Tokyo, Japon | AFP | mercredi 05/12/2017 - Un manque de nourriture et de devises étrangères, sur fond des sanctions internationales, forcent les Nord-Coréens à pêcher toujours plus loin en mer, malgré leurs frêles embarcations, causant un récent afflux de naufrages au large du Japon, selon des analystes.
Par dizaines, ces bateaux de pêche en bois, vétustes et sous-équipés, dérivent ou font naufrage aux abords de l'archipel nippon chaque année. Mais sur le seul mois de novembre, les garde-côtes japonais ont recensé 28 de ces cas, un record mensuel depuis le début de ces statistiques en 2014.
Jusqu'à présent, 42 naufragés nord-coréens ont été secourus par les gardes-côtes nippons cette année, un autre record. Mais parfois les autorités japonaises découvrent seulement des cadavres à bord de ces embarcations de fortune - 18 cette année à ce jour - d'où leur surnom au Japon de "bateaux fantômes".
Les pêcheurs nord-coréens "tentent désespérément d'atteindre les objectifs de prises de poisson, dont les niveaux sont relevés chaque année", explique à l'AFP Toshimitsu Shigemura, professeur émérite de l'université Waseda de Tokyo et spécialiste de la Corée du Nord.
- Droits de pêche vendus à la Chine -
Dès son accession au pouvoir en 2013, le leader nord-coréen Kim Jong-Un avait ordonné de doper la production nationale de pêche.
Mais "la Corée du Nord a vendu l'an dernier à la Chine une partie de ses droits de pêche en mer Jaune, afin d'obtenir des devises étrangères", se privant ainsi de ses zones de pêche occidentales et obligeant ses pêcheurs à se rabattre davantage sur la mer du Japon, souligne Pyon Jinil, journaliste et écrivain japonais d'origine coréenne.
Mais comme leurs bateaux "sont plutôt vétustes et n'ont pas beaucoup de carburant", ils se retrouvent souvent à dériver vers le Japon, ajoute Yang Moo-Jin, professeur à l'université des études nord-coréennes de Séoul.
Le phénomène est amplifié par la crise alimentaire qui sévit dans le pays, partiellement du fait du renforcement des sanctions internationales imposées en raison des programmes nucléaire et balistique du régime, selon les analystes.
"Le rationnement alimentaire a été intensifié et maintenant un citoyen nord-coréen reçoit seulement 300 grammes de nourriture par jour", affirme M. Pyon, interrogé par l'AFP.
Les Nord-Coréens voudraient importer de Chine des denrées de base, "mais ils n'ont pas suffisamment de devises" même pour acheter du riz ou du maïs, selon lui.
Les réserves de change de la Corée du Nord ont fondu d'un tiers par rapport à l'an dernier, à cause des sanctions imposées par les Nations Unies, relève-t-il encore.
- Des bateaux espions? -
Les médias japonais couvrent largement chaque apparition d'embarcation suspectée de provenir de Corée du Nord, certains spéculant même qu'il pourrait en réalité s'agir de bateaux espions.
Tokyo prend l'affaire très au sérieux: le ministre japonais des Transports, Keiichi Ishii, a annoncé mardi un renforcement de la surveillance des côtes japonaises.
Et le porte-parole de l'exécutif nippon, Yoshihide Suga, a assuré le même jour que le gouvernement enquêtait sur l'afflux de ces "bateaux fantômes", y compris sur le fait de savoir "s'il s'agit de pêcheurs ou non", après que des médias ont rapporté qu'un de ces bateaux portait un emblème militaire nord-coréen.
Cependant M. Shigemura de l'université Waseda ne croit guère à cette hypothèse. "Les agents nord-coréens ne viennent pas à bord de bateaux aussi délabrés", mais avec des navires bien équipées, assure-t-il.
Par ailleurs, dix pêcheurs nord-coréens ayant brièvement séjourné la semaine dernière sur un îlot inhabité près de la grande île septentrionale japonaise de Hokkaido, pour échapper au mauvais temps, sont soupçonnés d'avoir dérobé de nombreux objets sur place, dont des appareils électroménagers, des panneaux solaires et des métaux.
Avant d'être rattrapés par les gardes-côtes japonais, ils auraient jeté dans la mer une partie de leur butin, selon des médias.
"Ils voulaient revendre ces objets dans leur pays", selon M. Shigemura.
