Les réactions des responsables politiques en Polynésie française


Retrouvez dans cet espace tout au long de la journée les réactions des différents responsables politiques en Polynésie française. Cet article sera remis à jour au fur et à mesure des interventions que nous recueillons.

Gaston Tong Sang: "La Polynésie a donné un vote clair, constant et determiné"

Tahiti Infos: Que pensez-vous du taux de participation en Polynésie française ?

Gaston Tong sang: C’est un excellent taux de participation, nous avons rattrapé le retard du premier tour, mais nous restons en dessous du taux de 2007. Personnellement ce qui compte c’est le résultat de Nicolas Sarkozy qui sort en tête avec plus de 53%. Un meilleur score même qu’en 2007, et ce malgré tout ce qu’on a pu dire sur les mesures qu’il a pris ou pas pris pour la Polynésie française. Nous aurions aimé que la France vote comme nous mais ça n’a pas été le cas. La Polynésie a donné un vote clair, constant et déterminé. Nous espérons que ce choix sera pris en compte par le nouveau président. Je tiens à remercier les électeurs qui se sont déplacés ce samedi.

Tahiti Infos: Certains élus locaux comparaient cette élection à un référendum, est-ce une victoire de l’autonomie sur l’indépendance ?

GTS: Non je ne pense pas qu’on puisse voir les choses ainsi. Mais il est vrai que c’est un fort positionnement de la part de la population. C’est également sans doute un vote contre une politique. Depuis le référendum de 58, la Polynésie a eu une constance à voter à droite et elle continue de le faire. Je ne veux pas essayer de récupérer quoi que ce soit, mais c’est vrai il y a eu une forme de positionnement dans ces présidentielles. Maintenant il faut voir comment le nouveau président va traduire ses priorités, ses projets pour la Polynésie. Il n’y a pas eu une grande différence de résultats entre les deux contrairement à ce qu’annonçaient les sondages.

(Propos recueillis par Moeata SIMON)

Antony Géros: "Ce second tour aura été celui de l'UPLD"

Tahiti Infos: Lors d'un débat sur TNTV dernièrement, le président Oscar Temaru avait annoncé un taux de participation proche des 60%, pour le second tour de l’élection Présidentielle. Ce taux est de 58.9%. comment annalysez-vous cela ?
Antony Géros: Ce second tour aura été celui de l’UPLD puisque la réduction de l’écart entre les deux candidats sortants du premier tour est important et que le score de François Hollande qui supplante celui de Sarkozy dans certaines communes voire dans certaines circonscriptions a permis au parti de confirmer son assise dans ces communes voire de les améliorer : (Faaa, Raivavae, les Marquises) et de reconquérir son électorat dans d’autres : Rimatara, Tubuai, les Tuamotu de l’Ouest et Moorea, Mataiea. Ceci étant, il reste encore du travail à faire face aux prochaines échéances des législatives mais on peut d’ores et déjà dire que pour l’heure les résultats nous place en position plutôt favorable dans les 3 circonscriptions.

Tahiti Infos: Certains verront, dans le résultat de ce scrutin au plan local, une forme de sanction populaire à l’égard de la politique menée par le gouvernement Temaru. Quel est votre avis ?
A.G.: Je ne vois pas dans les résultats de ce second tour, les éléments qui viendraient corroborer cette analyse. Au contraire, au plan local les résultats de ce second tour viennent plutôt corroborer l’inverse car il ne faut pas oublier qu’à l’occasion du premier tour et plus encore à l’occasion de ce second tour, tous les partis autonomistes se sont rangés derrière la candidature de Nicolas Sarkozi, alors que seul l’UPLD est resté conformé à ses engagements vis-à-vis du candidat du PS.

Tahiti Infos: Comment envisagez-vous les élections législatives à venir, à la lueur de ce résultat ?
A.G: Plutôt sereinement puisqu’il y a plus d’une trentaine de candidatures m’a-t-on dit et que pour l’UPLD, il n’y aura qu’un candidat par circonscription alors que du côté des autonomistes sans parler des candidatures isolées chaque grande formation autonomiste a alignée son candidat (Tahoeraa, To tatou aia, Ia ora te fenua, etc…)

Tahiti Infos Quelle est votre réaction par rapport à l’élection de M. Hollande à la tête de l’Etat ?
A.G: C’est le fruit d’un travail à la fois personnel et collectif que je félicite. Personnellement parce qu’il y a encore 6 mois, je pense que personne n’y a vraiment songé sauf lui. Très modestement, il a tissé sa toile et construit son aura. Aujourd’hui c’est le sacre, bravo ! Collectif parce qu’il a su choisir parmi ses proches, des collaborateurs efficaces, d’une sensibilité et d’une complicité extrême puisqu’ils sont restés pour la plupart dans l’ombre tout en étant autant sur le plan psychologique et logistique d’une redoutable efficacité (J.M Hérault – Sapin etc..)

