Les leaders polynésiens veulent "taper du poing sur la table"


PAPEETE, le 15 juillet 2015 - Six des huit membres du Polynesian leaders group (PLG) ont rejoint la Polynésie pour s'entendre sur les termes d'un pacte en prévision de la COP 21. Ils ont été accueillis mercredi matin à la présidence par une cérémonie traditionnelle avant de s'assoir autour d'une même table pour la journée. Bilan des discussions ils entendent frapper fort en décembre.

Tout a commencé par une cérémonie d'accueil traditionnel à 8 h 30 à la présidence. Les artistes ont dansé et chanté aux pieds des sept leaders polynésiens : Édouard Fritch, président de la Polynésie française, pays hôte, Toke Talagi, premier de Niue, président en exercice du PLG, Henry Puna, premier ministre des Îles Cook, Tuilaepa Sailele Malielegaoi, premier ministre de Samoa, Aliki Faipule Siopili Perez, Ulu de Tokelau, Akilisi Pohiva, premier ministre de Tonga et Enele Sosene Sopoaga, premier ministre de Tonga. Seul manquait à l'appel, le leader des Samoa américaines.

Trois discours d'ouverture ont lancé les festivités : celui de Toke Talagi, premier de Niue et président en exercice du PLG, celui de Lionel Beffre, Haut-commissaire et celui d'Édouard Fritch, président de la Polynésie française. Les discussions ont suivi sans attendre.

DIMENSION POLITIQUE

Cette première journée de travail du PLG était consacrée aux discussions et échanges relatifs au Polynesia against climate threats (PACT). Un document de quatre pages concentrant les messages des territoires de Polynésie à porter à la COP 21. "C'est la première fois que nous, les polynésiens, les Mélanésiens et les Micronésiens, avons l'occasion de nous faire entendre à haut niveau", a rappelé Édouard Fritch mercredi à l'issue des discussions. "Nous aurons même un entretien en tête-à-tête avec le Président de la république en amont de la COP 21. François Hollande nous l'a promis à Nouméa". Des rendez-vous que les membres du PLG ont la ferme intention d'honorer.

Alors que la première version du Pact s'attardait essentiellement sur les aspects environnementaux et scientifiques, sur les solutions testées ou envisagées, sur les actions à mener, une deuxième version plus "politique" se prépare. "Le sentiment est unanime", a résumé Toke Talagi. "On a souhaité ajouté une dimension politique pour pouvoir être entendu. Il nous faut prendre les informations scientifiques, les utiliser pour apporter une autre lumière à notre point de vue. Il faut dire au monde la réalité des choses et prendre des décisions, enfin, qu'elles soient désagréables ou agréables." Les membres du PLG se sont dits las devant la "lenteur des choses". "Il y a pas mal de personnes en place qui n'ont pas eu le courage de prendre les décisions qu'il faut". Le temps passe, les discours se répètent, rien ne change. "Il nous faut taper du point sur la table" a martelé Akilisi Pohiva.

Par ailleurs, il ressort des discussions le besoin de trouver un ou des "partenaires" plus puissants, la France, l'Europe ou tout autre volontaire qui aurait une vision partagée des problématiques des petits États insulaires du Pacifique. Enfin, dernier point, et pas des moindres, les finances. "Il faut que les grandes nations, qui remplissent des caisses de fonds bleus, de fonds verts, etc. les utilisent vraiment à la lutte contre le changement climatique." Des fonds auxquels les membres du PLG disent avoir peu ou pas d'accès en raison notamment de difficultés administratives. Les dossiers très compliqués à constituer. Le Pact deuxième version, doit être signé aujourd'hui sur le marae Taputapuatea de Raiatea. Les discussions, suivies de près par Marie-Hélène Aubert, conseillère auprès du Président de la République pour les négociations internationales climat et environnement et par Marc Vizy, conseiller auprès du Président de la République pour l'outremer seront rapportées mot par mot au chef de l'État.



"Le changement climatique ne doit pas nous mettre sur la défensive"

Dans son discours d'ouverture, Édouard Fritch a conclue en expliquant que "le changement climatique ne doit pas seulement nous mettre sur la défensive et nous positionner en tant que victimes. Il doit aussi être l'occasion de mettre en avant nos formidables atouts et capacités d'adaptation. Nous sommes le peuple de la pirogue qui a traversé de bout en bout le plus grand océan de la planète, et nous n'avons pas peur de relever les défis qui se posent à nous. Le changement climatique présente de nouvelles opportunités de développement durable que nous devons saisir."

"Je me ferai un honneur de faire entendre cette déclaration au plus haut niveau de l'État"

Lionel Beffre, Haut-commissaire, a insisté dans son discours d'ouverture sur son rôle : "Je me ferai un honneur et un devoir de faire entendre cette déclaration au plus haut niveau de l’État français. Et nul ne doute que la voix des dirigeants polynésiens, appuyée d’une argumentation scientifique spécifique sur la vulnérabilité des îles basses polynésiennes et océanienne face aux effets du changement climatique, résonnera lors de la grande conférence internationale de cette fin d’année."

"Nous ne sommes pas restés les bras ballants"

Toke Talagi, premier de Niue et président en exercice du PLG, a insisté sur les actions des petits pays insulaires dans son discours d'ouverture. "Nous sommes ici pour montrer que nous ne sommes pas restés les bras ballants et que nous prenons nos responsabilité envers la planète, envers nos enfants."


Rédigé par Delphine Barrais le Mercredi 15 Juillet 2015 à 18:39 | Lu 1541 fois