Les partenariats gagnants d’Air Tahiti Nui


Michel Monvoisin, P-dg d’Air Tahiti Nui est confiant pour le développement de la compagnie en 2014.
PAPEETE, lundi 3 février 2014. Code-share, joint venture, accord d’interligne, chez Air Tahiti Nui on explore toutes les pistes possibles de partenariat pour que la compagnie aérienne locale se tisse un réseau mondial. Or, selon le P-dg de la compagnie ce genre d’association n’a que des aspects positifs. C’est le cas notamment avec le partenariat de code-share avec American Airlines. Signé en 2012 alors qu’American Airlines est en plein marasme économique, avec des licenciements massifs et un risque de disparition complète, cet accord finit par produire depuis la fin 2013 de beaux résultats, car Tahiti se retrouve désormais connectée avec 18 villes américaines. «Ce partenariat nous génère une croissance importante de touristes nord-américains en provenance surtout de la côte Est. American Airlines est la première compagnie mondiale depuis qu’elle a fusionné avec US Air -1500 appareils- et désormais, il y a une dynamique forte sur les flux qui nous sont apportés par ce partenariat».

Pour Michel Monvoisin, ce code-share avec Americain Airlines est l’exemple typique du partenariat réussi. D’autant que d’autres opportunités s’ouvrent encore notamment vers l’Amérique du sud : en décembre dernier Amercian Airlines a ouvert une ligne directe entre Sao Paulo vers Los Angeles. «On mise beaucoup sur cette ligne Sao Paulo-Los Angeles-Papeete, car le touriste brésilien a un profil intéressant. Il dépense beaucoup, il s’assimile bien à la population polynésienne. Nous sommes d’ailleurs en train de recruter un agent de vente au Brésil». En 2013, environ un millier de touristes brésiliens sont venus visiter la Polynésie en s’imposant alors un voyage en trois étapes via Dallas. L’ouverture de la ligne directe Sao Paulo- Los Angeles peut permettre d’envisager un doublement voire même un triplement des flux.

Dans le même esprit, mais sur un autre continent, le code-share finalisé tout récemment avec Korean Airlines va booster la ligne déficitaire d’Air Tahiti Nui vers le Japon. La liaison vers Tokyo-Narita perd en effet plus de 500 millions de Fcfp/an, mais c’est par le Japon qu’ATN entend attirer les touristes asiatiques. En attendant que les négociations avec les compagnies chinoises puissent avancer, c’est un autre marché émergent, celui de la Corée qui s’ouvrira dans les prochaines semaines entre Séoul et Papeete. «On a fait de Tokyo notre hub sur l’Asie. A partir de Tokyo on veut alimenter le Japon bien sûr, mais aussi la Chine, la Corée donc. En fait, toute l’Asie et même la Russie». L’an dernier, ATN a signé un accord d’interligne avec Aeroflot pour que la compagnie russe puisse vendre des billets vers Tahiti. Conséquence, la fin d’année 2013 a enregistré un flux inhabituel de touristes russes en Polynésie française. Pour autant, ces accords de code-share ou d’interligne ne seront pas suffisants pour rentabiliser la liaison vers le Japon. «On a également d’autres options pour améliorer la rentabilité de cette ligne. On est en train de réfléchir à changer de type d’avions, en changeant le 340 par un 330 qui est un bimoteur qui consomme moins» précise encore Michel Monvoisin. Un avion qui consomme moins, plus de passagers : cette liaison déficitaire finira peut-être par être un atout de développement pour la compagnie aérienne tahitienne.

Enfin, la coopération la plus aboutie qu’Air Tahiti Nui veut mettre en place dans le courant de l’année 2014 est plus complexe. Au second semestre 2013, Air France et ATN ont déposé auprès des autorités américaines une demande d’acceptation d’une joint-venture des deux compagnies sur la ligne Los Angeles/Paris. La réponse devrait être transmise au plus tard dans le courant du mois de mars prochain, le temps de vérifier que cette joint-venture ne déroge pas aux règles de la concurrence américaine. «Pour nous, une joint venture sur cette ligne répond à un problème de remplissage de la ligne Los Angeles/Paris. Nous, sur ce trajet nous ne touchons qu’une clientèle de touristes, on ne touche pas les entreprises, alors qu’Air France et Delta Airlines ont de gros contrats communs aux Etats-Unis. Cette joint venture avec Air France nous apporterait de nouveaux passagers corporate et répondrait à nos soucis de remplissage de nos avions jusqu’à Paris». De son côté Air France disposera de plus de sièges disponibles pour sa clientèle en partance de Los Angeles vers la France. Quant à la crainte de voir Air France quitter Papeete avec cette joint venture, c’est un risque inexistant. «Quand j’ai vu Air France en décembre, ce n’était pas à l’ordre du jour. Heureusement d’ailleurs, car en haute saison, ATN ne peut pas remplacer Air France : nous n’avons pas assez d’avions, pas assez de vols pour absorber tout le pic de haute saison». Si la joint venture est acceptée cela impliquera une harmonisation des horaires entre les deux compagnies : progressivement, tous les vols d’ATN arriveraient donc à Tahiti Faa’a, comme ceux d’Air France, au petit matin.

Les prix discount réservés aux touristes


Pour remplir ses avions et booster la basse saison, Air Tahiti Nui a mis 15 000 billets sur le marché, au départ des Etats-Unis, depuis début janvier. Ces billets sont vendus en moyenne de -20 à -30% du prix habituel en fonction du remplissage de l’avion. «Apparemment selon les premiers relevés, le marché nord-américain est le plus réactif. On a lancé cette campagne tarifaire sur le premier trimestre, on va en mesurer le retour précisément pour savoir s’il faut poursuivre» explique Michel Monvoisin, le P-dg d’Air Tahiti Nui. Mais ces offres tarifaires «discount» sont réservées exclusivement à la clientèle extérieure. «Localement, on fait des promotions toute l’année pour nos porteurs fidélisés. La promotion locale, elle se fait par la fidélisation».

Rédigé par Mireille Loubet le Lundi 3 Février 2014 à 16:32 | Lu 2728 fois