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Les relations entre la France et la Polynésie s'améliorent après des années de tensions


NOUMÉA, 16 novembre 2014 - Les relations entre la France et la Polynésie française, tendues pendant la dernière décennie, s’améliorent depuis l’arrivée au pouvoir d’Edouard Fritch, comme le montre sa présence à l’arrivée de François Hollande en Nouvelle-Calédonie dimanche.

Les relations entre l’Etat et la collectivité avaient oscillé entre indifférence et tensions, sous la présidence de Nicolas Sarkozy comme au début de celle de François Hollande, avec les deux prédécesseurs d’Edouard Fritch à la présidence polynésienne.

Oscar Temaru, pourtant proche du PS, avait irrité Paris avec ses démarches souverainistes à l’ONU. Le très chiraquien Gaston Flosse s’était brouillé avec Nicolas Sarkozy, puis avec François Hollande, lorsque ce dernier avait refusé de le gracier dans l’affaire des emplois fictifs.

Les rapports semblent plus faciles entre le chef de l’Etat et Edouard Fritch.

Les deux hommes s’étaient déjà rencontrés à Paris depuis son arrivée au pouvoir, en septembre, après l’inéligibilité signifiée à Gaston Flosse, son mentor en politique.

Le président de la République a invité Edouard Fritch, comme la présidente du gouvernement néo-calédonien Cynthia Ligeard, à se joindre à sa délégation, mardi en Australie.

Tous deux proches de la droite, ils prônent le maintien de leur collectivité dans la République française, et la lutte contre l’indépendance est l’un des fondements de leur engagement politique.

Edouard Fritch a pourtant affirmé qu’il n’en parlerait pas à François Hollande : "Je ne mêlerai pas le président de la République à nos problèmes internes : indépendance ou pas indépendance, c’est la population qui décidera", a-t-il déclaré samedi à l’AFP.

Il souhaite concentrer ses échanges avec le chef de l’Etat sur les difficultés économiques de la Polynésie. "Je rappellerai au président de la République qu’il y a eu des engagements, de ses ministres, du Premier ministre et que la Polynésie continue à y croire", a-t-il poursuivi.

Référendum d'autodétermination en Nouvelle-Calédonie

"Je lui demanderai de me donner une date du retour de la solidarité nationale en Polynésie française, j’espère que d’ici la fin de l’année ce problème sera levé", a-t-il aussi souligné à propos du régime de solidarité territorial. L’Etat ne participe plus au financement de ce fonds de solidarité polynésien depuis 2008, mais s’est engagé à plusieurs reprise, au cours du second trimestre 2014, à contribuer de nouveau à son financement. Sans cela, le RST pourrait terminer l’année avec un déficit supérieur à 6 milliards Fcfp. Ce régime d’assurance maladie et vieillesse compte près de 80000 ressortissants parmi les plus démunis de la collectivité polynésienne.

Le président Fritch demandera aussi au chef de l’Etat de considérer l’importance d’un "maintien de la défiscalisation pour les gros investissements" dans le BTP et l’hôtellerie, et celle des avions et des bateaux pour désenclaver les îles isolées, dans le cadre d’un soutien des efforts du gouvernement polynésien pour relancer l’économie du Pays. "Je ne vais pas créer de dossiers supplémentaires. Il n’y a pas plus urgent aujourd’hui que de régler le problème de l’emploi dans notre Pays", affirmait-il mercredi 12 novembre, interrogé sur le contenu de l’entretien qu’il souhaitait avoir avec le chef de l’Etat.

La stratégie est différente pour Cynthia Ligeard, qui regrette que "l’Etat affirme sa position à équidistance entre les indépendantistes et les loyalistes".

Elle rappelle que François Hollande participera cette semaine à une table ronde à Sydney sur le rayonnement de la France à travers ses Territoires du Pacifique. Elle souhaite donc un "avis de l’Etat" sur la question de l'indépendance calédonienne.

Les partis loyalistes pensent emporter le référendum d’autodétermination prévu par les accords de Nouméa, mais ils craignent les réactions qui pourraient le suivre. Certains loyalistes, comme Pierre Frogier, souhaitent donc qu’il n’ait pas lieu.

François Hollande a écarté cette hypothèse dès son arrivée à l’aéroport : "Une consultation est prévue en 2018 au plus tard, à nous de l’organiser et de faire en sorte qu’elle puisse être un succès", a-t-il déclaré devant les élus et la presse.

Deux manifestations, l’une loyaliste et l’autre indépendantiste, sont prévues lundi matin en Nouvelle-Calédonie.

Rédigé par JPV avec AFP le Dimanche 16 Novembre 2014 à 05:43 | Lu 3229 fois