Les pro-Pastour montent au front: "On veut de la stabilité pour notre compagnie"


« Ce n’est pas du bluff ». Les quatre représentants syndicaux réunis cet après-midi devant la presse l’ont affirmé avec force : s’ils ne sont pas entendus par le conseil d’administration d’ici dimanche, et si Cédric Pastour est démis de ses fonctions, leur grève entrera en vigueur le lundi 11 juillet à 0H.

Après avoir été les leaders du mouvement « anti-grève », la semaine dernière, ces syndicats (SPL ATN, A tia i mua, SNAM-SAC et CFE-CGC) se retrouvent donc devant les médias pour expliquer pourquoi, à leur tour, ils déposent un préavis. Un exercice délicat. N’ont-ils pas eux-mêmes insisté sur les conséquences désastreuses d’un mouvement social, en plein début de la haute saison touristique ?

Cette grève, c’est pourtant le seul moyen qu’ils ont trouvé pour se faire entendre. Et pour « sauver leur compagnie ». Pour eux, Pastour n’est peut-être pas le « meilleur », il est en tout cas celui qui engageait des réformes, indifférent aux querelles de clans...et d'ego, comme nous l’explique un pilote (voir l’interview plus bas).

Le nombre de ces « pro-Pastour » prêts à faire la grève ? Difficile à savoir. « On représente une grosse masse du personnel » affirment-ils, sans répondre aux questions des journalistes sur le nombre de leurs adhérents. Mais ils sont bel et bien nombreux. Dans ces syndicats, on retrouve une partie des pilotes de ligne, du personnel au sol, mais aussi des techniciens, des agents de maîtrise, des mécaniciens... L’Union Pour l’Avenir d’Air Tahiti Nui affirme avoir en outre le soutien d’une partie du personnel non syndiqué. De quoi clouer tous les avions d’Air Tahiti Nui au sol.

Ce qui les révolte ? Que les pilotes grévistes et les PNC en préavis aient été reçus à la Présidence, vendredi, quelques heures après eux, et qu’ils aient obtenu aussi facilement la « tête » de Cédric Pastour. « Dans nos points de revendication, on demande une Charte de gouvernance, qui interdise ce type de comportement », expliquent-ils. « Nous ne voulons pas que des décisions de ce type soient prises par les politiques sous la pression d’une poignée de personnes . Nous nous adressons aux membres du CA, pour qu’ils prennent la bonne décision le 11 juillet » expliquent les représentants de l’Union.

Ces syndicats demandent à être reçus par les administrateurs de la société avant l’expiration de leur préavis de grève. Rendez-vous a déjà été pris avec Cédric Pastour, mercredi à 14H30. « On veut de la stabilité, on veut que notre compagnie avance », lancent-ils, conscients que face à Oscar Temaru, la partie n’est pas gagnée. « On a le secret espoir que le 11, tout le personnel nous suivra », conclut de son côté le président du syndicat des mécaniciens au sol.


Interview de Stéphane HELLOUIN, Président et Délégué Syndical du Syndicat des Pilotes de Ligne d'Air Tahiti Nui (SPL-ATN)

Il existe un désaccord au sein des pilotes quant au mouvement de grève de la semaine passée ?

Oui, je veux montrer par ma présence qu'on n'est pas forcément tous de l'avis de nos collègues du SPNT et du SNPL, notamment concernant le remplacement de M. Pastour, qui fait partie de la déclaration de sortie de grève qu'ils ont signée.

Quelles sont selon vous les motivations de vos collègues pilotes en signant cela ?

Leur motivation, c'est la restructuration profonde que M. Pastour est en train de faire au sein de la compagnie, et qui touche bien sûr à des intérêts personnels de ces pilotes là. Tout simplement. Nos anciens dirigeants cautionnaient ce type de pratiques, mais pas M. Cédric Pastour. C'est quelqu'un de neutre et qui est arrivé dans cette compagnie pour restructurer et mettre fin aux dérives. Forcément, ça ne plaît pas à certaines personnes.

Comment expliquez-vous que ces pilotes aient été reçus par Oscar Temaru?

On se pose la question. Et ce qu'il faut savoir, et que personne ne sait, c'est qu'il y avait deux autres pilotes qui étaient présents vendredi soir, et qui ne sont pas syndiqués, et qui faisaient partie de ces discussions. Alors ma question, c'est : qu'est-ce que ces pilotes faisaient là? A part demander la tête de M. Pastour, je ne vois pas. On s'insurge contre leur façon de faire, c'est-à-dire de ne pas négocier avec le PDG mais de le court-circuiter en allant voir directement le politique pour avoir sa tête...C'est contre ces méthodes là que l'on s'élève.

M. Pastour aurait-il fait quelque chose à ces pilotes pour qu'ils aient une "dent" contre lui?

Le problème vient probablement de cette restructuration profonde. Des pilotes cadres risquent peut-être de ne plus être cadres demain. Un pilote cadre, c'est un pilote instructeur, un chef pilote, ou le chef de la formation...Des personnes qui sont hiérarchiquement en dessous du directeur des opérations aériennes que M. Pastour voulait embaucher.







Rédigé par F K le Mardi 5 Juillet 2011 à 16:13 | Lu 4625 fois