Les pharmaciens annoncent une journée de débrayage général


PAPEETE, vendredi 3 mai 2013 – Les deux syndicats professionnels de pharmaciens (SPPP et STIP) ont décidé "la fermeture de toutes les officines de Polynésie française au cours de la journée du samedi 4 mai 2013" pour dénoncer le caractère confiscatoire et unilatéral de l’arrêté n° 543 du 22 avril 2013. Ils annoncent 40 des 42 pharmacies de Polynésie concernées par ce débrayage.

Un service minimum est toutefois mis en place pour servir les urgences, de 10 heures à 12 heures. La Pharmacie du Port assure une garde toute la journée.

L’arrêté contesté prévoit la revalorisation à la baisse du coefficient multiplicateur autorisé pour la tarification des médicaments remboursés par la Caisse de prévoyance sociale, à compter du 1er juin.

Concrètement, il envisage une baisse de 4,47 points de ce coefficient, le fixant dorénavant à 147 au lieu des 151,47 précédemment. Cet étalon multiplicateur est appliqué sur le prix en euro des médicaments. Il permet de définir le prix de vente TTC en Fcfp des médicaments conventionnés. Il inclut notamment la base des 119.33 appliquée pour changer l’Euro en Fcfp.

Selon l’activité des pharmacies, une telle mesure pourrait provoquer une diminution jusqu’à 30% du résultat annuel de leur activité, dans un environnement économique où nombre d’officines "sont dans le rouge".

Le tout dans un contexte où la profession se déclare fragilisée depuis plus d’un an par les difficultés de remboursement des avances de trésorerie faites au Régime de solidarité de Polynésie française, à la CPS, lui-même au bord de la faillite.

"Cela représente près de 3% de réduction sur la marge des médicaments remboursés", affirme Jean-François Cazaux, vice-président du SPIT, le syndicat des pharmaciens des îles de Tahiti. "Mais sur le prix total du médicament c’est énorme. C’est pour cela que nous sommes si insistants à ce sujet : selon les officines, et la part de leur activité liée à la vente de médicaments remboursés, cela peut représenter jusqu’à 30% de leur résultat. (…) Avec le nouveau coefficient, les médicaments seront 22% plus cher ici qu’en France. Mais ces 22%, c’est pour nous permettre de payer le transport, les douanes et les grossistes qui font les intermédiaires, sur place. (…) Le gouvernement a mal estimé le mal que peut faire une telle mesure", dénonce le pharmacien en posant dans l’équation le problème chronique de remboursement des médicaments pris en charge par le RSPF pour ses ressortissants. Une situation qui a affecté la profession durant toute l’année 2012 et qui s’est encore aggravé en 2013. "Nous est plus payé depuis janvier. Vous savez, il y a plusieurs catégories de pharmaciens en Polynésie : il y a ceux qui marchent très bien et qui sont installés et payées depuis très longtemps ; il y a les moyennes, qui commence à connaître de fortes difficultés financières et puis il y a les nouvelles pharmacies qui viennent d’être reprises et pour lesquelles il faut assurer les emprunts. Il y a beaucoup de pharmacies dans le rouge aujourd’hui en Polynésie".

"Cela fait six mois que l’on discute avec le gouvernement pour mettre en place des solutions pérennes", ajoute le représentant du SPIT. "Nous avons fait des propositions. On souhaite participer à des discussions permettant de réaliser des économies de santé. Il en existe un certain nombre, facile à mettre en place sans bouleverser les équilibres économiques et sociaux. Le problème c’est qu’ils ont vraisemblablement choisi de prendre le chemin inverse, en faisant passer cette mesure à la hussarde".

"Si par impossible le gouvernement persistait à ne pas vouloir retirer dans les prochaines semaines l’arrêté n° 543 du 22 avril 2013, les pharmaciens décideront de prendre d’autres mesures tout aussi radicales comme par exemple la suspension du tiers payant ce qui obligerait les Polynésiens à payer au prix fort leurs médicaments, la part CPS n’étant plus avancée par le pharmacien !", menace aussi un communiqué adressé par les deux syndicats professionnels, dans la journée de vendredi.

La consommation de médicaments conventionnés a représenté une charge de 5,3 milliards Fcfp de remboursements en 2012, sur la Polynésie française, soit 8% du total des dépenses de santé.

Réponse du Ministre

Le Ministre a répondu aux pharmaciens par le biais d'un communiqué de presse

Communiqué de Presse.pdf  (86.8 Ko)


Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Vendredi 3 Mai 2013 à 17:18 | Lu 1829 fois