"Mais s'ils rentrent chez eux, après avoir fait l'objet d'une inspection approfondie par la police japonaise, ils seront exécutés" car le régime de Pyongyang redoute qu'ils deviennent des espions à la solde du Japon, affirme-t-il.
Par dizaines, ces bateaux de pêche en bois, vétustes et sous-équipés, dérivent ou font naufrage aux abords de l'archipel nippon chaque année. Mais sur le seul mois de novembre, les garde-côtes japonais ont recensé 28 de ces cas, un record mensuel depuis le début de ces statistiques en 2014.
Jusqu'à présent, 42 naufragés nord-coréens ont été secourus par les gardes-côtes nippons cette année, un autre record. Mais parfois les autorités japonaises découvrent seulement des cadavres à bord de ces embarcations de fortune - 18 cette année à ce jour - d'où leur surnom au Japon de "bateaux fantômes".
Les pêcheurs nord-coréens "tentent désespérément d'atteindre les objectifs de prises de poisson, dont les niveaux sont relevés chaque année", explique à l'AFP Toshimitsu Shigemura, professeur émérite de l'université Waseda de Tokyo et spécialiste de la Corée du Nord.
- Droits de pêche vendus à la Chine -
Dès son accession au pouvoir en 2013, le leader nord-coréen Kim Jong-Un avait ordonné de doper la production nationale de pêche.
Mais "la Corée du Nord a vendu l'an dernier à la Chine une partie de ses droits de pêche en mer Jaune, afin d'obtenir des devises étrangères", se privant ainsi de ses zones de pêche occidentales et obligeant ses pêcheurs à se rabattre davantage sur la mer du Japon, souligne Pyon Jinil, journaliste et écrivain japonais d'origine coréenne.
Mais comme leurs bateaux "sont plutôt vétustes et n'ont pas beaucoup de carburant", ils se retrouvent souvent à dériver vers le Japon, ajoute Yang Moo-Jin, professeur à l'université des études nord-coréennes de Séoul.
Le phénomène est amplifié par la crise alimentaire qui sévit dans le pays, partiellement du fait du renforcement des sanctions internationales imposées en raison des programmes nucléaire et balistique du régime, selon les analystes.
"Le rationnement alimentaire a été intensifié et maintenant un citoyen nord-coréen reçoit seulement 300 grammes de nourriture par jour", affirme M. Pyon, interrogé par l'AFP.
Les Nord-Coréens voudraient importer de Chine des denrées de base, "mais ils n'ont pas suffisamment de devises" même pour acheter du riz ou du maïs, selon lui.
Les réserves de change de la Corée du Nord ont fondu d'un tiers par rapport à l'an dernier, à cause des sanctions imposées par les Nations Unies, relève-t-il encore.
- Des bateaux espions? -
Les médias japonais couvrent largement chaque apparition d'embarcation suspectée de provenir de Corée du Nord, certains spéculant même qu'il pourrait en réalité s'agir de bateaux espions.
Tokyo prend l'affaire très au sérieux: le ministre japonais des Transports, Keiichi Ishii, a annoncé mardi un renforcement de la surveillance des côtes japonaises.
Et le porte-parole de l'exécutif nippon, Yoshihide Suga, a assuré le même jour que le gouvernement enquêtait sur l'afflux de ces "bateaux fantômes", y compris sur le fait de savoir "s'il s'agit de pêcheurs ou non", après que des médias ont rapporté qu'un de ces bateaux portait un emblème militaire nord-coréen.
Cependant M. Shigemura de l'université Waseda ne croit guère à cette hypothèse. "Les agents nord-coréens ne viennent pas à bord de bateaux aussi délabrés", mais avec des navires bien équipées, assure-t-il.
Par ailleurs, dix pêcheurs nord-coréens ayant brièvement séjourné la semaine dernière sur un îlot inhabité près de la grande île septentrionale japonaise de Hokkaido, pour échapper au mauvais temps, sont soupçonnés d'avoir dérobé de nombreux objets sur place, dont des appareils électroménagers, des panneaux solaires et des métaux.
Avant d'être rattrapés par les gardes-côtes japonais, ils auraient jeté dans la mer une partie de leur butin, selon des médias.
"Ils voulaient revendre ces objets dans leur pays", selon M. Shigemura.
"Mais s'ils rentrent chez eux, après avoir fait l'objet d'une inspection approfondie par la police japonaise, ils seront exécutés" car le régime de Pyongyang redoute qu'ils deviennent des espions à la solde du Japon, affirme-t-il.