Tahiti-Infos: Pensez-vous que cela permettra une modification profonde des relations Etat/Pays ?
A.G: Absolument ! Pour avoir connu l’homme lors des premiers contacts entre le parti Tavini Huiraatira et le Parti Socialiste alors qu’il était Premier Secrétaire, je suis persuadé que nous aurons quelqu’un qui saura se mettre à notre écoute. Un homme modeste, simple et sincère qui dans nos relations politiques a toujours respecté ses engagements et qui plus que jamais dans ses nouvelles fonctions, les respectera encore. Pour ce qui est des relations Etat/Pays nous attendons du nouveau président qu’il ait une vision institutionnelle et non partisane de ses relations et nous savons que sur ce point, nous pouvons compter sur lui car il représente l’homme de la situation. Nous allons enfin pouvoir aspirer au partenariat franc et sincère que nous avons réclamé à chaque fois que nous sommes (UPLD) arrivés aux affaires du pays. Son accession à la fonction de Président de la République va enfin nous permettre de mettre un terme à cette attitude de subversion de l’Etat vis-à-vis de nous et enfin de créer une atmosphère de travail plus détendue et propice à l’écoute, la compréhension mutuelle et au consensus décisionnaire.


Tahiti Infos: Allez-vous relancer les négociation en faveur de l'inscription de la PF sur liste des pays à décoloniser ?
A.G: Le Tavini Huiraatira composante principale de l’UPLD qui ne s’est jamais caché de ses convictions politiques va bien entendu, au-delà du résultat de ces élections, continuer à œuvrer aux respects de ses engagements politiques.

(Propos recueillis par Jean-Pierre Viatge)

Richard Tuheiava : "Une joie immense pour mon Fenua et pour les polynésiens"

Tahiti infos : Lors d'un débat sur TNTV dernièrement, le président Oscar Temaru avait annoncé un taux de participation proche des 60%, pour le second tour de l’élection Présidentielle. Ce taux est de 58,94%, comment analysez-vous cela ?
Richard Tuheiava : Le taux de participation générale de la Polynésie française pour le second tour de l'élection présidentielle du 6 mai 2012 a été de 58,94%, c'est-à-dire pas bien loin de celui pronostiqué par le Président TEMARU. Je pense que la mobilisation pour le second tour a été bien meilleure que celle du 1er tour et que l'UPLD (Union pour la démocratie, ndlr), ses alliés et ses sympathisants silencieux ont bien participé à cet effort de mobilisation nécessaire. Par ailleurs, on peut dire que l'UPLD a récupéré une partie de son électorat abstentionniste localement lors du 1er tour, et que les différents "autonomistes" pro-Sarkozistes ont également contribué, par leurs électorats respectifs, à cette remontée du taux de participation qui reste, en revanche, bien inférieure à celle du second tour de l'élection présidentielle de 2007.


Tahiti infos : Certain verront, dans le résultat de ce scrutin au plan local, une forme de sanction populaire à l’égard de la politique menée par le gouvernement Temaru. Quel est votre avis ?
Richard Tuheiava : Ce serait une bien grande erreur pour moi de conférer de l'importance à cette analyse politicienne purement locale, essentiellement en provenance des pro-Sarkozystes, alors qu'il s'agissait avant tout d'un scrutin national menant à la Présidence de la République française. On a suffisamment éclairé tout ou partie de l'électorat sur la réalité et les conséquences concrètes de la politique d'étranglement à laquelle s'est livrée la gouvernance Sarkozy à l'égard de la Polynésie ces dernières années. Il faut arrêter cela à tout prix. Même certains grands partis locaux en soutien à Sarkozy avaient, en 2007, dénoncé cette attitude du gouvernement Sarkozy vis-à-vis de la Polynésie. La sanction, négative ou positive, que la population devra ou non donner à la politique du Gouvernement Temaru se fera naturellement à l'occasion de son bilan et de son programme politique pour les élections territoriales de 2013, il lui reste encore 6 mois de gouvernance avec un Président de Gauche cette fois-ci, celui que nous avons nous-même soutenu, François Hollande. C'est au gouvernement local ensuite de démontrer sa sagacité, et l'étendue de sa feuille de route aux Polynésiens. Ce sont les Sarkozystes dits "autonomistes" et certains mouvements mécontents au plan local qui tenteront, vous le verrez, d'agiter le spectre de l'indépendance et la sanction populaire tout le long du temps qu’il nous reste jusqu'au prochaines élections territoriales de 2013, ça c'est certain...


