(crédit photo : FB Association Tama No Te Tairoto)
Tahiti, le 25 septembre 2024 - Une étude menée à Bora Bora à propos de l'impact de la restauration des coraux sur la faune marine redonne de l'espoir aux scientifiques. Publiée par l'Institut de recherche pour le développement, l'étude démontre une facilité des communautés de poissons à réinvestir un corail restauré. Une bonne nouvelle à l'heure où le blanchissement des coraux à travers le monde reste au cœur de tous les débats.
Le phénomène est mondial et préoccupe la communauté scientifique internationale. Le blanchissement des coraux, synonyme de mort pour ces derniers, s'observe aux quatre coins du globe. Changement climatique, acidification de l'eau de mer ou activités envahissantes de l'Homme, les raisons expliquant un tel phénomène ne manquent pas. En revanche, les solutions, elles, sont plus rares. Même si, du côté des chercheurs, nombreuses sont les initiatives de restauration des récifs à avoir vu le jour ces dernières années. À l'exemple des scientifiques du Criobe et de l'Institut de la recherche pour le développement (IRD) au Fenua.
“Nous avons commencé cette étude en 2019, dans le cadre du projet Bora Biodiv, financé et appuyé par la Polynésienne des eaux, l'association Ia Vai Ma Noa Bora Bora et la mairie de Bora Bora”, explique Frédéric Bertucci, écologue marin à l'UMR Marbec, en charge de l'étude d'impact à court terme de la restauration des coraux sur l'abondance, la diversité et les assemblages de poissons à Bora Bora. “Nous travaillons également en partenariat avec le lycée-collège de Bora Bora. Dans le cadre de cette aire marine éducative, les élèves participent avec nous aux campagnes de bouturage. Ils réalisent également quelques expériences scientifiques afin d'être sensibilisé à cette problématique. Après, bien entendu, nous nous chargeons de gérer les données scientifiques et les comptages.”
Les poissons, des indicateurs fiables
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont décidé de se pencher rigoureusement sur la variation des communautés de poissons présentes sur le site de recherche, soit seize parcelles récifales mortes situées dans une petite zone côtière. “En 2019 – je ne peux, hélas, dire pour quelles raisons –, les récifs coralliens de la zone étaient morts, ou en tout cas, beaucoup de pâtés coralliens l'étaient”, témoigne Frédéric Bertucci. “En revanche, contrairement à ce que l'on pense, lorsque le corail est mort ou qu'il y a des algues, la faune marine ne déserte pas les lieux. On perd un certain nombre de poissons, mais il y en a d'autres, des poissons herbivores, qui, eux, restent. C'est le cas des poissons chirurgiens, des poissons perroquets.” Donc si le nombre de poissons n'est pas un indicateur direct de la santé du récif corallien, la diversité des espèces présentes, elle, en dit long.
Un récif mort étant recouvert de macroalgues à 80%, les chercheurs ont d'abord dû procéder à leur arrachage, puis à l'implantation de divers coraux (Acropora, Porites rus, Porites lobata, etc.) afin de créer quatre environnements nécessaires à l'observation : Des parcelles récifales non-restaurées, et d'autres restaurées à 25%, 50% et 75%. L'abondance des poissons aux stades adultes et juvéniles a été évaluée sur chacune des parcelles récifales, avant et après la restauration corallienne. En effet, les relevés ont été réalisés un jour et trois jours avant la restauration, puis 24 jours et 28 jours après, ce qui a permis aux scientifiques d'observer la succession écologique et les interactions “consommateurs/ressources” qui se sont mis en place en réponse à la régénération du récif.
Des résultats encourageants
“Une fois que le massif corallien est redevenu vivant, les poissons qui étaient habitués au corail mort, ou aux algues, sont partis. Puis ceux qui sont davantage habitué au corail vivant, comme le poisson papillon, eux, sont arrivés”, détaille le chercheur de l'UMR Marbec. “Nous n'avons pas eu de changement de densité de population de poissons, mais nous avons observé un net changement de communauté de poissons. Et c'est ça qu’il est très intéressant de souligner : c'est cette succession écologique !” En effet, selon l'analyse des données recueillies au cours de cette étude, s'il n'y a pas eu d'effet à court terme sur l'abondance des communautés de poissons, pour les assemblages de ces communautés, c'est une tout autre histoire. “De toutes les configurations, celle qui marche le mieux c'est celle avec 50% de corail vivant”, constate Frédéric Bertucci. " Grâce à l'ajout de nouveaux habitats de coraux vivants, on augmente la diversité des poissons. C'est tout l'intérêt du corail vivant. Si l'on donne un nouvel environnement à ces poissons, ils s'adaptent très rapidement. Nous sommes témoins ici d'un peuplement dynamique. Et puis aussi, un des avantages de cette diversité des habitats, c'est que plus il y en a et plus les poissons peuvent se cacher, donc mieux la chaîne alimentaire se porte. S'il y a moins d'habitats, alors il y a moins de petits poissons qui sont mangés par les moyens qui, à leur tour, sont mangés par les plus gros. Tout est lié.”
Si les résultats sont nuancés mais encourageant, le chercheur de l'IRD espère désormais une action coordonnée et à plus grande échelle. “C'est une guerre à mener. En Indonésie, il y a beaucoup de projets qui vont dans ce sens, en Australie aussi. Maintenant, ce qu'il faut, c'est essayer de coordonner toutes ces actions. Le blanchissement des coraux touche beaucoup d'îles simultanément à très grande échelle. Il faudrait donc une réponse tout aussi forte des scientifiques, des politiques, mais également de la population et de ses enfants, pour espérer agir de manière concrète sur l'avenir.”
