Les premiers Papous, rois de la colonisation dans les Hauts Plateaux

WELLINGTON, vendredi 1er octobre 2010 (Flash d'Océanie) – Les premiers peuples ayant vécu en Papouasie-Nouvelle-Guinée il y a quarante neuf mille ans ont fait preuve d’étonnantes capacités d’adaptation dans leur processus de colonisation et d’établissement, en atteignant rapidement des zones élevées et à l’intérieur des terres, selon une étude, résultat de fouilles archéologiques effectuées récemment par une équipe internationale de scientifiques papous, australiens et néo-zélandais.


Les fouilles ont eu lieu dans une vallée particulièrement isolée de la province des Hauts-Plateaux de l’île principale, dans la vallée d’Ivane (près de la célèbre piste de Kokoda), au Sud-ouest de l’île.
Selon une communication de l’une des équipes participantes, celle de l’Université néo-zélandaise d’Otago, dans le journal Science, les groupes établis dans cette région particulièrement élevée (plus de deux mille mètres) ont rapidement fondé une communauté subsistant grâce aux ressources environnantes, à la fois en mode chasse, pêche et cueillette.
Ces établissements étaient aussi accompagnés de nombreux va-et-vient vers des régions moins escarpées, note le Professeur Glenn Summerhayes, de l’université d’Otago, qui conduisait cette mission de fouilles.
Cette mission a permis de mettre à jour, sur le site de ce qui fut l’un de ces camps, des outils élaborés tels que des haches.
« Ce qui semble montrer que ces colons modifiaient délibérément le paysage de cette vallée, surtout pour pratiquer des clairières dans la forêt, pour favoriser la culture du pandanus » (dont ils mangeaient alors les noix, très riches en protéines). Nos découvertes dressent le tableau d’une société hautement mobile et qui s’est rapidement adaptée et a survécu dans un environnement radicalement différent de celui des régions côtières où ils étaient d’abord arrivés. Ce qui est remarquable, c’est que tout cela s’est passé environ quinze mille ans avant que d’autre humains modernes ne colonisent l’Europe », souligne-t-il.

Les inventeurs de la « base-vie » ?

Les chercheurs ont aussi retrouvé sur le tranchant des haches des résidus d’amidon provenant d’ignames, qui ne poussaient pas à cette altitude.
« L’analyse des résidus d’amidon suggère que les ignames étaient acheminés depuis des sites moins élevés, où ils poussaient, vers cette vallée à des fins d’alimentation », poursuit-il suggérant ainsi le concept précoce de « base-vie ».
« Tout ceci constitue des preuves sans précédent d’une colonisation soigneuse, intentionnelle, effectuée au fil de milliers d’années, plutôt que la thèse selon laquelle des peuples errants sont passés par là et sont ensuite partis. Ce sont des empreintes uniques de l’humanité et qui remettent en question certains notions qui fixent encore le moment auquel les humains sont véritablement entrés dans leur phase ‘moderne’ dans leur pensée et dans leur comportement », estime le Professeur.

Des sites agricoles classés par l’UNESCO

En juillet 2008, la Papouasie-Nouvelle-Guinée faisait officiellement son entrée dans le club des pays possédant un site classé par l’UNESCO au patrimoine mondial de l’humanité, dans la catégorie culturelle.
Il s’agit du site millénaire agricole de Kuk, situé dans le Sud de l'île principale de la Papouasie Nouvelle Guinée, dans la province des hauts-Plateaux.
Ce site, qui culmine à quelque 1.500 mètres d'altitude, fut un haut lieu d'une agriculture indigène remontant à 10.000 ans, témoignant de l'existence d'une culture de marécages élaborée sur une superficie de 116 hectares.
"Le site présente des vestiges archéologiques bien conservés montrant l’évolution technologique qui a transformé l’exploitation des plantes en agriculture, il y a environ 6500 ans (…) Des fouilles archéologiques ont révélé que ces marais ont été cultivés presque continuellement depuis 7000, voire 10 000 ans. C’est un excellent exemple d’évolution des pratiques agricoles à travers les âges depuis la culture sur des buttes jusqu’au drainage des marécages par le creusement de fossés avec des outils en bois. Kuk est l’un des rares endroits au monde où des vestiges archéologiques montrent un développement indépendant de l’agriculture sur sept à dix millénaires", précisait alors l'UNESCO en expliquant ses choix et ses critères ayant conduit à ce classement.

pad

Rédigé par PaD le Jeudi 30 Septembre 2010 à 20:18 | Lu 1195 fois