Les industriels de l'éolien dénoncent les lenteurs françaises


DIJON, 18 octobre 2011 (AFP) - Deuxième gisement éolien d'Europe avec ses plaines, ses collines et ses côtes ventées, la France reste empêtrée dans des réglementations tatillonnes et des recours abusifs contre les éoliennes, ont dénoncé les industriels du secteur, réunis mardi en colloque à Dijon.

"On ne tiendra pas le rythme du Grenelle", du fait notamment d'un "empilement des procédures" et de la multiplication des recours qui l'accompagne, a prévenu Jean-Louis Bal, président du Syndicat des énergies renouvelables (SER).

"Entre le moment où on identifie un site et où on peut faire tourner les éoliennes, il se passe en moyenne 8 ans, soit deux fois plus que la moyenne européenne", a-t-il souligné.

Aujourd'hui, l'éolien fournit à l'Allemagne plus de 10% de son énergie, plus de 20% au Danemark, et seulement un peu plus de 2% à la France.

Et pourtant, note Jean-Marc Armitano, PDG de la firme Eole-Res, "à la différence de l'Allemagne, la France bénéficie de régimes de vents décorellés, qui ne baissent pas en même temps partout". L'énergie éolienne est intermittente mais, selon lui, "la variation de sa courbe de production est inférieure aux variations des courbes de consommation".

Partie très en retard, la France n'a pas de fabricants d'éoliennes. "Il faudrait réunir toute la filière, on a la compétence", remarque Jean-Philippe Roudil, délégué général du SER, qui voudrait "redonner aux gens le goût des métiers de l'industrie".

En Bourgogne, où l'éolien est encore peu développé, on met les bouchées doubles avec un fort appui des élus locaux, sensibles notamment aux créations d'emplois.

Depuis 2009, le parc de Saint-Seine-l'Abbaye et ses 25 éoliennes, d'une puissance totale de 50 mégawatts (MW), alimentent plus de 48.000 personnes en électricité. Les écoliers du coin les ont baptisées "Girolienne", "Eolouette" ou "Eolyre". Par petit vent, elles sont silencieuses. Selon le président de région PS François Patriat, les chevreuils viennent se reposer au pied.

De plus en plus haut

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Non loin de là, EDPR, une société portugaise, met en place deux parcs de six éoliennes d'une puissance d'1,8 MW chacune. Une grue monte des pales de 49 m, des pales de plus en plus grandes et hautes, pour attraper des vents plus forts et produire plus d'électricité. Elles devraient répondre bientôt aux besoins de 22.000 personnes.

Des sous-traitants, comme le chaudronnier Céole, se faufilent sur le marché. Il fabrique 90 mâts d'acier par an, transportés localement par tronçons de 30 m de long. Il en faut 3 ou 4 pour faire un mât.

La région -où l'on a longtemps misé sur le bois- ne dispose aujourd'hui que d'une capacité de 74 MW. Mais loin des habitations, sur des plateaux, ces parcs ont reçu un accueil très favorable chez les élus, à tous les niveaux.

"On n'est qu'à une quarantaine de mâts, il nous en faudrait 4 à 600, on y arrivera", affirme François Patriat, qui regrette les lenteurs administratives, avec "un temps de gestation de 10 ans, plus que les éléphants".

Certains craignent un "essoufflement" de la filière, moins favorisée que le photovoltaïque, mais pour le moment elle explose. 50 emplois seront proposés mercredi lors d'un "job dating" à Dijon. Vestas par exemple, leader mondial danois, double sa taille en trois ans.

"Beaucoup de barrières se sont élevées, on a pris beaucoup de coups, mais je reste optimiste, c'est irréversible", dit M. Armitano.

Jean-Louis Bal rappelle, citant un sondage, que 70% des Français acceptent des éoliennes à moins de 10 km de chez eux et que "l'acceptabilité est encore plus grande une fois qu'elles ont déjà été installées".

Le gouvernement justifie les procédures par la nécessité d'éviter le mitage du territoire et de prévenir les atteintes aux paysages, au patrimoine et à la qualité de vie des riverains.

chc/pjl

Rédigé par Par Christine COURCOL le Lundi 17 Octobre 2011 à 22:45 | Lu 392 fois