacité totale ou partielle de se remettre au travail.

Travailler comporte des risques qui sont parfois mortels. En 2012, quatre personnes ont trouvé la mort sur leur lieu de travail en Polynésie française. C’est mieux qu’en 2007 où 15 personnes avaient perdu leur vie au travail, mais c’est beaucoup moins bien qu’en 2011 qui comptabilisait deux décès de salariés à leur travail.
Si le risque professionnel (l’accident de travail ou la maladie professionnelle) a été pris en compte depuis longtemps sur le territoire, ce n’est qu’en 2003 que la CPS a créé le Service prévention des risques professionnels. Le travail de ce service (de quatre personnes seulement) est clairement visible dans les statistiques : 40% d’accidents du travail en moins entre 2007 et 2012. Petite inquiétude toutefois : alors que cette baisse des accidents du travail a été régulière et continue de 2007 à 2011, l’année 2012 présente une légère remontée avec 44 accidents du travail en plus que l’année précédente (avec comme élément aggravant, un millier de salariés en moins dans l’effectif global du Pays). La preuve qu’en matière de prévention, il ne faut jamais baisser la garde. «C’est avant tout un problème de comportement, on peut toujours faire mieux» reconnait Régis Chang, le directeur de la CPS.

D’autant que dans le domaine de la santé au travail en Polynésie, il est un champ d’intervention qui a pris un poids considérable en métropole, mais qui reste discret sur le territoire : les maladies professionnelles. Le fait par exemple que par son exposition répétée à un polluant, un salarié développe une maladie ou bien qu’un salarié devienne sourd à force d’avoir travaillé dans le bruit. La CPS enregistre à peine une dizaine de cas de maladies professionnelles reconnues par an en Polynésie française (dix fois moins qu’en Nouvelle Calédonie). «Ces dix cas annuels par an en moyenne sont faibles car il y a une sous-déclaration évidente de ces maladies professionnelles» admet Tekura Gay, du Service prévention des risques professionnels de la CPS. La reconnaissance d’une maladie professionnelle est effectivement un parcours du combattant pour les salariés concernés en Polynésie française qui ne facilite pas leur émergence. C’est au salarié malade lui-même de déclarer sa maladie professionnelle, pour peu que son médecin généraliste ou le médecin du travail ait réussi à faire la corrélation entre sa maladie et son activité professionnelle. «Certains salariés craignent d’être pénalisés par leur employeur s’ils indiquent qu’ils ont une maladie liée à leur profession et il est encore nécessaire de sensibiliser les médecins privés sur le sujet» reconnaît encore Tekura Gay.

Petit à petit toutefois, ces maladies professionnelles –leur déclaration officielle, leur prise en compte- va nécessairement évoluer en Polynésie française, comme cela a été le cas en métropole au cours des 30 dernières années. Ne serait-ce que par l’augmentation sensible du risque amiante sur le territoire en raison de la multiplication de chantiers de réhabilitation de bâtiments où ce matériau a été largement utilisé. La santé et la sécurité au travail deviennent en tout cas des enjeux suffisamment importants, qu’un médecin inspecteur du travail, a été nommé depuis le mois d’août dernier sur le territoire à la Direction du travail.

2e journées santé et sécurité au travail

La CPS organise (comme tous les deux ans), en partenariat avec les ministères de la santé et de l’éducation, les 2es journées Santé et Sécurité au Travail qui se déroulent cette semaine au Lycée hôtelier de Tahiti à Punaauia. L’occasion de rappeler à tous les chefs d’entreprise de Polynésie française qu’ils devront rédiger, avant le 1er janvier 2014, un document listant les principaux risques professionnels de l’entreprise et les moyens de prévention pour y remédier.

Lors de ces journées, il sera également question de l’exposition à l’amiante, aux pesticides et de l’évaluation des risques professionnels sous forme d’atelier débat. Ces journées de mercredi 16 et jeudi 17 octobre (en matinée de 7h30 à 12h) sont ouvertes à tous et gratuites. Il est toutefois nécessaire de s’inscrire car les places sont limitées à partir du site Internet de la CPS : www.cps.pf/jsst2013

Pour lire le dossier de presse complet et connaître avec précision le programme de ces journées santé et sécurité au travail, CLIQUER ICI

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 14 Octobre 2013 à 16:25 | Lu 1218 fois