Les premières baleines à bosse de la saison sont arrivées !


Les premiers mégaptères croisent actuellement dans nos eaux, respectons-les !
PAPEETE, le 9 juin 2017 - Observées il y a quelques jours au large de Rurutu, dans l'archipel des Australes, et mercredi dernier aux Îles Sous-le-Vent, les premières baleines à bosse de la saison sont là. Des cachalots ont été également vus à Moorea. La Polynésie est un espace migratoire où les mammifères marins viennent mettre bas et allaiter, mais aussi se reproduire et se reposer. Afin de ne pas les déranger pendant cette période cruciale, n'oublions pas de respecter les règles d'approche…


Les mégaptères sont là ! Appelées Megaptera novaeangliae par les scientifiques (grandes ailes de Nouvelle-Angleterre), en raison de leurs longues nageoires pectorales pouvant atteindre jusqu’à 5 mètres, les baleines à bosse arrivent de l’Antarctique et migrent vers les eaux chaudes de l’Océanie. Créée en 2013, Mata Tohora, l'association pour la protection des mammifères marins de Polynésie, a rapporté sur son site leur présence au fenua depuis quelques jours : "Notre référent des Australes, Tevai Malinowski, opérateur de whale-watching et pêcheur, labellisé Mata Tohora, nous signale l’observation de trois passages de baleines à bosse à Rurutu (archipel des Australes), dont une observation près des côtes". Récemment, un pêcheur a vu également deux baleines à Maupiti, aux Îles Sous-le-Vent (archipel de la Société). Lundi dernier, Tahiti Shark Expeditions a croisé cette fois un groupe de cachalots, à Moorea. Mercredi, d'autres baleines ont encore été approchées à Bora Bora, Raiatea et Taha'a, toujours aux Îles Sous-le-Vent.

Agnès Benet est la fondatrice et directrice de Mata Tohora, dont les buts sont à la fois scientifiques et pédagogiques. Docteur en biologie marine, elle explique : "Observer l'ensemble des 118 îles qui composent la Polynésie est une mission difficile, c'est pourquoi nous avons de nombreux contacts avec notamment les pêcheurs. Grâce à notre réseau d'observateurs référents implanté dans tous les archipels, nous pouvons avoir aujourd'hui des informations." Généralement présentes en Polynésie dès la fin du mois de mai, les baleines remontent progressivement des Australes jusqu’aux Marquises, de fin juin à fin novembre, voire début décembre. La Polynésie est en effet un espace migratoire où elles viennent mettre bas, allaiter leurs baleineaux, mais aussi se reproduire et se reposer. Pendant cette période, les cétacés occupent de préférence les zones protégées des prédateurs du baleineau, tels que les requins ou les orques. Ainsi, les observations de mégaptères sont régulières près du récif-barrière, dans les baies abritées et parfois à l’intérieur du lagon. Les déranger alors met en danger la prolifération de l’espèce. C'est pourquoi Mata Tohora rappelle que "l’observation dans l’eau et sur l’eau doit se faire avec le plus grand respect des animaux."

Des sanctions en cas de non-respect

En Océanie, le nombre de baleines à bosse s’est réduit à moins de 1 % de la valeur originelle.
Sur son site, Mata Tohora précise : "N’oublions pas qu’elles viennent de parcourir des milliers de kilomètres. Certaines d’entre elles vont mettre bas dans quelques semaines et d’autres sont encore toutes jeunes et réalisent pour certaines leur premier retour, parcours d’une grande migration… Les baleines à bosse adultes et juvéniles ne se nourrissent pas en Polynésie, faute de quantité de krill (petites crevettes) suffisante. Elles perdent jusqu’à un tiers de leur poids soit environ 10 tonnes. Provoquer des déplacements vers le large en les dérangeant induit une consommation énergétique inutile et les place face aux prédateurs du baleineau…" Rappelons que la Polynésie est l'un des plus grands sanctuaires au monde pour les cétacés depuis 2002, avec une surface océanique de 5 millions de kilomètres carrés et 21 espèces de baleines et de dauphins, ce qui caractérise une diversité biologique élevée. Le harcèlement, la capture et la chasse sont strictement interdits. Ainsi, les règles d’approche dictées par le Code de l’Environnement sont à connaître absolument avant de sortir en mer (voir encadré).

