Les îles Marquises au festival de l'imaginaire à Paris


Spectacles, concerts, performances, rituels, rencontres, master classes, résidences d’artistes, expositions...

Créé en 1997 à l’initiative de la Maison des Cultures du Monde, le Festival de l’Imaginaire est une scène ouverte aux peuples et civilisations du monde contemporain qui, chaque printemps, fédère plusieurs institutions parisiennes, régionales et européennes autour de l’envie de partager avec le public l’étonnante richesse des fêtes, jeux, rituels et spectacles dans lesquels l’homme se met en représentation.

Chaque année, de nombreux lieux, à Paris et en régions, accueillent les spectacles, concerts, performances et rituels du festival : Amphithéâtre de l’Opéra Bastille, Auditorium du Louvre, Musée Guimet, Institut du Monde Arabe, Musée du Quai Branly, Théâtre Equestre Zingaro, Point Éphémère, le 104 ...

Ne se limitant pas à un panorama des formes dites "traditionnelles", le Festival de l’Imaginaire s’intéresse aussi aux formes contemporaines dès lors qu’elles s’enracinent dans l’imaginaire d’un peuple et d’une société et ne sont pas calquées sur les modèles occidentaux.

Savants ou populaires, contemporains ou traditionnels, minimalistes ou sophistiqués, les spectacles et expositions du Festival de l’Imaginaire sont pour la plupart inédits en France ; d’autres cependant reviennent, après plusieurs années d’absence, que ce soit pour satisfaire le désir de découverte des nouvelles générations de spectateurs ou pour faire découvrir de nouveaux talents. Ainsi, tout au long du festival, se côtoient de grands maîtres de la tradition et de jeunes artistes soucieux d’enrichir et de renouveler un art souvent séculaire.

Le Festival de l’Imaginaire est aussi un espace de réflexion. Colloques, tables rondes et conférences-démonstration, sur des thèmes culturels ou des faits de société, sont autant d’événements qui proposent de nouveaux repères et permettent d’élargir notre vision du monde.



Arwad Esber, directrice du Festival de l’Imaginaire
En 2006, Cherif Khaznadar confie la direction artistique du Festival de l’Imaginaire à Arwad Esber ; en 2007, il la nomme directrice de la Maison des Cultures du Monde. Un pied dans la culture occidentale, l’autre dans la culture de l’Orient, elle est particulièrement sensible aux questions liées au droit à la différence et à la diversité culturelle. Tout en maintenant le cap originel du Festival, elle lui apporte une impulsion nouvelle par le biais d’actions spécifiques :

Axer ses recherches sur les formes les moins connues du patrimoine culturel immatériel et en promouvoir la transmission aux jeunes générations ;

Apporter une attention accrue aux régions qui, au fil des ans, ont vu leur territoire s’enrichir en termes de diversité des populations et des cultures et en présenter la "résultante artistique".

Rechercher de jeunes artistes qui, au travers de leurs créations, sont capables de réinventer les traditions dont ils sont issus à la lumière de leurs propres acquis culturels, leurs choix, leur sensibilité.

Développer les activités éducatives et de développement des publics et lancer un programme de Master Class.

CHANTS ET DANSES DE NUKU HIVA ÎLES MARQUISES Avec l’ensemble Te Hina O Motu Haka

Dates et horaires :
Vendredi 10 et samedi 11 juin à 20h
Dimanche 12 juin à 17h
musée du quai Branly
En tournée :
Le Théâtre - Centre Culturel
Jacques Duhamel de Vitré le mercredi 15 juin

Avec
Jacques Poea Haiti, danseur et chorégraphe
Jacky Kimitete, danseur et chorégraphe
Max Peterano, danseur
Yoann Taupotini, danseur
Venance Taupotini, danseur
Roland Teatiu, danseur
Ralph Tetohu, danseur
Olivier Fiu, danseur
Aniata Kimitete, danseuse haka manu
Claire Haiti, danseuse et chanteuse soliste
Davina Kautai, danseuse
Mylène Peterano, danseuse
Guylène Peterano, danseuse et chanteuse soliste
Dinah Deane, danseuse
Alice Gendron, danseuse
Ronald Tihoni, chef musicien
Taivete Tihoni, percussions
Huukena Teiki Huukena, percussions
Colette Tihoni, choriste
et Débora Kimitete
Sous le banian majestueux, s’étend le meae, l’espace sacré où les Marquisiens se réunissaient pour leurs fêtes et leurs cérémonies au rythme des tambours pahu. Au coeur de la célébration, la danse et des légendes qu’hommes et femmes content avec force, douceur, générosité, amour, courage, usant du chant et du geste dans des chorégraphies toujours renouvelées sous les regards attentifs du tuhuka, le maître du savoir, et du tuhuka koika le maître de la fête qui prépare la troupe pour la manifestation.

