Les pistes de Jean-Christophe Bouissou pour faire redécoller le Pays


PAPEETE, le 14 octobre 2014- Jean-Christophe Bouissou, s’apprête a partir en tournée en Chine ou ils rencontrera de nombreux investisseurs dans des domaines variés, puis il se rendra en France, où des rendez-vous importants sont fixés, enfin il ira à la rencontre d’un haut responsable de l’une des entreprises de croisière les plus puissantes au monde basée aux Etats-Unis. Projet Mahana Beach, Air Tahiti Nui, situation économique… A la veille de sa tournée, le ministre de la Relance économique et du Tourisme, fait le point, un mois après sa prise de fonction.

Votre objectif est que la Polynésie accueille 300 000 touristes en 2018. Quels moyens allez-vous mettre en place pour y arriver ?

C’est un chiffre ambitieux mais qu’on peut tout à fait atteindre si on se donne les moyens d’y arriver. D’abord, par exemple, si Air Tahiti Nui décidait demain d’intégrer une alliance avec une compagnie aérienne comme Oneworld, Skyteam ou Star Alliance. On y retrouve les majors des compagnies aériennes.
Le Pays doit retrouver son ambition, s’ouvrir au monde. Nous devons négocier avec le monde du transport aérien international, mettre en place des code-share, parfois même quelques joint-ventures.

La deuxième chose, c’est le développement des niches touristiques en Polynésie, nous avons un tourisme d’hôtellerie mais qui date des années 1970-1980. On est toujours basé sur le modèle des hôtels avec bungalows sur pilotis, plage… Mais cela se fait partout dans le monde à présent.
Il est bien évident qu’on ne peut pas se satisfaire uniquement de ce modèle.

Par exemple, pour le tourisme très très haut de gamme, ce sont de grands groupes, des gens avec une force de frappe gigantesque en terme d’investissements, qui vont au-delà de toutes les capacités qu’on peut trouver aujourd’hui dans l’hôtellerie traditionnelle. (…) Ce sont des personnes qui construisent trois à quatre hôtels chaque année et qui s’intéressent fortement à la destination Polynésie dès lors que l’on est capable de leur montrer une visibilité certaine sur du long et moyen terme. Ils ne demandent pas de détaxation, d’exonération d’impôts, de baisser leurs coûts, leurs prix de revient ; le problème n’est pas là pour eux. Généralement, ce sont des objectifs de construction de complexes hôteliers avec des capacités d’accueil de 100 ou 150 chambres, ils ne vont pas chercher au-delà.


De quels horizons viennent-ils?

Ils viennent de Chine, ils peuvent venir du Qatar, ce sont des gens qui viennent investir ici, qui ont déjà investi pour certains : c’est le cas du Four Seasons par exemple. Ils fonctionnent par réseaux.
Ils ont leur clientèle. Par contre, celle-ci est très exigeante.


Où en est le projet du Mahana Beach ?

Le Mahana Beach, on va aller jusqu’au bout. On va poursuivre la préparation de toute la zone, il y a encore des relogements à faire. (…) Des propositions ont été faites, on retient un hôtel de 500 chambres en 5/6 étoiles. Est-ce qu’on retient l’idée d’un 3 étoiles ? Est-ce qu’on retient l’idée d’un 4 étoiles ? Est-ce qu’on retient l’idée qu’un grand mall (centre commercial, NDLR) avec des magasins ? Est-ce qu’on retient l’idée du casino ? C’est ce que l’on doit déterminer à présent. Il va falloir passer par une remise en concurrence.

Parmi nos projets, il y a Moorea, l’hôtellerie de croisière (…). On s’aperçoit que le tourisme de croisière n’est pas en opposition avec le tourisme de terre.


Comment analysez-vous la situation économique en Polynésie ?

C’est comme un malade qui est à un stade de convalescence, on est en train de s’acheminer vers une meilleure santé (….) On a bien senti que les gens avaient surtout besoin de reprendre confiance parce que c’est ça le problème, on sentait un frémissement mais la confiance n’était pas complètement revenue.
Tous les jours, je rencontre des chefs d’entreprise. Je discute avec des gens qui ont besoin de partager leurs opinions, leurs visions des choses, c’est très très important pour restaurer cette confiance. Et tout cela s’installe dans le cadre d’un nouveau plan de relance économique.
Aujourd’hui, il faut qu’on regarde de près les mesures qui peuvent parfois être des changements de certaines règles voire même un petit coup de pouce sur le plan financier ou économique et qui permettraient à ces gens-là de reprendre confiance et de se relancer.
Donc c’est tout ce travail que je suis en train de faire. Je ferai ensuite des propositions au gouvernement.


Le projet de loi du Pays portant réglementation des pratiques commerciales a été retiré de l’ordre du jour de l’assemblée fin septembre. Où en est-il ?

J’ai estimé que la concertation n’avait pas été suffisante. Il était difficile pour moi de faire valider un texte alors que je venais d’être nommé, de m’engager dans les discussions, le minimum était d’attendre et d’apporter un éclairage contradictoire avec l’avis de tel ou tel groupement sur le projet. Ce que j’ai constaté c’est que la grande critique est sur l’encadrement positif, la relation entre les fournisseurs et les clients, sur les pratiques commerciales (…). Il y a aussi une réalité économique en Polynésie avec des gens qui sont des petits producteurs qui vendent leurs productions auprès des magasins, commerçants, de la grande distribution et qu’il va falloir aussi former dans ce laps de temps.

Quel rôle joue l’Etat dans les négociations avec les investisseurs étrangers ?

L’Etat est tout à fait partenaire sur le développement et l’intégration d’investisseurs étrangers. Je suis content que l’Etat et le haut-commissaire acceptent les comités de suivi du projet Mahana Beach. On regarde ensemble les procédures parce qu’on aura besoin de ce partenariat par les équipements structurants, des traitements des eaux usées, des eaux pluviales, etc.

Le haut-commissaire a annoncé lundi qu’il souhaitait que des personnes désignées par le Pays intègre le conseil d’administration d’Aéroport de Tahiti. Qu’en pensez-vous ?

On est favorable, nous allons revenir dans le conseil d’administration d’ADT même s’il y a une revendication derrière ça ne doit pas nous empêcher de travailler ensemble. L’outil aéroport est trop important pour aboutir à des propositions bloquantes qui a mon avis ne servent à rien. On a plein d’idées à mettre en avant.



Rédigé par () le Mardi 14 Octobre 2014 à 21:27 | Lu 1895 fois