Tahiti infos : Comment envisagez-vous les élections législatives à venir, à la lueur de ce résultat ?
Richard Tuheiava : Nous discuterons des prochaines candidatures de l'UPLD aux prochaines législatives cet après-midi et les annonces ne tarderont pas. Ce sera notre Président de parti Oscar Temaru qui pilotera ce processus et nous le soutiendrons bien entendu.


Tahiti infos : Quelle est votre réaction par rapport à l’élection de M. Hollande à la tête de l’Etat ?
Richard Tuheiava : Une joie immense pour mon Fenua et pour les polynésiens, même pour ceux qui n'ont pas voté pour lui. Je voudrais officiellement prendre cette occasion pour le féliciter sincèrement depuis Tahiti et le saluer, en attendant de pouvoir le revoir sur Paris officiellement. Un soulagement et de l'espérance aussi ! Je ressens personnellement une joie aussi pour la France toute entière et pour les valeurs de la Gauche et du Centre. Une satisfaction en faveur de toute l'équipe de campagne de François Hollande et tous ses soutiens.
Nous savons pouvoir compter sur les mesures que François Hollande a annoncé, tardivement peut-être, lors de son interview à distance accordé au quotidien local Le Nouvelles de Tahiti, ce jeudi 3 mai, et mon groupe politique saura, au besoin, compter sur moi pour les lui rappeler durant son quinquennat.

Tahiti infos : Pensez-vous que cela permettra une modification profonde des relations Etat/Pays ?
Richard Tuheiava : Oui, parfaitement. Je l'ai déjà dit tantôt en débat télévisé public. C'est tout un état d'esprit et une autre vision politique de la France et de la Polynésie qui se normalisera et qui portera, je l'espère, beaucoup de fruit pour les Polynésiens d'abord, et, parce que je suis un élu national, pour la République aussi.

Tahiti infos : Allez-vous relancer les discussions au sujet de la possible réinscription de la Polynésie française sur la liste des pays à décoloniser ?
Richard Tuheiava : Les discussions sur ce sujet ne sont pas des motifs de rupture mais de simples points de divergences. Sachez encore une fois qu'une réinscription sur la liste Onusienne n'est en rien un geste inamical de la part des élus du peuple non-autonome suivant la définition Onusienne. Ce qui est sûr, c'est que l'UPLD n'envisage pas cette problématique comme telle à l'encontre de la France, ni à l'époque de SARKOZY, ni maintenant que François HOLLANDE est élu. Les Pays du Pacifique considèrent le droit à l'autodétermination de leurs peuples comme un principe vital. Ils l'ont rappelé lors du Forum des Iles du Pacifique de 2004 puis de 2011. Les confessions religieuses du Pacifique l'ont aussi consacré lors de la dernière réunion de leurs Leaders à Piula, Samoa l'an dernier. Les élus de l'Assemblée de la Polynésie française l'ont voté favorablement le 18 août 2011 et le recours juridictionnel au Tribunal administratif de Papeete a été rejeté Rien ne s'interpose pour que ce débat soit soulevé à l'ONU comme une forme de prolongement du processus de restauration du partenariat avec l'Etat, dès lors que l'UPLD est tout à fait disposée à ne pas le considérer comme une forme d'inamicalité vis-à-vis de François Hollande que nous soutenons fortement.
Cette démarche Onusienne est la restauration - par voie internationale - d'une duperie diplomatique qui a eu lieu entre 1947 et 1961 et qui est à la racine du plus profond bouleversement sociétal que la Polynésie n'ait jamais connu. C'est donc d'abord la mise en oeuvre d'un processus de résilience communautaire contre une politique coloniale française du début et surtout du milieu du siècle en Polynésie dont l'expression figure aussi dans la convention de partenariat PS-Tavini Huiraatira de 2000. On devrait donc pouvoir trouver un consensus aussi sur ce point à terme.

Eric Minardi : « Il s’agit d’un vote démocratique et nous devons le respecter »

Tahiti infos : Marine Le Pen a appelé les électeurs du Front National à se prononcer en leur âme et conscience et que personnellement elle voterait blanc, pour le second tour de la Présidentielle. Le Front National a-t-il une part de responsabilité dans la défaite de Nicolas Sarkozy ?

