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Les parlements du Pacifique de retour à Tarahoi


Tahiti, le 5 octobre 2022 – Les représentants du Groupe des Parlements des îles du Pacifique (GPIP) sont réunis mercredi et jeudi à l'assemblée de la Polynésie française à Papeete pour une “réunion technique” préalable à la conférence du groupe en 2023. Objet des travaux : l'avancement des engagements pris en 2019 lors du “Pacte pour l'économie bleue durable – Déclaration de Tarahoi”.
 
Retour à Tarahoi pour le Groupe des parlements des îles du Pacifique (GPIP). Mercredi et jeudi, les représentants des assemblées législatives des 15 pays membres de l'organisation régionale se retrouvent à Papeete pour une “réunion technique”, près de trois ans après la “Déclaration de Tarahoi” et ses engagements pour une vision partagée de la protection des océans et le développement durable de l'économie bleue.
 
Les législateurs du Pacifique
 
Le GPIP a été créé sous cette forme élargie en 2019, à l'impulsion notamment de la Polynésie française, mais il est avant tout l'héritage du Groupe des Parlementaire Polynésiens (GPP) créé en 2013. À l'origine, ce GPP regroupait les Samoa américaines, les îles Cook, Niue, Tonga, Tuvalu et la Polynésie française autour d'une vision commune de l'identité, de la langue et de la culture polynésienne, pour échanger sur le fonctionnement des organes législatifs de ces différents pays et promouvoir par exemple la place des femmes au sein de ces assemblées. En 2019, le groupe a évolué avec l'ambition de se faire le pendant législatif du Forum des îles du Pacifique qui rassemble les chefs de l'exécutif des Pays du Pacifique.
 
Mais surtout, l'objectif de ce nouveau GPIP a évolué en 2019 vers la protection, la promotion, la valorisation de l'utilisation durable de l'océan et de l'économie bleue dans ces différents pays du Pacifique, s'appuyant notamment sur les Objectifs de développement durable de l'ONU, avec l'assistance du Programme des Nations Unies pour le développement (PNUD), ou encore la stratégie 2050 du Pacifique Bleu du Forum des îles du Pacifique. L'ambition commune des 15 membres du GPIP étant résumée dans les 16 engagements du fameux “Pacte pour l'économie bleue durable – Déclaration de Tarahoi”.
 
Le fonctionnement du GPIP repose sur des conférences organisées tous les deux ans, entre lesquelles une réunion technique est planifiée pour faire le point sur les avancées des différents parlements des pays membres au regard des engagements de la Déclaration de Tarahoi. Un représentant de la majorité, un de l'opposition et le secrétaire général du parlement de chaque pays est invité pour partager les travaux de son institution. La première réunion technique devait se tenir en 2021 à l'assemblée de la Polynésie française, mais le Covid l'a empêchée. Cette réunion technique est donc la première depuis 2019 et avant la conférence prévue en 2023, dont le lieu et la date seront précisées au cours des travaux de cette semaine. La question de l'intégration des îles Salomon au sein du GPIP doit également être abordée.
 
En “famille”
 
La réunion de mercredi matin a été ouverte par les discours du président de l'assemblée, Gaston Tong Sang, du président du Pays, Édouard Fritch, et du secrétaire général du haut-commissariat, Éric Requet. “Vos visages sont ceux d'une grande famille”, a salué Gaston Tong Sang, évoquant “une communauté unie par le sang et les grandes migrations”. En écho, Édouard Fritch a évoqué la “famille du Pacifique” et insisté sur l'importance de ce régionalisme pour peser au plan international : “Nous devons arrêter de nous considérer comme de petits territoires insulaires, mais comme le continent bleu du Pacifique.” Revenu tout juste de Washington, Édouard Fritch a déclamé tout son discours en anglais. Il a évoqué ce sommet américain de la semaine dernière et ses enjeux pour les pays du Pacifique. “Les menaces sont économiques, environnementales, climatiques et parfois diplomatiques”, avait initié un peu plus tôt Gaston Tong Sang.
 
Pêche durable, aires marines gérées ou protégées, protection des ZEE sont au programme des travaux avec une part importante accordée à la mise sur agenda de ces politiques publiques. “En 2050, 10 milliards d’êtres humains peupleront notre Terre et les eaux qui montent inexorablement seront aux portes de nos maisons, aux chevilles de nos enfants, grignotant nos rivages et notre littoral. Qu’adviendra-t-il alors de nos ressources, de nos modes de vie insulaires, de notre Océan ?”, a interrogé le président de l'assemblée. Donnant le ton des échanges de ces deux jours à Tarahoi.
 

