Les parents en quête d’activités extrascolaires


Pendant que les enfants profitent, les parents se renseignent et font les comptes (Crédit : Anne-Charlotte Lehartel).
Tahiti, le 9 août 2024 – À l’aube de cette rentrée marquée par la réforme des rythmes scolaires, le spectre du surplus de temps libre plane sur l’agenda des élèves du primaire. À Taravao, des familles profitent de la première édition du salon “Back to School” pour tenter de trouver des solutions pour occuper leurs enfants. Si la diversité est au rendez-vous, les problématiques de coût et de transport n’ont pas disparu pendant les vacances.
 
Centres périscolaires, activités sportives, culturelles et ludiques, une trentaine d’exposants sont réunis pendant deux jours au parc Teaputa de Taravao, dans le cadre du salon “Back to School”. À l’initiative de la commune de Taiarapu-Est, cette première édition s’inscrit dans la continuité de la réforme des rythmes scolaires.
 
Dans les quatre communes associées, c’est l’option de la semaine de cinq jours, avec trois après-midis vacants, qui a été retenue. “Aujourd’hui, la commune n’a pas les moyens d’assumer la prise en charge des enfants au-delà du temps scolaire”, reconnaît le maire de Taiarapu-Est, Anthony Jamet. “Le but de cette opération, c’est de rassembler au même endroit des associations et des prestataires de services pour permettre aux parents de trouver ce qui répond le mieux à leurs besoins.” Pour sa première adjointe, en charge de l’éducation, ce changement est de l’ordre du “bouleversement” pour les familles. “Nous sommes prêts à accompagner les parents pour monter des dossiers de demande d’aides. On aimerait que la CPS et les services du Pays puissent venir présenter ce qu’ils proposent pour les familles les plus modestes, pour éviter d’accroître le décalage social.”
 

Une trentaine d’associations et prestataires de services ont répondu à l’appel de la commune de Taiarapu-Est.

Diverses initiatives


En attendant, les clubs sportifs ont saisi la balle au bond. “Lors de notre dernière assemblée générale, on s’est dit qu’il fallait adapter nos entraînements à Taravao et Pueu. Nous avons ajouté un créneau hebdomadaire de 14 à 16 heures pour les enfants de Pueu, à partir de 4 ou 5 ans, au lieu de 7 ans. C’est important de les encourager à faire du sport, filles comme garçons”, défend Mélanie Sissoko, coach et secrétaire de l’AS Pueu Football.
 
Les activités culturelles et artistiques ne sont pas en reste. Heiana Ollivier, professeure de théâtre à Papeari, a calqué son planning en concertation avec les écoles du secteur, et elle va même plus loin. “On se rend disponible quand les enfants ont du temps, en sachant que l’objectif de notre association, c’est de développer la pratique du théâtre à la Presqu’île. Je me suis aussi renseignée auprès de la DGEE et de la DSFE pour être en mesure d’informer les familles les plus démunies, car on veut qu’un maximum d’enfants puissent en profiter. Je suis prête à intervenir directement dans les écoles, selon les demandes, ce qui permettrait de toucher davantage d’enfants, sans distinction de classe sociale.”
 
Ce type de rendez-vous permet aussi de découvrir de nouveaux concepts, comme l’espace de Tiffany Di Cola et Hiro Gavaldon. “On a réuni nos deux entreprises. Hiro utilise les jeux de société comme levier d’apprentissage pour la résolution de problèmes, la coopération ou la gestion des émotions, et je propose des ateliers bien-être autour d’une thématique, comme le sommeil, la confiance ou l’alimentation, pour apporter des ressources au quotidien. Ces nouveaux rythmes scolaires, c’est une opportunité pour nous de travailler différentes compétences avec les enfants.”
 

Coût et transport


Mais, plus que jamais, ce sont les centres périscolaires qui sont plébiscités pour la prise en charge des enfants sur l’ensemble des plages horaires où les parents travaillent. “On a remarqué une hausse des inscriptions et beaucoup de parents qui viennent se renseigner, en panique par rapport aux nouveaux horaires. Les freins, ce sont souvent le transport et le coût. Nous ne pouvons pas aller au-delà de Taravao, car toutes les écoles terminent en même temps. Et tout le monde n’a pas les moyens de payer 45 000 francs par mois, surtout quand ça concerne plusieurs enfants”, souligne Heiana Tikare, gérante d’une garderie dans le centre de Taravao, pas loin d’afficher complet.
 

Rosita et sa fille, Heivai, résidentes de Faaone : “Savoir ce qui existe chez nous”

“On a besoin de ce type de salon à la Presqu’île, pour savoir ce qui existe chez nous. Je suis venue pour ma fille de 14 ans. Elle n’est peut-être pas concernée par la réforme, mais elle a tendance à s’ennuyer après le collège. Je travaille et j’aimerais qu’elle puisse s’épanouir dans l’activité de son choix. C’est un budget, mais je suis prête à payer si ça lui plaît.”

Lavaina et sa famille, résidents de Tautira : “Aucun centre ne vient aussi loin”

“Nous sommes venues en délégation, avec quatre enfants et deux ados. Ils ont pu tester plusieurs activités : les enfants ont adoré ! Notre souci à nous, c’est de savoir à quoi on a accès à Tautira, pour faciliter le transport et les frais. Mais aucun centre périscolaire ne va récupérer les enfants aussi loin... On ne veut pas qu’ils s’ennuient après l’école ou qu’ils restent sur la tablette, alors on lance un appel : il faut que ça bouge chez nous aussi !”

Infos pratiques

Foire de la rentrée “Back to School”, vendredi 9 août, de 9 à 17 heures, et samedi 10 août, de 8 heures à midi, au parc Teaputa, à côté de la gendarmerie de Taravao. Plus d’infos sur la page Facebook de la commune de Taiarapu-Est.

Rédigé par Anne-Charlotte Lehartel le Vendredi 9 Aout 2024 à 16:16 | Lu 1571 fois