Les mesures de soutien à l’économie présentées au patronat


PAPEETE, 21 avril 2016 - Les représentants des deux principaux syndicats patronaux ont été reçus jeudi matin au ministère de l’Economie pour un point sur les mesures économiques évoquées par Edouard Fritch, lors de l’ouverture de la session administrative à l’assemblée.

Lors de son discours pour l’ouverture de la session administrative de l’assemblée, jeudi 14 avril, Edouard Fritch avait parlé de "la mise à feu de l’étage supérieur de la fusée de la relance" au moment d’exposer le plan d’actions du gouvernement pour 2016 et 2017. La stratégie du gouvernement pour soutenir l’activité économique polynésienne, créer les conditions favorables à la reprise de l’emploi, et "faire la soudure" en attendant le lancement des grands projets, le Tahiti Mahana Beach et le complexe aquacole de Hao.

La représentation polynésienne est concernée dans l'immédiat puisqu'un collectif budgétaire doit avoir lieu avant la mi-mai pour organiser le financement des premières mesures, cette année.

Un des quatre volets de ce programme de mesures incitatives concerne le soutien au développement des entreprises (voir encadré). Et c'est à ce titre que Teva Rohfritsch, le ministre de la Relance économique, a reçu les représentants du Medef-Polynésie et de la CGPME, jeudi matin au ministère. L'occasion de leur exposer le détail de ce qu’il a qualifié de "mesures pour dynamiser l’activité économique" ou encore de "plan d’accompagnement économique, de stimulation à court terme, qui vient en complément d’une vague de fond que nous souhaitons engager sur la libéralisation de l’économie (…). Un plan d’actions économiques de court terme que nous allons déployer jusqu’à la fin du mandat".

Sort de cette rencontre avec le patronat la décision de fonder dans l’immédiat trois ateliers à thème, réunissant le ministère et les représentants des organisations patronales (FGC, Medef et CGPME). Ils délibéreront au sujet des investissements locaux sur le foncier domanial, sur le thème des mesures d’aide aux PME et au commerce, ou encore des mesures en faveur de la consommation et de l’investissement des ménages.

Deux rencontres annuelles, sont en outre programmées en mai et septembre, entre le président et les acteurs du monde économique. Et un forum annuel sur le thème de la reconversion économique se tiendra à partir d’octobre prochain.

Les leaders patronaux sont sortis de cette rencontre visiblement ravis : "On est écouté et entendu, même si on n’est pas forcément d’accord sur tout" a déclaré Olivier Kressmann, président du Médef-Polynésie, tandis que Christophe Plée se dit "satisfait aujourd’hui que l’on se mette à travailler avec le gouvernement".

Mesure de soutien au développement des entreprises :
- Location sur base emphytéotique de parcelles domaniales pour favoriser la réalisation entrepreneuriale.
- Dotation financière de 5 millions Fcfp pour les projets dans les filières innovantes.
- Création de pépinières d’entreprises à Papara et Mataiea et Faratea. Le programme est doté à hauteur de 200 millions Fcfp.
- Création d’une délégation aux investissements, au sein de la présidence, afin de faciliter l’avancement des dossiers des investisseurs.
- Création d’un réseau initiative Polynésie, plateforme associative inspirée du Réseau initiative France. Prêt d’honneur aux porteurs de projets sélectionnés pouvant aller jusqu’à 2 millions Fcfp à taux zéro et sans garantie personnelle. Dotation : 100 millions Fcfp.
- Mise en place de prêts de développement avec la Bpi. Emprunts jusqu’à 70 millions Fcfp pour les secteurs de l’hôtellerie et de la restauration.
- Défisc locale : la commission d’agrément se réunira trois fois par an en février juin et octobre.
- Aide à l’équipement plafonné à 3 millions Fcfp et la moitié de l’investissement total, pour l’acquisition ou le renouvellement du matériel de production en faveur des TPE/PME.
- Aide à la rénovation des commerces plafonnée à 5 millions Fcfp et la moitié de l’investissement total.
- Aide à l’équipement informatique et au raccordement internet des entreprises plafonnée à 50000 Fcfp et la moitié des frais engagés.