​Gaston Tong Sang, président de l'APF : “Nous faisons le point sur la Déclaration de Tarahoi”

Que va être le programme de cette réunion technique ?
 
“Comme le prévoit le statut du Groupement des îles du Pacifique, nous tenons tous les deux ans une conférence de l'ensemble des Parlements du Pacifique. Mais avant cette conférence, il y a une réunion technique. C'est le cas actuellement à Tahiti. Chaque Pays envoie des élus – un de la majorité et un de l'opposition en plus du secrétaire général de l'assemblée concernée –, et nous faisons le point de ce qui a été fait dans l'année qui a précédé, pour voir si les résolutions prises lors de la fameuse Déclaration de Tarahoi sont mises en application, si des réalisations ont été faites. Et nous préparons la conférence suivante, qui aura lieu l'année prochaine. La date et le lieu n'ont pas encore été fixés, mais je pense que ce sera l'objet de cette réunion technique.”
 
Sur le fond, rappelez-nous les principes de la Déclaration de Tarahoi signée ici-même en 2019 ?
 
“Ils rejoignent les objectifs définis par l'ONU, les fameux Objectifs de Développement Durable (ODD), notamment dans le domaine de l'océan, du développement des ressources naturelles, maritimes et surtout pour faire face aux effets du réchauffement climatique. Tout le monde sait que certains pays du Pacifique subissent déjà les effets de la montée des eaux. L'objectif c'est d'être un peu dans l'axe fixé par le Forum des îles du Pacifique. Le Forum, qui est un peu la conférence des chefs de l'exécutif de ces Pays, c'est donc bien que le législatif accompagne ou appuie les politiques publiques pour que nous travaillions en phase avec les gouvernements.”
 
Vous avez évoqué ce matin l'adhésion imminente des îles Salomon au sein du GPIP ?
 
“Oui, c'est une bonne nouvelle parce que certains pays n'étaient pas là en septembre 2019, au moment où nous avons créé l'assemblée fondatrice du groupement. Nous avons invité ces pays absents et qui ont regretté de ne pouvoir être présents à l'époque, et leur avons demandé s'ils pouvaient finaliser et concrétiser leur adhésion au GPIP. C'est le cas des îles Salomon.”
 
Dans le contexte de la réunion de la Quatrième commission de l'ONU, mardi à New York, vous avez voulu insister en tant qu'autonomiste sur le fait que ce type de rencontre démontre que la Polynésie est pleinement “autonome” au sens du droit international ?
 
“Oui. Et dès 2016, l'acceptation de la Polynésie comme membre à part entière du Forum des îles du Pacifique était déjà un signe précurseur de ce fait que, finalement, tous ces pays indépendants du Pacifique n'ont plus mis comme condition l'accession à la pleine indépendance pour accéder à des organismes de ce niveau.”
 

Ce que dit la Déclaration de Tarahoi

Le “Pacte pour l'économie bleue durable – Déclaration de Tarahoi” a été signé à la suite de la conférence des parlements des îles du Pacifique à Papeete, les 10 et 11 septembre 2019, et porte sur les thèmes de “la résilience de l'océan Pacifique” et “la pêche, secteur clé de l'économie bleue durable”. Il évoque la “stratégie 2050 du Pacifique Bleu du Forum des îles du Pacifique fondé sur la “reconnaissance que l’océan est la force vive des économies et des sociétés des îles du Pacifique et insiste sur le rôle de l'économie bleue et notamment de la pêche pour ces territoires. Le pacte réaffirme la prise en compte de la “plus grave menace qui touche les îles du Pacifique” : le changement climatique. Surtout, il prend l'engagement de coordonner les agendas politiques des parlements des îles du Pacifique, s'inspirant des Objectifs de développement durable de l'ONU, vers 16 engagements écrits.
 
Dans ces 16 engagements figurent des grands principes d'orientations des politiques publiques pour favoriser la préservation des océans avec les aires marines gérées et protégées : protéger les territoires contre la montée des eaux ; encourager la valorisation durable des ressources halieutiques ; contribuer à diminuer la pollution marine provenant des navires ; promouvoir la pêche responsable et propre ; ou encore l'innovation en faveur d'une économie bleue durable.

 

​Les Pays membres du groupe des Parlements des îles du Pacifique :

  • Fidji
  • Hawaii
  • Rapa Nui
  • îles Cook
  • Niue
  • Nouvelle-Calédonie
  • Nouvelle-Zélande
  • Palau
  • Polynésie française
  • Samoa
  • Samoa Américaines
  • Tokelau
  • Tonga
  • Vanuatu
  • Wallis-et-Futuna


Rédigé par Antoine Samoyeau le Mercredi 5 Octobre 2022 à 14:58 | Lu 1041 fois