Le phénomène est mondial et préoccupe la communauté scientifique internationale. Le blanchissement des coraux, synonyme de mort pour ces derniers, s'observe aux quatre coins du globe. Changement climatique, acidification de l'eau de mer ou activités envahissantes de l'Homme, les raisons expliquant un tel phénomène ne manquent pas. En revanche, les solutions, elles, sont plus rares. Même si, du côté des chercheurs, nombreuses sont les initiatives de restauration des récifs à avoir vu le jour ces dernières années. À l'exemple des scientifiques du Criobe et de l'Institut de la recherche pour le développement (IRD) au Fenua.
“Nous avons commencé cette étude en 2019, dans le cadre du projet Bora Biodiv, financé et appuyé par la Polynésienne des eaux, l'association Ia Vai Ma Noa Bora Bora et la mairie de Bora Bora”, explique Frédéric Bertucci, écologue marin à l'UMR Marbec, en charge de l'étude d'impact à court terme de la restauration des coraux sur l'abondance, la diversité et les assemblages de poissons à Bora Bora. “Nous travaillons également en partenariat avec le lycée-collège de Bora Bora. Dans le cadre de cette aire marine éducative, les élèves participent avec nous aux campagnes de bouturage. Ils réalisent également quelques expériences scientifiques afin d'être sensibilisé à cette problématique. Après, bien entendu, nous nous chargeons de gérer les données scientifiques et les comptages.”
Les poissons, des indicateurs fiables
Dans le cadre de cette étude, les chercheurs ont décidé de se pencher rigoureusement sur la variation des communautés de poissons présentes sur le site de recherche, soit seize parcelles récifales mortes situées dans une petite zone côtière. “En 2019 – je ne peux, hélas, dire pour quelles raisons –, les récifs coralliens de la zone étaient morts, ou en tout cas, beaucoup de pâtés coralliens l'étaient”, témoigne Frédéric Bertucci. “En revanche, contrairement à ce que l'on pense, lorsque le corail est mort ou qu'il y a des algues, la faune marine ne déserte pas les lieux. On perd un certain nombre de poissons, mais il y en a d'autres, des poissons herbivores, qui, eux, restent. C'est le cas des poissons chirurgiens, des poissons perroquets.” Donc si le nombre de poissons n'est pas un indicateur direct de la santé du récif corallien, la diversité des espèces présentes, elle, en dit long.
Un récif mort étant recouvert de macroalgues à 80%, les chercheurs ont d'abord dû procéder à leur arrachage, puis à l'implantation de divers coraux (Acropora, Porites rus, Porites lobata, etc.) afin de créer quatre environnements nécessaires à l'observation : Des parcelles récifales non-restaurées, et d'autres restaurées à 25%, 50% et 75%. L'abondance des poissons aux stades adultes et juvéniles a été évaluée sur chacune des parcelles récifales, avant et après la restauration corallienne. En effet, les relevés ont été réalisés un jour et trois jours avant la restauration, puis 24 jours et 28 jours après, ce qui a permis aux scientifiques d'observer la succession écologique et les interactions “consommateurs/ressources” qui se sont mis en place en réponse à la régénération du récif.
Des résultats encourageants
“Une fois que le massif corallien est redevenu vivant, les poissons qui étaient habitués au corail mort, ou aux algues, sont partis. Puis ceux qui sont davantage habitué au corail vivant, comme le poisson papillon, eux, sont arrivés”, détaille le chercheur de l'UMR Marbec. “Nous n'avons pas eu de changement de densité de population de poissons, mais nous avons observé un net changement de communauté de poissons. Et c'est ça qu’il est très intéressant de souligner : c'est cette succession écologique !” En effet, selon l'analyse des données recueillies au cours de cette étude, s'il n'y a pas eu d'effet à court terme sur l'abondance des communautés de poissons, pour les assemblages de ces communautés, c'est une tout autre histoire. “De toutes les configurations, celle qui marche le mieux c'est celle avec 50% de corail vivant”, constate Frédéric Bertucci. " Grâce à l'ajout de nouveaux habitats de coraux vivants, on augmente la diversité des poissons. C'est tout l'intérêt du corail vivant. Si l'on donne un nouvel environnement à ces poissons, ils s'adaptent très rapidement. Nous sommes témoins ici d'un peuplement dynamique. Et puis aussi, un des avantages de cette diversité des habitats, c'est que plus il y en a et plus les poissons peuvent se cacher, donc mieux la chaîne alimentaire se porte. S'il y a moins d'habitats, alors il y a moins de petits poissons qui sont mangés par les moyens qui, à leur tour, sont mangés par les plus gros. Tout est lié.”
Si les résultats sont nuancés mais encourageant, le chercheur de l'IRD espère désormais une action coordonnée et à plus grande échelle. “C'est une guerre à mener. En Indonésie, il y a beaucoup de projets qui vont dans ce sens, en Australie aussi. Maintenant, ce qu'il faut, c'est essayer de coordonner toutes ces actions. Le blanchissement des coraux touche beaucoup d'îles simultanément à très grande échelle. Il faudrait donc une réponse tout aussi forte des scientifiques, des politiques, mais également de la population et de ses enfants, pour espérer agir de manière concrète sur l'avenir.”