Les jeunes du Tahiti Code Camp démontrent leur talent


L'équipe Next Stage a présenté sa version de l'application "Ma'a App" devant un jury présidé par la ministre du Numérique
PAPEETE, le 28 juin 2018 - Après deux mois de formation intense, les 20 participants au Tahiti Code Camp ont réalisé un grand défi final de 48 heures non-stop. Ils devaient créer une application mobile pour un vrai client, un traiteur polynésien, et ils ont accompli leur mission haut la main.

Nous vous présentions le Tahiti Code Camp il y a deux mois lors du lancement de cette formation. Le concept : trouver des jeunes hyper motivés par l'informatique et leur faire subir un entrainement intensif pendant deux mois.

Pour couronner cette formation, ils ont dû participer à un "Hackathon" de 48 heures. Une entreprise locale leur a présenté son besoin (un traiteur qui souhaite que ses clients professionnels puissent commander leurs déjeuners directement sur une application mobile), et les "campeurs" ont travaillé deux jours complets pour imaginer une solution. Après deux nuits blanches, les quatre équipes ont présenté leurs projets d'application mobile ce jeudi matin devant un jury, présidé par la ministre du Numérique Tea Frogier, dont le ministère a financé la formation.

Tous ont respecté le cahier des charges et ont rendu une application fonctionnelle. Le manque de temps a été géré différemment par les différentes équipes, entre certaines qui ont sont allé au bout de la programmation de toute l'application mais ont négligé le design, tandis que d'autres ont présenté des applications magnifiques mais ont laissé quelques pages blanches par manque de temps.

Chaque équipe a en tous cas révélé un potentiel impressionnant pour des jeunes qui, pour certains, ne savaient pas programmer il y a deux mois. Aujourd'hui tous manipulent les lignes de code avec une aisance déconcertante, savent créer un design engageant, diriger une équipe... Avec, déjà, chacun sa spécialité. Ils ont donc fait de gros progrès même si, de l'aveu même d'un étudiant fait devant la ministre "nous avons perdu beaucoup de temps à régler des problèmes techniques, à compléter nos connaissances sur des choses que l'on ne savait pas, ou à revoir des choses que l'on avait déjà mais mal compris. Il nous manquait encore un peu de temps pour finir cette application comme on l'imaginait."

Un manque de temps qui n'a pas entamé l'enthousiasme de Tea Frogier, la nouvelle ministre du Numérique, devant les résultats qui lui ont été présentés, comme du reste du jury. Le taux de réussite final s'établit à 94%. C'est l'équipe Le Pape Alar qui a remporté le premier prix : une formation ITIL sur les bonnes pratiques informatiques en entreprise. L'exploit de ces jeunes l'a d'ailleurs convaincue de relancer l'opération pour une nouvelle édition l'année prochaine. À suivre sur la page Facebook du CNAM Polynésie !



Hiomai Pambrun et Jean-Pierre Alvarez (équipe Le Pape Alar)

"Au départ je n'y connaissais rien en informatique, mais maintenant je m'imagine déjà chez moi à faire mes petits programmes"

Que faisiez-vous avant d'intégrer Tahiti Code Camp ?
Jean-Pierre : J'ai une patente de dessinateur –projetteur, je dessine pour des architectes. Toujours passionné par l'informatique, j'ai toujours eu cette soif d'apprendre. J'ai déjà touché au code chez moi, donc cette formation qui dure deux mois m'a permis de pratiquer tout en continuant un peu mes activités à côté... Mais je n'ai pas eu beaucoup de weekend ! J'ai 31 ans.
Hiomai : J'ai 31 ans aussi, et je suis autodidacte dans l'informatique. L'année dernière j'avais tenté l'informatique à l'université, mais je m'étais planté avec les maths. Donc j'avais hésité à retenter une année, mais heureusement cette formation a été ouverte et je l'ai réussie. Avant ça j'étais dans la police nationale... Mais je veux me consacrer à l'informatique. Je suis sans emploi en ce moment.

