Les réflexes pour éviter les cambriolages


Le commissaire divisionnaire François Perrault directeur de la sécurité publique et le colonel Pierre Caudrelier commandant le groupement de gendarmerie de la Polynésie française en appellent à une participation active de la population pour aider les forces de l'ordre dans la lutte contre les vols.
PAPEETE, le 5 mars 2015. Les vols simples sans effraction sont en hausse depuis près d'un an aussi bien en zone police que gendarmerie. Or, près des ¾ des vols sont commis parce que les propriétaires ont été négligents. Les Polynésiens doivent prendre de nouvelles habitudes pour entraver la trop grande facilité d'action des voleurs.
Le vieil adage "porte ouverte protège la maison" que nous répétaient nos grands-mères ne doit plus être que le lointain souvenir d'une ère révolue. En Polynésie française comme ailleurs. Les chiffres de la délinquance sont formels. "Au cours des trois derniers mois nous avons constaté une hausse de 60% des vols" avance le commissaire divisionnaire François Perrault, directeur de la sécurité publique, et "nous sommes d'autant plus inquiets que ces vols sont le plus souvent liés à un manque de précautions élémentaires de la part des habitants" poursuit-il.

Dans 70% des cas, le vol dans une maison est effectivement commis sans effraction. La porte d'entrée avait été laissée ouverte, une baie vitrée entrebâillée, les sacs à main et autres téléphones portables posés juste à l'entrée, des objets de valeur sont visibles depuis l'extérieur. Ce sont toutes ces mauvaises habitudes que les plus hauts responsables de la police et de la gendarmerie souhaitent combattre. "Ce sont souvent des vols d'opportunité, beaucoup sont des mineurs qui se lancent dans le vol, ils trouvent un truc qui traînent dehors, poussent une porte ouverte, prennent quelques objets de valeur et ressortent immédiatement. Il suffit de quelques minutes seulement" poursuit le commissaire divisionnaire. Enfin il faut tordre le cou à une idée reçue : la plupart des cambriolages ne se produisent pas la nuit mais en journée quand les habitants des maisons ne sont pas là, mais partis pour leurs activités.

Ce qui est vrai en zone police dans l'agglomération Papeete-Pirae s'observe aussi dans les communes "urbaines" que sont Faa'a et Punaauia en zone gendarmerie. Une hausse des faits, des modes opératoires identiques, le même constat de manque de précaution des habitants. Il n'y a guère que dans les îles que les vols sans effraction sont moins nombreux parce que les voisins qui se connaissent ont l'œil sur les déplacements inhabituels. La résolution des vols est aussi grandement facilitée pour les mêmes raisons. "Les vols d'opportunité sont en hausse parce que il y a le phénomène de la drogue. Pour se procurer une boîte à 5000 Fcfp il faut du liquide et il y a tout un marché du troc" précise le colonel Pierre Caudrelier, commandant le groupement de gendarmerie de la Polynésie française.

Dans le tiercé gagnant des objets les plus fréquemment volés, car ils s'écoulent ensuite aisément, tout le matériel électronique qui s'emporte facilement dans une poche : les smartphones, ordinateurs portables, mais aussi les bijoux en or "qui se fondent facilement" même si la législation locale, appelée à se durcir, va compliquer sérieusement la tâche des receleurs. Au-delà des objets de valeurs, l'argent liquide qu'on laisse à la vue de tous est emporté facilement et enfin, régulièrement aux vols ou cambriolages d'opportunité s'ajoute en Polynésie un nouveau phénomène, celui du vol alimentaire. Il n'est pas rare ainsi qu'à l'occasion d'un vol où des objets sont saisis les cambrioleurs ont eu le temps "de faire le frigo" pour emporter en plus de leur butin quelques bières ou bouteilles d'alcool.


La part des mineurs impliqués en forte hausse

Les statistiques 2014 de la délinquance en Polynésie française n'ont pas encore été rendues publiques mais il est une tendance forte qui inquiète les autorités, celle de l'augmentation importante de l'implication des mineurs. "La part des faits commis par des mineurs est passée de 15% à 25% en général sur le territoire sur les 12 derniers mois glissants" indique le colonel Pierre Caudrelier. "Il y a de plus en plus de jeunes qui sont délinquants parce qu'ils ne sont pas contrôlés par les parents. Le problème c'est que ces mineurs qui ne peuvent pas être poursuivis pénalement deviennent rapidement des multirécidivistes. Ce ne sont pas des professionnels dans le sens où ils ne sont pas organisés comme tels mais à force d'observer les personnes, à force de voler ils se rendent compte que les usages sont très largement partagés : les sacs à main dans les entrées, des bijoux dans des tiroirs facilement accessibles. Il faut prendre conscience de cela pour retarder le travail des cambrioleurs, les retarder dans leurs méfaits" poursuit le colonel de la gendarmerie. En zone police l'augmentation de la part des mineurs dans les faits de vol n'est que de cinq points. En revanche les mineurs auteurs de vols sont de plus en plus jeunes. Il n'est pas rare désormais d'avoir des gamins de 13 ans impliqués.

Ne pas laisser d'échelle dans le jardin ou d'outils qui peuvent aider à un vol, une effraction.

Ne pas vider ses poches ou laisser de sacs à main à l'entrée de la maison avec la porte non verrouillée

Ne pas laisser de bijoux dans les tiroirs accessibles facilement pour quelqu'un qui entre dans la maison. Trouver une cachette, utiliser un coffre.

Ne pas laisser d'objets de valeur derrière une baie vitrée qui permettent à un rôdeur de les repérer facilement.

Ne pas laisser une baie vitrée ouverte et, à défaut de volets, utiliser des moyens de blocage : une simple barre de bois dans le rail coulissant de la porte vitrée.

Ne pas laisser sa voiture dans le jardin ouverte et avec les clés à bord. La moitié des voitures volées le sont parce que les clés étaient sur le contact !

Rédigé par Mireille Loubet le Mercredi 4 Mars 2015 à 17:13 | Lu 2324 fois