Les mauvais chiffres des violences intrafamiliales


Le taux de violence au sein des familles est très important en Polyénsie française comparé aux taux des autres régions ultramarines et de la métropole.
PARIS, le 20 mai 2016. Au fenua, les vols sont plutôt moins fréquents qu’en métropole, mais le territoire est fortement concerné par les violences intrafamiliales, met en avant une étude publiée par le ministère de l'Intérieur.

Le ministère de l'Intérieur a publié jeudi les chiffres de la délinquance outre-mer et compare les statistiques entre les différents territoires ultramarins et la métropole. De ces chiffres de 2015, il ressort que "le nombre de vols ou d’actes de violence enregistrés par la police et la gendarmerie rapporté à la population était globalement plus élevé en Guyane, en Guadeloupe, à Mayotte et à Saint-Martin que dans les autres territoires ultramarins ou en métropole. À Saint-Martin, en Guyane et en Guadeloupe, l’intensité des vols avec armes, et plus généralement des infractions violentes, est très forte rapportée à leur population. De son côté, Mayotte est confronté à un taux de cambriolages par logement bien supérieur à tous les autres territoires français."

PLUS DE SÉCURITÉ QU'EN MÉTROPOLE
La Polynésie française s'en sort plutôt bien. "Dans la plupart des domaines observés, la Polynésie française a des niveaux d’insécurité constatée légèrement inférieurs au niveau métropolitain", souligne le ministère de l'Intérieur. "Néanmoins, ce territoire se distingue par un taux élevé de coups et blessures volontaires dans la sphère intrafamiliale (sur personnes de 15 ans ou plus). Hors violences intrafamiliales, l’intensité des coups et blessures est au niveau de la métropole."
Lors de la réunion du Conseil de prévention de la délinquance de Polynésie française en mars, une augmentation très importante des violences avaient été relevée : " Les violences ou atteintes volontaires à l’intégrité physiques (AVIP) ont doublé sur les dix dernières années et représentent aujourd’hui plus de 2 500 faits par an". L'an dernier, les violences intrafamiliales ont représenté 70% de l’ensemble des violences. "Le taux annuel pour 1 000 habitants des violences physiques non crapuleuses s’élève en 2015 à 7,31 en Polynésie française contre 4,51 pour le taux national", relevait ce Conseil.
Les femmes sont particulièrement victimes de ce type de violence : "chaque jour en Polynésie, plus de trois femmes sont victimes d’un acte violent (plus de 1 200 faits de violences par an sur des victimes de sexe féminin)", notait le Conseil qui précisait que "le dépôt de plainte dans le contexte conjugal est encore loin d’être systématique, notamment dans les archipels".

Le ministère de l'Intérieur souligne également que "Les vols sans violence contre des particuliers y sont également plus fréquents que dans les autres outre-mer". Il analyse cela venant du "fait d’une présence touristique importante".
La situation en Nouvelle-Calédonie est différente de celle de Polynésie. Elle est jugée, selon le ministère de l'Intérieur, "atypique, avec une forte intensité des cambriolages, des vols de voitures et des coups et blessures, mais très peu de vols contre des individus".

Les mesures pour lutter contre les violences au sein des foyers

Chaque jour plus de trois femmes sont victimes d'un acte violent. Or, parfois les victimes sont isolées : dans les îles éloignées où il n'y a pas systématiquement de gendarmes, les femmes n'ont aucun relais. Pour lutter contre les violences intrafamiliales, le Conseil de prévention de la délinquance créé en janvier a arrêté une série de mesures. Elles sont en cours de mise en place.

Deux pages Facebook dédiées seront ouvertes, une en direction des femmes, l'autre pour les mineurs pour faciliter l'accès direct aux juges en charge de ces questions.

Une unité pédiatrique des mineurs victimes sera ouverte à l'hôpital de Taaone, afin de regrouper en un seul lieu et en un seul moment l'ensemble des auditions du mineur victime et des examens médicaux, psychologiques et sociaux à effectuer. En 2015, il y a eu 250 mineurs victimes de sévices sexuels en Polynésie, cette unité aura pour but de "leur éviter le parcours du combattant entre les différents experts et les auditions qui seront filmées" précisait en mars Brigitte Angibaud, avocate générale de la cour d'appel de Papeete. Cette unité nécessite seulement l'aménagement d'une salle dédiée. Une association nationale (La Voix de l'enfant) serait susceptible de financer la mise en place de cette structure.

Le Conseil souhaite également mettre en place le téléphone grand danger, augmenter les ordonnances de protection délivrées par le juge aux affaires familiales et les capacités d’assignation à résidence du conjoint-violent évincé, notamment dans les foyers d’accueil d’urgence…


Rédigé par Mélanie Thomas le Vendredi 20 Mai 2016 à 15:19 | Lu 2659 fois