Îles Marquises, Henua Enana, c’est-à-dire la Terre des Hommes en marquisien. Cet imposant massif volcanique surgi du fond de l’océan il y a quelques milliers d’années ne cesse de hanter les voyageurs dans leur course effrénée vers un horizon jamais atteint et nourrit les fantasmes d’un paradis exotique.

Derrière le rêve, la réalité. Brutalité de l’histoire. Relire Taïpi de Herman Melville, Les Immémoriaux de Segalen et les lettres de Gauguin. Déculturation, acculturation, interdictions en tous genres dont celle de parler la langue maternelle, perte d’identité, de mémoire, population décimée par les maladies, par la tristesse, peuple qui s’est laissé mourir… « parce qu’il ne dansait plus », aurait dit un chef marquisien.

Alors, dans les années 70, quelques jeunes Marquisiens d’exception ont voulu retrouver « une âme » et ont entrepris à travers l’archipel un remarquable travail de collecte auprès des anciens : mémoire des légendes, gestes, rythmes. Et danses. La danse renaît, avec elle l’enthousiasme des nouvelles générations qui trouvent là un terrain idéal pour exprimer leur fierté d’être. Deux noms s’imposent ici, celui de Lucien Kimitete, ancien maire de Nuku Hiva et figure emblématique du réveil marquisien, disparu entre ciel et mer en 2002, et Georges Teikiehuupoko, président de l’Académie Marquisienne qui oeuvre sans relâche, avec beaucoup d’autres, pour réunir et rassembler tout le patrimoine oral.

Les danses marquisiennes se prêtent volontiers à ce renouveau car, au-delà du cadre fixé par la tradition qui décrète que telle danse est statique, comme par exemple le Ruu que les femmes dansent à genoux dans le but de calmer les esprits, ou telle autre réservée aux hommes comme le Putu qui accompagne les chants de bienvenue, elles laissent place libre à l’invention. Selon le thème choisi, la légende racontée, des gestes, des figures chorégraphiques nouvelles surgissent. Elles incarnent des idées, produisent des images et c’est à ce pouvoir d’évocation qu’est jugé le talent des danseurs. L’ordre chronologique des danses, lui, est immuable. Pourtant, les nouvelles générations n’hésitent pas à le bousculer. De la même manière, elles mettent l’accent sur le Haka Toua, impressionnante danse des guerriers que les jeunes gens dansent avec une jubilation quasi jouissive, encouragés par les cris enthousiastes des danseuses alors cantonnées au rôle de spectatrices. Malgré un fond culturel commun, cette danse ne doit pas être confondue avec le Hakka des Maoris de Nouvelle Zélande.

Parmi les danses les plus remarquables, la danse de l’oiseau, Haka Manu, toute en grâce et en douceur, implique une danseuse soliste. Le Maha’u, ou danse du cochon est réservée aux hommes. Elle fut interdite par les missionnaires à cause de ses connotations érotiques et du râle particulier émis par les danseurs. On dit que quand la danse du cochon est bien dansée, les chiens doivent hurler…

Sur chaque île de l’archipel, une ou plusieurs associations regroupent jeunes et moins jeunes qui se retrouvent régulièrement pour danser, se préparer à différents festivals, mais aussi pour créer, ensemble, de nouvelles figures. Te Hina O Motu Haka de Nuku Hiva, est l’invitée de cette 15e édition du Festival de l’Imaginaire où elle présentera une légende, celle de la création des îles Marquises. Une création à découvrir.

Arwad Esber

ESTIVAL DE LA POLYNÉSIE FRANÇAISE
DU 19 MAI AU 8 JUIN 2011 AU COEUR DE PARIS
Expositions, littérature, art contemporain, contes et légendes, artisanat, projection de films, chants et danses traditionnels, ateliers, conférences... Retrouvez toute la Polynésie française à travers l’histoire de son peuple, sa biodiversité, son patrimoine culturel et sportif, ses traditions. À noter : un marché polynésien sur l’esplanade du Louvre qui ravira les plus gourmands d’entre vous et une présentation des espèces endémiques sous l’angle du développement durable réalisée sur la pointe de l’Île de la Cité (square du Vert Galant).
www.polynesie-paris.com

Rédigé par festivaldelimaginaire.com le Samedi 14 Mai 2011 à 07:24 | Lu 1538 fois