En cas de non-respect de la réglementation, des sanctions sont prévues. Le 28 avril dernier, cinq prévenus ont été appelés à la barre du tribunal correctionnel de Papeete pour avoir harcelé et/ou incité au non-respect du Code de l’Environnement en matière d’espèces protégées ; deux d'entre eux ont été déclarés coupables. L’association avait demandé un simple rappel à la loi, mais le procureur en a décidé autrement devant les faits constatés. Agnès Benet remarque : "Nous ne souhaitions pas de jugement, mais ce sont deux professionnels qui ont été pourtant formés au whale-watching. Ils devront désormais demander une autorisation à la Direction de l'environnement pour poursuivre leur activité. Globalement, les gens sont de plus en plus informés et donc respectueux. On sensibilise chaque année sur l’eau plus de 150 bateaux, soit environ 1 800 personnes depuis le début du programme de communication "C’est assez !". Nous voulons surtout éviter qu'à cause de quelques réticents, toute la population soit privée de spectacles magiques. Il faut rappeler que nager avec les cétacés est interdit dans certains de nos pays voisins comme en Australie, en Nouvelle-Zélande, en Nouvelle-Calédonie, à Hawaii, aux îles Cook… Ce serait regrettable d'en arriver là." À bon entendeur…

Pourquoi les protéger ?

L'observation des cétacés est soumise à une règlementation stricte afin de ne pas les déranger pendant leur migration.
En moins de 40 ans (1920-1960), plus de 2 millions de baleines ont été tuées dont environ 200 000 baleines à bosse. Près de 98 % de la population de cette espèce ont été massacrés. En 1962, il ne restait que 2 à 3 % de leur nombre originel, dont moins de 1 % de femelles à l’âge de se reproduire. En Océanie, le nombre de baleines à bosse s’est réduit à moins de 1 % de la valeur originelle. En 1996, selon le Consortium de recherche dans le Pacifique sud et la Commission baleinière internationale, le nombre de baleines à bosse était d’environ 3 500 à 5 000 dans le Pacifique sud (population différente dans l’hémisphère Nord). Depuis, le nombre augmente lentement, mais les baleines à bosse du Pacifique sud restent classées espèces vulnérables par l’Union internationale pour la conservation de la nature. (Source : Mata Tohora)

Les onze règles élémentaires d'approche

. Réduire la vitesse à 3 nœuds dans un rayon de 300 mètres autour des cétacés ;
. Garder toujours le moteur en route et le mettre au point mort si l’animal se rapproche volontairement de l’embarcation ;
. Ne pas changer brusquement de direction et de régime de moteur (y compris en fin d’observation) ;
. Respecter les distances d’approche, notamment en période de reproduction, en raison des risques que peuvent occasionner les parades amoureuses des grands cétacés pour les navires ;
. Suivre une route parallèle aux animaux en déplacement ;
. Ne pas couper la route des animaux en déplacement ; (y compris pour se mettre à l’eau … puisqu’ils se déplacent !)
. Ne pas s’approcher des petits non accompagnés ;
. Ne jamais séparer les membres d’un même groupe ;
. Ne jamais bloquer un cétacé entre le récif ou une terre ;
. Ne pas pousser les animaux dans une passe ou une baie ;
. Ne pas encercler les animaux.

(Source : Mata Tohora)

Contacter Mata Tohora

Tél. : 87 70 22 77
E-mail : info@matatohora.com
Facebook : Mata Tohora
Site : www.matatohora.com

Rédigé par Dominique Schmitt le Vendredi 9 Juin 2017 à 09:07 | Lu 13598 fois