Eric Minardi : Non, je ne pense pas que le Front National est responsable de cet échec C’est d’abord l’entourage de Nicolas Sarkozy, et sa politique telle qu’elle a été menée pendant cinq ans. Les français avaient voté à 55% contre le traité européen : ils ont été trahis lorsque Nicolas Sarkozy a légiféré ensuite sans tenir compte de leur avis. Il avait promis une proportionnelle à hauteur de 20% : il ne l’a pas instauré. Il avait promis un certain nombre de choses comme un combat contre la paupérisation des français ; le recul du chômage ; etc. Tout cela ne s’est pas produit.
La sanction d’aujourd’hui, il la doit à sa politique et à son entourage.
Lorsqu’on appelle à voter socialiste lors les élections locales, dans les situations de triangulaires, en métropole, comment peut-on ensuite soutenir que les socialistes sont mauvais, qu’il y a 30 ou 40 raisons de ne pas voter Hollande ? Il faut être cohérent.

Tahiti infos : Une majorité de 53,26% des électeurs polynésiens s’est prononcée en faveur du candidat Sarkozy. Doit-on y voir un vote sanction à l’égard de la politique menée par le gouvernement Temaru ?

Eric Minardi : Oui, je pense en effet que les autonomistes ont voté en grande majorité contre cette situation de crise, que nous connaissons depuis quelques années en Polynésie. Une grande partie de l’électorat s’est déplacée pour sanctionner le gouvernement Temaru. Nous verrons si cela se confirme aux législatives puis aux territoriales.

Tahiti infos : Le vote Front National a recueilli 5.151 voix en Polynésie française, lors du premier tour du scrutin présidentiel. Comment envisagez-vous votre participation aux élections législatives de juin prochain ?

Eric Minardi : Tout d’abord, je pense que le bon résultat que nous avons observé lors du premier de la présidentielle est essentiellement dû à la personnalité de Marine Le Pen. Nous présenterons en effet un candidat aux élections législatives. Nous avons prévu de l’annoncer lors d’une conférence de presse mercredi matin à 9 heures au Maeva Beach (9 mai, ndlr). Permettez-nous de réserver la primeur de cette information aux médias qui répondrons à notre invitation : on expliquera notre volonté politique et notre mouvement. Je pense que la Polynésie mérite d’être représentée en métropole par un homme ou une femme qui ne vient pas du sérail et qui n’a pas de passé politique. Je prêche bien entendu pour ma paroisse ; mais le pays est en grande difficulté économique et a besoin que soient regroupées ses forces économiques et que les intérêts de celles-ci et les valeurs que nous défendons puissent être portées jusqu’au Palais Bourbon.
Nous avons été contactés, à la suite de notre bon résultat au premier tour, par plusieurs groupes ou partis, pour que nous leur apportions nos voix. Nous n’inviterons pas à voter pour des groupes politiques qui ne défendent pas notre programme. Nous sommes un parti de rassemblement. Et j’aimerais que l’on n’oublie pas que l’élection législative n’est pas seulement un galop d’essai pour les territoriales.

Tahiti infos : Quelle est votre réaction vis-à-vis de l’élection de François Hollande à la tête de l’Etat ?

Eric Minardi : Ma réaction est mitigée. Il s’agit d’un vote démocratique et nous devons le respecter. Mais, en même temps, je n’oublie pas que près de 60% des électeurs du Front National ont voté pour Nicolas Sarkozy. J’en profite pour constater que nous ne sommes pas à l’extrême droite. Quand pratiquement 40% des électeurs du Front votent pour François Hollande, il ne faut pas y voir que des déçus, que des gens qui ont des comptes à régler : ce sont des patriotes, des gens qui ont rencontré des difficultés économiques, familiales et personnelles ; des gens qui ont décidé que le programme de Marine Le Pen valait la peine d’être défendu. Ces patriotes de gauche ne doivent pas être traités, comme cela se fait régulièrement dans les médias, de personnes d’extrême droite : ça n’aurait aucun sens. Il en va de même d’ailleurs pour la part de l’électorat de Marine Le Pen qui a effectué un report de vote vers la candidature Sarkozy.

Tahiti infos : Attendez-vous une profonde modification des relations Etat/Pays, avec l’arrivée de François Hollande à la Présidence française ?

Eric Minardi : Je ne pense pas que ces relations vont particulièrement s’améliorer avec François Hollande Quand on se souvient que M. Oscar Temaru ne pensait pas qu’un jour François Hollande puisse être présidentiable et encore moins Président ; rappelez-vous la réaction épidermique de certains socialistes envers les propos de M. Temaru : tout cela ne présage rien de bon pour une amélioration des relations Etat/Pays.

Rédigé par () le Dimanche 6 Mai 2012 à 09:01 | Lu 2520 fois