Un plan "cohérent par rapport à ce que nous voulions voir avancer", pour Olivier Kressmann (Medef)

Êtes-vous rassurés par l’exposé que vous a fait le ministre ce matin ?

Olivier Kressmann : Il s’est agi d’une rencontre très constructive et de très bon augure en ce qui concerne la collaboration du gouvernement avec les acteurs du monde économique. L’objectif était de nous présenter dans le détail les mesures annoncées par le président Fritch, la semaine dernière. Et surtout, de planifier l’organisation de rencontres souhaitées, notamment les ateliers dans lesquels nous allons devoir travailler, apporter notre vision. (…) Nous avons un ministre de l’Economie qui est extrêmement actif avec beaucoup de sujets qu’il souhaite voir avancer. C’est ce que nous attendions au Medef.

Quels sont les dossiers qui vous paraissent prioritaires aujourd’hui ?

Olivier Kressmann : Toujours les mêmes : la création d’emploi ; la relance du développement économique ; une mise à plat cohérente de la fiscalité… Dans des grands secteurs porteurs tels que le tourisme, l’industrie, l’économie bleue, l’agriculture, l’aide au développement des communes… Le panel est très large ; mais le gouvernement et les partenaires économiques y sont parties prenantes.

On vous a connu beaucoup plus inquiet. Qu’est-ce qui fait qu’aujourd’hui vous retrouvez espoir ?

Olivier Kressmann : L’espoir vient du fait que nous avons été entendus. Ce qui nous a été présenté est cohérent par rapport à ce que nous voulions voir avancer. Je me suis exprimé régulièrement sur le fait qu’il fallait absolument penser un nouveau logiciel économique. C’est ce qui est à l’œuvre. (…) On est écouté et entendu, même si on n’est pas forcément d’accord sur tout. L’important est que nous travaillions tous dans le même sens.

Des "mesures pragmatiques" pour Christophe Plée (CGPME)

Quel est votre sentiment à l’issue de cette présentation ?

Christophe Plée : Elle a été non seulement utile, mais elle donne le sentiment que nous sommes enfin face à un ministre qui souhaite instiller un électrochoc. On est sur une dynamique qui va nous permettre de travailler avec le gouvernement. C’est ce qui manquait un peu au cours des derniers mois. Concrètement, suite aux mesures annoncées par Edouard Fritch on est vraiment entré dans le détail. (…) On a l’impression de Teva Rohfritsch accélère. J’ai vraiment l’impression que tout le monde est satisfait aujourd’hui que l’on se mette à travailler avec le gouvernement. On ne doute pas que le président sera derrière et surtout que le ministre des Finances soutiendra l’initiative. Les mesures sont intéressantes, il faudra des financements derrière.

Vous êtes satisfait de cette rencontre ?

Christophe Plée : On a parlé de mesures incitatives qui concernent tout le monde, de la toute petite entreprise dans divers secteurs d’activité jusqu’à des projets moyens. Après, il y a les gros investisseurs, mais ça c’est autre chose. Là, c’est un programme pour les entreprises locales, pour les aider à redémarrer.

Pensez-vous que ce plan d’action permettra la soudure en attendant le lancement des grands projets ?

Christophe Plée : Bien sûr et on n’a pas le choix, tout le monde l’a bien compris. Mettre en place des mesures en faveur des ménages, pour l’acquisition de foncier, d’aide aux travaux et fiscales… Ca va donner tout de suite des résultats dans l’activité des PME et des TPE. Le Pays a augmenté son revenu fiscal de près de 10 milliards Fcfp, il faut bien le réinjecter dans l’économie et redonner aux entreprises. Là, c’est fait avec des mesures pragmatiques, des mesures de terrain.

Rédigé par Jean-Pierre Viatge le Jeudi 21 Avril 2016 à 14:52 | Lu 1555 fois