Qu'est-ce qui vous passionne dans l'informatique ? L'avez-vous retrouvé dans cette formation ?
Jean-Pierre : Au départ je n'y connaissais rien en informatique, mais maintenant je trouve qu'on a vraiment énormément progressé. Je m'imagine déjà chez moi à faire mes petits programmes, tout ce qui me passe par la tête, je peux le réaliser, c'est vraiment passionnant. Et pendant ces deux mois ici on s'est beaucoup amusés, on a réalisé huit projets successifs... Maintenant il faut qu'on teste en milieu professionnel pour nous rendre compte si coder pour de l'argent, c'est aussi fun que de coder pour soi-même. C'est vraiment une passion avant tout !
Hiomai : Moi, étant autodidacte je programmais déjà, mais je perdais beaucoup par rapport à ce que je pouvais utiliser comme langages et comme programmes. Il y a tellement de domaines différents, le logiciel, le web, le mobile... je me perdais à chaque fois et je n'avançais pas. Là d'avoir eu cette formation ça m'a cadré et ça m'a permis de vraiment suivre un seul et même projet à la fois, d'aller vraiment jusqu'à la fin avec les bons outils et la bonne méthode, et ça a vraiment clarifié les choses. Maintenant je veux vraiment me consacrer entièrement à la programmation et j'espère trouver rapidement un travail dans ce domaine.

Quel a été le rythme pendant ces deux mois ?
Hiomai : On va dire qu'entre la formation et le travail à la maison, on a passé environ 70 heures par semaine à travailler. Et des fois il y avait des présentations à faire, et on se couchait à 3h du matin pour se lever le lendemain à 7h... Donc on deux mois on a fait autant de travail qu'en un semestre complet ! Impossible de se détendre le week-end, il a fallu avancer tout le temps et pratiquer, pratiquer, pratiquer !
Jean-Pierre : Donc là on va avoir un peu de vacances bien méritées, en attendant des propositions d'entreprises ou, pour certain, une reprise d'études. Pour moi je pense que je vais déjà pouvoir appliquer ces nouvelles compétences à mon activité précédente !


Tea Frogier, ministre du Numérique

"On réussit à attirer et faire émerger les pépites dans la population "

Votre ministère a financé la formation de ces 20 jeunes. Êtes-vous satisfaite de cet investissement ?
"Je pense c'est toujours de l'argent bien investi quand on s'intéresse à ces jeunes, surtout dans ce schéma qui va au-delà de la formation, jusqu'à l'insertion professionnelle. Donc en ce qui concerne le Tahiti Code Camp, l'objectif est atteint puisque sur la vingtaine de jeunes, il y a déjà trois qui ont une promesse d'embauche alors que la formation n'est même pas terminée, sept vont en poursuite d'étude... Donc ce n'est pas mal."

Vous venez de voir leurs productions finales, qu'en avez-vous pensé ?
"Ils m'ont impressionné. Je m'attendais à ça un petit peu, mais eux-mêmes sont allés très loin au niveau technique, ils ont dû puiser dans toutes les compétences qu'ils viennent d'acquérir, puisqu'ils n'ont eu que deux mois de formation en codage. Donc je trouve que ce n'est pas mal du tout, c'est prometteur pour ces jeunes, on voit que la formule fonctionne."

Est-ce que ce succès va conduire le ministère à financer d'autres Tahiti Code Camp ?
"Je pense que vu les résultats, et surtout que l'on réussit à attirer et faire émerger des pépites que l'on va chercher dans la population, c'est très intéressant, d'autant qu'il y a un besoin au niveau des entreprises qui a été largement exprimé. Donc nous voulons continuer de soutenir les initiatives de formation de codeurs en Polynésie."

Rédigé par Jacques Franc de Ferrière le Jeudi 28 Juin 2018 à 16:47 | Lu 23394 fois